La littérature sous caféine


jeudi 12 décembre 2013

"Eric Zemmour a encore franchi le mur du çon" (article de Philippe Corcuff sur Rue89)

Un article de Philippe Corcuff, sur Rue89, qui attaque zemmour et tacle le livre au passage, mais pas pour les mêmes raisons. Zemmour taclait le livre également, mais pas pour les mêmes raisons non plus... Vous me suivez ?

"La dernière chronique d’Eric Zemmour dans Le Figaro du 5 décembre, « Petits Blancs et bonnes consciences », a dépassé de nouveau le mur du çon.

Le niveau d’insanitude du gourou médiatique des temps qui puent, dans une double diabolisation dont il a le secret (des « femmes » en général et de « l’immigration arabo-africaine » en général), a été encore une fois explosé.

Dans cette chronique, Zemmour commente le récent livre de l’écrivain et enseignant Aymeric Patricot, « Les petits Blancs. Un voyage dans la France d’en bas » (éd. Plein Jour, octobre 2013). Il écrit ainsi :

« Patricot laisse parler ses interlocuteurs qui lui confient leurs malheurs, leur sentiment de déchéance, leur haine des autres et de soi ; jusqu’à la misère sexuelle des jeunes prolétaires blancs qui, éduqués dans l’univers du féminisme occidental, ne peuvent rivaliser avec la virilité ostentatoire de leurs concurrents noirs ou arabes, qui séduisent nombre de jeunes femmes blanches, blondes de préférence, comme le prouve le succès du site Blanchablacks.com, que Patricot interprète comme la revanche symbolique de la colonisation, sans voir qu’il exprime aussi l’antique attrait des femmes pour le mâle dominant, le vainqueur, à l’instar de ces Françaises qui couchèrent pendant la Seconde Guerre mondiale avec des soldats allemands puis américains. »

Zemmour, qui a été condamné le 18 février 2011 par la XVIIe chambre du tribunal correctionnel de Paris pour provocation à la discrimination raciale suite à une plainte de la Licra, emboîte ses habituels stéréotypes xénophobes et sexistes.

Sachant tout de la prétendue « nature féminine » à travers les âges, il nous explique en un claquement d’idées choc le lien nécessaire entre leur supposée attirance pour les soldats allemands et américains hier et pour les Noirs aujourd’hui.

Aucun ethnologue, historien ou sociologue n’y reconnaîtra la complexité de faits changeants au cours des siècles et des civilisations ? Que diable ! Zemmour lutte justement contre « les œillères idéologiques et la légèreté médiatique » des « pseudo-savants » s’efforçant de « nier la réalité »… au moyen d’œillères idéologiques et de légèreté médiatique à la manière d’un pseudo-savant prenant ses fantasmes pour la réalité.

Dans le passage cité, Zemmour fait d’ailleurs endosser à Patricot ses propres obsessions. Certes, ce dernier ne convainc pas, dans ce qui se présente comme un essai impressionniste et non une enquête rigoureuse de sciences sociales, de la pertinence explicative de la notion de « petit Blanc », à cause de l’amalgame d’expériences disparates opéré dans une catégorie générale à partir d’un nombre de cas fort restreint.

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mardi 10 décembre 2013

"Une réflexion intègre et sincère" (Entretien avec Karine Papillaud pour Lecteurs.com)

A lire sur le site Lecteurs.com (Orange) :

"Un sujet qui dérange : le petit Français blanc qui rame, selon Aymeric Patricot

Le nouveau livre d’Aymeric Patricot n’a pas fini de faire parler. Dans Les Petits Blancs (ed Plein Jour), il dessine le portrait d’une catégorie « socio-ethnique » dont ni les sociologues ni les historiens ne se sont encore sérieusement emparée, « le petit blanc ». Une réflexion sincère et intègre, appuyée sur des témoignages les plus divers possibles. Une manière de se faire une idée nouvelle des transformations sociologiques du pays, en s’armant fermement contre les inévitables récupérations à venir.

Il fallait un profil atypique comme celui d’Aymeric Patricot pour oser un tel sujet et savoir le décrire tout en nuances, sans aucun refrain idéologique. Professeur de lettres, ainsi qu’il le décrit dans Autoportrait du professeur en territoire difficile (Gallimard), romancier subversif parfois (L’Homme qui frappait les femmes (Leo Scheer)), Aymeric Patricot est un ancien HEC, qui, au retour d’une mission à l’ambassade de France au Japon, décide de passer l’agrégation de Lettres. Le reste se lit dans sa bibliographie, peu nombreuse mais sans futilité. Les Petits Blancs sont son dernier texte en date, entre document, récit et essai.

