La littérature sous caféine


lundi 10 mai 2010

Ce qu'on lit de soi chez les autres (Fabrice Humbert, L'Origine de la Violence)



Ce n’est pas tous les jours qu’on se reconnaît dans un chapitre entier de roman, phrase après phrase, avec le sentiment non seulement d’avoir pu écrire tout ce qu’on lit, mais même d’en avoir eu le projet.

Le roman de Fabrice Humbert, L’origine de la violence (Editions du Passage), très remarqué par la critique et le public en 2009, fait partie de ces textes qui m’ont fortement marqué les semaines dernières. Outre l’intrigue rondement menée (le narrateur croît identifier son père sur une photo prise dans un camp de concentration nazie, et découvre progressivement un pan caché de l’histoire de sa famille) et des pages magnifiques sur les tragédies collectives ou individuelles (certains chapitres ont la vivacité, la splendeur cruelle de Maupassant), c’est le personnage du narrateur qui m’a bouleversé.

Jamais je ne m’étais senti si proche d’un auteur, à la fois dans cette part de lui-même qu’il laisse transparaître (pour autant que l’on croit percer à jour certaines données biographiques dans le déploiement de la fiction) et dans l’approche du travail littéraire qu’il propose.

Le premier chapitre de la deuxième partie, notamment, m’a saisi :

« La violence ne m’a jamais quitté.
Je suis l’homme le plus gentil du monde. Avec mes élèves de sixième et de cinquième, au lycée franco-allemand, je suis l’homme le plus doux qui soit. En plusieurs années d’enseignement, je crois ne m’être jamais mis en colère. Ils me font rire et je les trouve incroyablement touchants et drôles, si merveilleusement enfantins, juste avant le grand départ de l’adolescence qui va les perturber pour des années. Dans la vie courante, je suis calme, presque lymphatique, marchant lentement dans la rue, le nez en l’air, comme un benêt
.

Mais l’envers du décor, c’est l’autre homme. Celui qu’un mot agresse, qu’une élévation de la voix inquiète, met sur ses gardes, comme un animal. Celui qu’un geste trop brusque du bras alerte. Celui qui se réveille le matin plein d’angoisse et qui doit organiser ses pensées pour faire le bilan de sa vie et déclarer : « Il n’y a aucun motif d’inquiétude, calme-toi. » » (L’Origine de la violence, Livre de Poche 2010, page 169)

Je ne cite que ce passage, mais j'aurais pu reproduire le chapitre entier. Bien sûr, je ne pourrais reprendre à mon compte chaque détail (je suis à la fois plus colérique dans la vie quotidienne, et moins hanté par la question de la violence). Mais ce partage que le narrateur opère entre deux pans de sa personne, celui de la douceur et celui de l’obsession de la brutalité, ce partage-là je pourrais le revendiquer. J’en ai fait l’objet de certains écrits (non publiés), et Suicide Girls abordera d’ailleurs ce thème.

Le plus troublant est dans ce qui suit :

« J’ai tenté autrefois d’écrire un livre sur l’assassinat d’une jeune fille, dans une cité de banlieue. Comme on le voit, je suis spécialisé dans les histoires riantes. Pour diverses raisons, ce livre fut un échec et je l’abandonnai. Mais je me souviens très bien de l’obsession qu’était devenue pour moi, ainsi que pour le personnage principal, cette jeune victime, comme si nos vies se jouaient dans l’exhumation romanesque de ce corps adolescent, alors même qu’il s’agissait d’une parfaite invention, que je n’avais même pas pris pour appui un fait divers. Mais mon esprit – et plus encore celui du personnage que j’avais créé – ne vivait plus que pour ce fantôme, ce tissu de songes au corps détruit. » (Page 170)

Ce roman qu’il n’a pas écrit, je l’ai écrit ! C’est Azima la Rouge… Le meurtre a été remplacé par le viol, mais il semble que les alchimies créatrices aient suivi des chemins comparables. Nul doute que cette Origine de la violence (beau titre) va m’inciter à pousser plus loin l’exploration de cette piste romanesque, du moins m’encourager à plus de lucidité encore… En attendant d’écrire un jour un grand livre heureux, comme ce devrait être le rêve de tout écrivain !

samedi 28 février 2009

Noisette de prestige / La Seconde Guerre Mondiale est finie...



1) Dans un bistrot de Belleville, une femme entre deux âges, à l'allure modeste, se campe fièrement sur le zinc :
- Je voudrais que vous me serviez quelque chose de prestige !
- Quelque chose de prestige ?
- Oui, quelque chose pour fêter un grand événement !
- Du champagne, par exemple ?
- Euh... Du champagne... Mmm... Servez-moi un café noisette, en fait... Je crois que ça me suffira...

2) Dans une classe de seconde :
- Ecoute, file dans la salle des profs, demande gentiment si quelqu'un peut te faire une photocopie de ce texte... Si vraiment il n'y a personne, va chercher un pion...
- Un pion ? Vous dites un pion ?
- Euh, oui... Un pion... Un surveillant, si tu préfères !
- Ouah Monsieur ! Il dit encore pion le prof ! Trop fort ! Eh, Monsieur, on n'est plus au dix-neuvième siècle ! On dit plus pion !
- Ouh là là ! Vous vivez à quelle époque ! Ouah vous avez quel âge !
- Eh, Monsieur, elle est finie la Deuxième Guerre Mondiale ! On est en 2009 Monsieur !
- Bon, ok, ça va... Je croyais qu'on le disait encore...

Quelques minutes plus tard, l'élève parti faire une photocopie revient en classe:

- Ouah, Monsieur, j'ai dit aux surveillants que vous les appeliez des pions... Ils ont pas apprécié, Monsieur !

3) Dans une classe de seconde:
- Bon, je t'ai suffisamment prévenue... Tu me feras la punition pour demain.
- Oh non, c'est pas possible, Monsieur, c'est vraiment pas possible pour demain !
- Qu'est-ce qu'il y a de si grave ?
- Bah c'est pas possible, Monsieur ! Je regarde la télé, moi, le mercredi après-midi !

vendredi 20 février 2009

Non au Temps ! (Barthes et le refus de guérir)



Plusieurs fois, j'ai trouvé très pénible qu'une fille puisse me dire : "Ne t'inquiète pas, tu vas oublier... C'est vrai qu'on s'est aimé très fort, tous les deux... Mais ça passe... Tu verras... Laisse faire le temps... Tu m'oublieras, comme le reste..." (Sous-entendu : moi je t'ai déjà un peu oublié...)

Je trouvais ça révoltant... Et d'une tristesse ! Quoi, déjà si peu de romantisme après des semaines de sentimentalisme ? La même fille pouvait me dire, à quelques jours d'intervalle : "Je t'aimerai toute ma vie... Tu es celui que j'ai le plus aimé...", puis : "Je vais disparaître de ton esprit, tu vas disparaître du mien et ce sera très bien." Forcément, je ne pouvais être qu'en colère contre le personnage d'amoureuse folle qu'elle avait monté de toutes pièces.

A moins qu'on puisse concevoir des phases de sincérité successives et contradictoires... "Je t'aime absolument le jour J", puis : "Je t'oublie absolument le jour J + 1." Je le comprends, mais j'ai du mal à m'y faire. Quoi que, les années passant, effectivement... Mais alors il faudrait faire l'effort de ne plus utiliser de mots trop romantiques !

Je suis heureux de voir que Barthes éprouvait le même mouvement de répulsion contre cette sorte de fatalisme temporel. C'est avec un plaisir gourmand que je dévore ainsi les pages pourtant pathétiques de son Journal de Deuil (Seuil-Imec, en librairie depuis le 5/02/09), le journal qu'il a tenu depuis la mort de sa mère en 1977. On y découvre le constat pur et simple de la souffrance, et le refus d'en être consolé... C'est magnifique, comme à peu près toujours chez Barthes, avec ce miracle constant de l'intelligence lumineuse...

"20 mars

On dit (me dit Mme Panzera) : le Temps apaise le deuil - Non, le Temps ne fait rien passer ; il fait passer seulement l'émotivité du deuil."