Entretien.

-Vous consacrez un livre à ce que vous appelez « Les Petits Blancs ». Qui rangez-vous dans cette catégorie ?

J'appelle "petits Blancs" des gens qui sont à la fois pauvres et blancs. Mais j'insiste sur le ressenti : il est difficile, voire impossible, de définir des critères objectifs pour ce genre de choses. Je me base sur ce qu'on appelle une définition "constructiviste" de la race, c'est-à-dire qu'elle est avant tout perçue comme une construction sociale. Les "petits Blancs" seront donc des Blancs qui se perçoivent comme tels ou bien que l'on désigne comme tels - que ce soit pour les valoriser ou les stigmatiser.

-Il faut beaucoup de subtilité pour prendre en compte cette population qui n’est pas homogène, y a-t-il un socle commun à ces petits Blancs et quelle part de la population française représentent-t-ils ?

Il me semble que l'émergence d'une conscience "petit Blanc" pourrait être identifiée dans trois groupes, au sein de la société française actuelle : les paysans pauvres, les ouvriers ou anciens ouvriers, les citadins en grande précarité. Trois groupes évidemment très différents, très éloignés parfois. Mais qui partagent néanmoins certains ressentis, certaines difficultés. Par exemple, le sentiment d'une certaine misère qui vous menace ou qui vous rattrape. Ensuite, celui d'avoir une histoire distincte de celle de ce qu'on appelle les "minorités ethniques". Le petit Blanc ne s'oppose pas forcément aux membres des minorités. Souvent, même, il vit dans une précarité comparable et se sent solidaire. Mais, par la force des choses, il ne vivra pas les mêmes expériences. Les regards croisés, les vécus forgeront une expérience particulière. C'est un simple effet mécanique : si l'on admet que les populations d'origine immigrée vivent des parcours singuliers (par exemple dans le sentiment d'être parfois relégué), alors il faut admettre que l'expérience des "non-immigrés" est également distincte.

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lundi 9 décembre 2013

Un petit rouge pour les "Petits Blancs"

Signature du livre "Les Petits Blancs" au café-librairie LA BELLE HORTENSE (31 Vieille du Temple, Paris 4) le mercredi 11 décembre à partir de 20h.

jeudi 5 décembre 2013

"Petits Blancs et bonnes consciences" (Eric Zemmour, Le Figaro)

Article d'Eric Zemmour dans le Figaro du 5/12/2013, à propos des "Petits Blancs" et "De quelle couleur sont les Blancs ?" (La Découverte, novembre 2013) :

"Un voyage dans la France d'en bas des petits Blancs et un voyage dans la France d'en haut des consciences antiracistes. Entre souffrance et arrogance.

Traduire, c'est trahir. Et se trahir. Là où les Américains parlent de White trash, les Français traduisent « petit Blanc ». Là où les Américains assument deux fois, et la race et la déchéance, les Français adoucissent, euphémisent, aseptisent. Là où les Américains décrivent un des effets majeurs de la modernité multi-culturelle, les Français se croient obligés de passer par un terme désuet de la période coloniale. Tout au long de son « voyage dans la France d'en bas », écrit dans un style soigné d'agrégé de lettres et une prudence politiquement correcte de prof, Aymeric Patricot décrit avec empathie mais sans fard la condition désespérée de ces chômeurs, précaires, femmes élevant seules leurs enfants, vivant d'aide sociale et d'ex-pédients, tout cet univers que les œillè-res idéologiques et la légèreté médiatique ont exclusivement accolé aux populations issues de l'immigration arabo-africaine.

Misère financière, misère sociale, misère psychique, misère familiale, misère sanitaire même, Patricot laisse parler ses interlocuteurs qui lui confient leurs malheurs, leur sentiment de déchéance, leur haine des autres et de soi ; jusqu'à la misère sexuelle des jeunes prolétaires blancs qui, éduqués dans l'univers du féminisme occiden-tal, ne peuvent rivaliser avec la virilité ostentatoire de leurs concurrents noirs ou arabes, qui séduisent nombre de jeunes femmes blanches, blondes de préférence, comme le prouve le succès du site blanchablacks.com, que Patricot interprète comme la revanche symbolique de la colonisation, sans voir qu'il exprime aussi l'antique attrait des femmes pour le mâle dominant, le vainqueur, à l'instar de ces Françaises qui couchèrent pendant la Seconde Guerre mondiale avec des soldats allemands puis américains.