"12 mai

J'oscille - dans l'obscurité - entre la constatation (mais précisément : juste ?) que je ne suis malheureux que par moments, par à-coups, d'une façon sporadique, même si ces spasmes sont rapprochés - et la conviction qu'au fond, en fait, je suis sans cesse, tout le temps, malheureux depuis la mort de mam
."

dimanche 1 février 2009

Sushis surréalistes



(Vidéo : Nas is like, le meilleur titre de toute la carrière de NAS, rappeur new-yorkais...)

1) Un élève de seconde : "Ouah Monsieur, on a vu vos vidéos sur dailymotion... Franchement, trop cool... On vous a vus, là, avec le verre de bière... Franchement, un prof de français avec un verre de bière, trop cool...

- Et sinon, vous avez retenu quoi de la vidéo ?

- Trop cool la bière franchement, trop cool..."

2) En classe de première, pendant l'étude de quelques poèmes surréalistes :

- C'est un des Surréalistes, Aragon, qui a un jour écrit cette phrases célèbre : "La Femme est l'avenir de l'Homme..." Vous la comprenez, cette phrase ? Qu'est-ce que vous en pensez ?

- La Femme, avenir de l'Homme... Euh... Oui, ça se voit que c'est une phrase surréaliste... La femme avenir de l'homme... Oui, c'est ça, complètement surréaliste...

3) Dans un restaurant japonais du 20ème, un homme avec son petit garçon :

- Papa, il parle chinois le monsieur ?
- Non, c'est un Japonais... On est dans un restaurant japonais...
- Oui, mais il parle chinois ?
- Non, je te dis qu'on est dans un restaurant japonais... Les sushis, c'est japonais, les rouleaux de printemps, c'est chinois... (sic) Là ce sont des sushis que tu as devant toi...
- D'accord papa, mais il parle chinois le monsieur ?
- Bordel, je te dis qu'il est JAPONAIS ! Les Japonais, c'est pas pareil que les Chinois ! Il parle japonais le monsieur ! S'il vend des sushis c'est qu'il parle japonais !
- Il parle chinois alors ou pas ?
- Bon, maintenant tu manges tes sushis et tu te tais...

mardi 27 janvier 2009

Les pédophiles et le maquillage à l'avocat




(Court moment d'anthologie dans ce débat entre Zemmour et Wolton sur France O : observez bien les tics d'agacement du présentateur, Jean-Marc Bramy, qui montent en puissance à partir de 5'30" pour exploser vers la 6eme minute dans un coup de gueule très peu crédible ! J'ai vraiment cru me reconnaître lorsque je perds patience face à une classe... Je dois faire le même effet de colère pas du tout impressionnante)

Dans mes classes de seconde au lycée de La Courneuve (93) :

1) - Nous venons de voir quelques-uns des types que l'on retrouve souvent dans le théâtre classique... Le jeune premier... L'amoureuse... Le valet... La confidente... Comment appelle-t-on d'ailleurs le vieux monsieur qui veut épouser la jeune femme ?

Toute la classe, enthousiaste et d'une seule voix :

- Le pédophile !
- J'aurais préféré le barbon, mais bon...

2) - Monsieur, vous êtes trop gentil...
- Ah oui ? Pourquoi tu dis ça ?
- Vous laissez passer trop de trucs... Les retards, les bavardages, tout ça...
- C'est vrai, tu as raison... J'avais d'ailleurs l'intention de resserrer la vis... Je vais sanctionner beaucoup plus sévèrement le bavardage, maintenant...

Une élève habituellemet bavarde, à quelques rangs de là, me fait signe discrètement et murmure, penaude :

- Oh non, s'il vous plaît, Monsieur, restez gentil...

3) Des voisin de table dans un Starbuck's du Marais :

- Putain, mais qu'est-ce que tu te mets, là ?
- Rien...
- Putain mais c'est vert ton truc !
- Je te dis que c'est rien !
- C'est du maquillage, non ?
- C'est rien, putain, merde !
- Putain, tu te mets du maquillage à l'avocat, c'est ça ?
- Putain mais t'es vraiment trop con, toi, tu le sais ça ? T'es vraiment trop con putain...
- Putain, du maquillage à l'avocat...

mardi 30 décembre 2008

Dé-bloguer



Il est temps je crois d'arrêter là ce blog - du moins de changer le rythme des billets : depuis plus de deux ans maintenant, je m'efforce de présenter deux ou trois billets par semaine, un oeil rivé sur les statistiques, et j'aimerais ne plus me soucier de délais. Je vais me contenter désormais de billets plus rares, seulement quand le désir m'en viendra, l'envie d'écrire sur un sujet précis.

J'ai envie de réfléchir, aussi, à un autre blog, anonyme celui-ci, pour me livrer à des expériences plus radicales (d'un point de vue artistique). Je vais me laisser quelques semaines pour aboutir à la forme qui conviendrait à mes envies de tâtonnement, dans un domaine qu'on pourrait définir comme "l'association poésie-photo".

Rapide bilan des deux années passées derrière cet écran : un début maladroit, à la fois trop théorique et parfois véhément (lié notamment au fait que je débutais en collège dans le 94, et que l'expérience m'a heurté). Cela m'a valu quelques solides inimitiés - fruit de malentendus, à mon humble avis : cela ne m'empêche pas de le regretter...

Puis une vitesse de croisière, qui s'est mise en place après la première année, et qui a atteint sa (modeste) apogée dans la première moitié de 2008, avec 250 visiteurs uniques quotidiens. J'ai beaucoup aimé pratiquer ce mélange de chroniques littéraires et de discrets billets d'humeur, ponctués de perles de mes cours de français. Je remercie au passage les quelques internautes qui auront régulièrement enrichi le site de leurs commentaires.

Il me reste à vous souhaiter une excellente année 2009, saturée d'expériences littéraires de toutes sortes !

(En vidéo, la bande-annonce du meilleur film de 2008 à mon goût, parmi les 70 environ que je suis allé voir : No Country For Old Men, des Frères Coen)

lundi 15 décembre 2008

L'art de la décharge explosive et continue (Prince / Easton Ellis)





J'aime établir des équivalences entre musique et littérature : y a-t-il par exemple un écrivain qui parvienne à donner sur papier la même sensation de folie millimétrée que Prince sur scène ? Ce qui est incroyable avec ce type (du moins dans la première partie de sa carrière...), c'est l'explosion d'énergie, de radicale démesure, dans chacune des minutes qu'il passe en concert... Les corps se contorsionnent, les mélodies fusent, les saxos gueulent, les cris ponctuent les solos de guitare, les danseuses se démênent dans ce qui ressemble fort à des bacchanales, des carnavals furieux où tous les codes sociaux volent en éclat...

C'est assez frappant dans la vidéo ci-dessus : la version live du tube Housequake, issu de son chef-d'oeuvre Sign'O The Times.

Faut-il chercher l'équivalent en littérature dans la catégorie des auteurs délirants, comme Palahniuk que nous avons récemment évoqué ? Je pense en fait plutôt à Bret Easton Ellis, quand il écrit des nouvelles... J'ai relu cet été son recueil Zombies (10/18), que j'avais pris sous le bras pour mon petit tour en Californie (toutes ces nouvelles se passent à Los Angeles), et j'ai été frappé par la force constante qui se dégage de chacune de ses pages, beaucoup plus que dans les oeuvres longues d'Easton Ellis d'ailleurs, comme le fameux American Psycho.

Tous les personnages de Zombies se droguent, se tuent, baisent, tombent en dépression, s'achètent des fringues, changent de bagnole, changent de pays, trimbalent partout leur mal-être. Easton Ellis en fait-il trop dans la déglingue ? Ce n'est pas trop grave : disons qu'il fait dans la métaphore... Je n'ai à peu près jamais connu d'autre auteur procurant cette sensation d'absolue vie, de recherche quasi-constante de ce que la vie peut offrir de plus excitant et de plus glacial à la fois...