Quand on quitte Les Petits Blancs et qu'on ouvre De quelle couleur sont les Blancs ?, on change d'univers. On passe des dominés aux dominants, des ignorants aux sachants ; le ton humble devient arrogant ; certains se vantent de leur statut de « traître » à la France, traître aux « Blancs » ; d'autres veulent poursuivre le combat de la décolonisa-tion cinquante ans après les Indépen-dances. Brusquement, on vire de la réalité à l'idéologie, du témoin au militant.

Qu'ils soient historiens, sociologues, journalistes, tous les intervenants nous expliquent que le blanc n'est pas une couleur, que les races n'existent pas, mais que les racistes sont haïssables, qu'un Blanc, même petit, peut être un opprimé, mais est condamné pour l'éternité à être un dominant, alors qu'il est la grande victime de l'époque, que c'est sur son dos que s'est faite la mondialisation, ses emplois ayant été délocalisés en Inde ou en Chine, qu'il doit supporter la promiscuité de familles d'immigrés vivant comme « là-bas », pour lequelles il n'est plus un modèle à suivre, et qui lui imposent l'incroyable condition d'être minori-taire dans son propre pays ; et qu'il subit de surcroît les leçons de morale des bourgeois antiracistes qui ont seu-lement les moyens de se protéger, eux et leurs enfants, des ravages du multi-culturalisme. La triple peine.

Mais aux yeux de nos brillants esprits, tout cela n'existe pas ; ou plutôt, tout cela existe au niveau individuel (on peut se faire traiter de sale Français et de sale Blanc) mais pas au niveau idéologique et politique, car le Blanc est à tout jamais le colon raciste qui fait suer le burnous à l'Arabe et met des fers à l'es-clave noir. On sim-plifie ? Non, on synthétise. Chacun son style, chacun son discours. Mais ces pseudo-savants s'obstinent à voir dans la colonisation un universalisme blanc, alors que c'était un universalis-me français ; une domination qui préfi-gure la hiérarchie raciale des nazis, alors que c'était un Empire romain, où tous avaient vocation - un jour mais pas à n'importe quel prix - à endosser la toge. Même Charles Maurras a toujours rejeté avec dédain les délires racistes des nazis. Trop catholique, trop romain, trop politique.

Mais ils sont tellement enivrés d'idéologie qu'ils croient tout le monde à leur image ; ils ont tellement l'habitude de « déconstruire » pour nier la réalité, qu'ils prêtent aux autres leurs propres turpitudes. Les lire l'un après l'autre, c'est plonger dans notre malheur. D'aujourd'hui et de demain.

L'obsession de la colonisation - encore un passé qui ne passe pas - a entraîné le refus véhément de l'assimilation, vue comme un insupportable héritage de cette période, et une preuve indélébile du racisme des « Blancs » à l'égard des « basanés », alors qu'elle fut - il faut relire Braudel - le moyen le plus efficace pour favoriser « l'intégration sans douleur » de générations de Belges, Italiens, Espagnols, Polonais, et même de Kabyles ou de Sénégalais. Le rejet de l'assimilation entraîna l'échec de l'intégration - et non l'inverse -, puis la multiplication des discours victimaires et l'émergence des politiques de discrimination positive, c'est-à-dire une préférence accordée uni-quement en raison de ses origines : le retour du principe aristocratique dans la République.

Enfin, le refus de l'assimilation, joint à l'effet de masse de la démographie, provoquait dans de nombreux quartiers l'instauration d'un mode de vie étranger sur le territoire français, forçant les petits Blancs à se soumettre (jusqu'à la conversion à l'islam) ou à se démettre (c'est-à-dire fuir dans le fameux pé-riurbain). En clair, la référence obsessionnelle à la colonisation - de ses injustices, de ses souffrances, et de ses humiliations - a conduit à une contre-colonisation sur le territoire français menée au nom d'un projet « décolonisateur ». Des militants arabes d'extrê-me gauche ont même eu le culot de se qualifier d'« indigènes de la Républi-que », comme si les descendants des colonies nord-africaines de la France étaient à jamais des « indigènes » -c'est-à-dire des victimes - confinant les Français, même sur leur propre sol, celui de leurs ancêtres, dans le rôle éternel de colons - c'est-à-dire des exploiteurs racistes. Rien n'aura été épargné aux petits Blancs
."

mardi 3 décembre 2013

La France est-elle raciste ? Débat au Soir 3

Mon tout premier débat télévisé, au Soir 3, le 28/11/2013, sur le thème "La France est-elle raciste ?" Autres intervenants: Rokhaya Diallo et Toumi Djaïdja.


La France est-elle raciste ? (Patricot, Diallo... par monsieurping2