"Bruce m'explique que tout est allé de travers depuis que Robert a quitté l'appartement qu'ils partageaient à l'intersection de la 56e Rue et de Park Avenue, pour aller descendre le Colorado en raft avec son beau-père, laissant son amie Lauren, qui vit aussi dans l'appart, en tête à tête avec Bruce mais je sais bien par quel genre de fille est séduit par Robert, des filles superbes et capables de faire semblant d'ignorer que Robert, à vingt-deux ans, pèse à peu près trois cents millions de dollars ; je m'imagine cette fille, Lauren, allongée sur le futon de Robert, la tête renversée en arrière, et Bruce, les yeux obstinément fermés, qui s'agite doucement au-dessus d'elle." (Extrait de Zombies, p 10, 10/18)

samedi 13 décembre 2008

Le pays le plus ridicule du monde / Méfiez-vous des expressions



1) Deux jeunes filles dans un café du quartier des Halles :

"Ouah faut que je te raconte putain, tu sais là l'autre le mec qui me faisait kiffer, enfin mais pas trop quand même, mais bon, ça pouvait aller tu vois, alors le mec il me chauffe à fond tu vois, depuis des jours qu'il me chauffait le mec, et surtout l'autre soir putain, comment il me chauffait trop et ça me foutait l'affiche mais bon tu vois moi je profitais tu vois, alors je le laissais me chauffer...

"Mais bon putain tu sais ce qu'il me dit le mec ? Il me dit "faut que je te dise un truc", et là tu vois ce qu'il me dit c'est qu'il a une copine... Putain le mec ! Je le crois pas ! Il voulait que je sois sa sex friend tu vois putain ! Mais attends ! Attends ! Attends ! Le pire c'est pas ça tu vois, putain ! Le pire c'est qu'il me dit que sa copine tu vois elle est au Kazakhstan ! Tu le crois ça putain ? Le Kazakhstan !! Le pays le plus ridicule du monde ! Putain ! Et elle est là-bas, et elle l'attend, et lui il veut que je sois sa sex friend ! Putain ! Le Kazakhstan...

"Alors moi tu vois c'est pas possible... De toutes façons il me faisait que kiffer moyen... Tu vois, ça pouvait être possible mais en fait non... Alors j'en ai profité tu vois, quand tu peux maîtriser le truc une fois de temps en temps t'en profite, c'est pas tous les jours ! Alors je l'ai fait saliver le mec tu vois ! Putain comment il était chaud ! Il en pouvait plus le mec ! L'autre soir il était à bloc ! Trois semaines que ça dure ! Mais moi je profite... Je lui ai dit plein de fois que peut-être un jour, mais pas maintenant... Et l'autre soir j'ai fini par lui dire que c'était pas possible... Il était vert putain ! Le délire ! Il me kiffait trop mais moi c'est pas possible putain... Le Kazakhstan..."

2) Une élève de seconde en fin de cours : "Ouah Monsieur, pourquoi vous avez fait prof de français ? C'est trop zarbe le français, franchement ! Non mais vous trouvez pas ? Les figures de style, tout ça... Trop zarbe, vraiment, trop zarbe... Vous en avez pas marre de faire des trucs zarbes comme ça ?"

3) Discussion en salle des profs : "Il y a des expressions, je me demande vraiment d'où elles viennent... Par exemple, "avoir le cul bordé de nouilles..." Je serais curieux de savoir quelle est son origine ! Je m'attends à quelque chose de vraiment graveleux !
- Attends, je cherche sur le net !
-Oh mon Dieu, je m'attends au pire !
- Eh bien, tu avais raison... Ils expliquent, là, que le "cul", c'est souvent un synonyme de "chance", de "bol" (d'où l'association avec les nouilles). Mais surtout, l'expression viendrait de certaines moeurs en prison... Si l'on en croit certaines hypothèses, certains prisonniers se laisseraient plus facilement que d'autres prendre sous les douches, offrant leur corps en quelque sorte pour obtenir certains avantages en nature... Ils finiraient de cette façon par avoir un certain pouvoir, dans la prison, une certaine influence, interprétés comme une certaine chance... Et comme les hommes qui se laissent un peu aller à ce niveau-là développent assez facilement des hémorroïdes, je ne vais pas vous faire un dessin...
- Oh mon Dieu ! Je m'en doutais, je m'en doutais..."

(Clip de la semaine : Réussite parfaite de l'album de Gainsbourg, Histoire de Mélodie Nelson (1971), langoureux funk psamoldié qui n'a pas pris une ride, jazz rock soyeux, le genre d'album qui fait regretter que Gainsbourg n'ait pas travaillé un tout petit peu plus sérieusement, et ne se soit pas si souvent contenté de ballades brillantes et légères...)