La littérature sous caféine


On traite vraiment les animaux comme des animaux !



(Le sublime Parc des Moutiers, près de Dieppe, où j'ai passé deux jours)

1) Un homme se fait légèrement bousculer, à la Fnac, par une femme d'un certain âge. Il se retourne et lance à la cantonade : "Achète-toi un char, tu te sentiras mieux !"

2) Un jeune homme parle à un autre, dans la rue : "Tu veux, ces animaux, on les traitait vraiment comme des animaux... C'était honteux ! Enfin, comme des animaux... Tu vois ce que je veux dire... C'était pas humain, quoi... Je te jure, un être humain, on l'aurait pas traité comme ça ! Enfin, êtres humains, animaux... Oh merde, c'est pas facile de trouver les mots, mais tu vois ce que je veux dire !"

3) A Fécamp, le patron d'un restaurant de la plage, chaînette en or et muscles saillants, écoute d'une oreille distraite un ami :
- Je connais un garçon des Antilles qui recherche une place de serveur... Un garçon très bien ! Il a travaillé pour de nombreux hôtels, là-bas... Et puis, ça va t'intéresser : il a deux soeurs... Hin hin hin ! (Rire sardonique)
- Oh, moi, je me retire du marché... Ca y est, je suis amoureux ! D'une jolie blonde... (L'air grave, tandis qu'il essuie des verres). Elles s'appellent comment, les deux soeurs ?

COMMENTAIRES

1. Le dimanche 24 avril 2011 à 22:12, par Ariane

Très joli parc, hymne au printemps !
Ce sont des vacances d'avoir le loisir de prêter l'oreille à des conversations de bar et de restaurant ou d'assister à des scènes de rue... comme un piéton de Paris (ou d'ailleurs)
Un peu de nourriture pour l'écrivain également ?

2. Le mardi 26 avril 2011 à 11:23, par aymeric

Eh bien j'avoue ne m'être jamais inspiré de choses entendues dans un bistrot pour les placer dans un roman ! Sauf un personnne, peut-être, celui du Cloporte dans Azima que j'ai souvent vu traîner dans les cafés havrais et qui me fascinait... Les petites phrases entendues ici ou là n'alimentent que ce blog (et c'est la principe, d'ailleurs, des excellentes brèves de comptoir de jean-marie gourio)

Très romantique, ce parc des moutiers ! (avec ce côté très moderne des plantes venues du monde entier). j'y imagine parfaitement de longues conversations distinguées et passionnées à la fois entre personnages tirés de Musset ou de Jane Austen !

3. Le mercredi 27 avril 2011 à 09:23, par Ariane

Difficile en effet d'utiliser les conversations de bistrots dans un livre aussi excellentes soient-elles.
Une conversation entre une Anglaise à la Jane Austen et un Octave, français débauché et sentimental, ce serait un festival de traits d'esprit et de discussion sur l'amour.... Qui sait si Balzac ne viendrait pas ajouter son grain de sel avec sa physiologie du mariage et de longs développements sur la botanique !

4. Le mercredi 27 avril 2011 à 12:38, par aymeric

en ce moment je lis "les souvenirs d'égotisme" de stendhal et il retranscrit souvent, et brièvement, des conversations de salon... Sacré satiriste ! Au fond, ça n'avait pas l'air de voler tellement plus haut que nos conversations de bistrot... :)

5. Le jeudi 28 avril 2011 à 09:02, par Ariane

Stendhal aimait les salons et y trouvait l'occasion d'exercer son esprit satirique et redoutable. D'après les témoignages de ses contemporains, il paraît que lorsqu'il était en verve, ses propos étaient un feu d'artifice d'esprit, d'autres fois, il restait muet, l'oreille aux aguets !
Un écrivain ne se doit-il pas d'avoir ses sens toujours en éveil ?

6. Le jeudi 28 avril 2011 à 14:25, par aymeric

je ne suis pas sûr que l'écrivain est le moindre devoir vis-à-vis de son art... l'art n'est-il pas l'espace de la liberté pure ? S'il fallait que l'artiste respecte une sorte de charte du bon écrivain, ce serait un comble ! :) Après tout, on pourrait imaginer un écrivain qui se coupe de toute sensualité... Il rendrait compte dans son oeuvre d'une expérience très singulière !

Dans ses Souvenirs d'égotisme, Stendhal dit souvent qu'il passe pour fou, quand il se met à parler en public... Ca rejoint ce que tu dis. C'est amusant, ca me fait penser aux personnages de dostoievski, animés par une sorte de feu sacré... Une sorte de romantisme de l'énergie, de la fougue !

7. Le jeudi 28 avril 2011 à 18:58, par Ariane

Oui, Stendhal ne manque pas de fougue et d'excès, prêt même à aller trop loin ou à se contredire pour aller jusqu'au bout de son personnage. En revanche, il était très timide avec les femmes aimées... Un romantique à sa façon.

En fait, en disant" se doit" je ne songeais pas à l'idée de devoir ou de charte mais plutôt que naturellement l'écrivain a les sens en éveil et qu'il s'en nourrit d'une manière ou d'une autre, qu'il est peut-être plus réceptif que d'autres à tout ce qui se passe autour de lui... cela dit, on ne peut pas faire de généralités et effectivement ma phrase était mal formulée.
Félicitations pour la chronique d'Audrey Pulvar !

8. Le vendredi 29 avril 2011 à 09:41, par aymeric

Il avait l'air de beaucoup souffrir de sa laideur, tout en se félicitant d'avoir séduit quelques femmes de prestige, malgré tout... Il raconte une virée chez de jeunes prostituées, en Angleterre, et tout d'un coup de lâche avec des expressions du genre "infâmes salopes", qui deviennent très drôles dans ce genre de texte !

C'est vrai que le travail de l'écrivain, c'est globalement de "rendre compte" de quelque chose - expérience personnelle ou autre. C'est vraiment une activité de transcription d'une matière dans la matière particulière des mots. Je le vois souvent comme une sorte de sismographe

9. Le vendredi 29 avril 2011 à 12:56, par Ariane

Son oncle paternel lui disait qu'il était laid mais qu'il avait de la physionomie... Certes, Stendhal n'est pas beau mais il avait le charme de l'intelligence il a su séduire des femmes de la haute société. A la fin de sa vie, une jeune femme voulut même l'épouser. Mais la femme qu'il a le plus aimé et pour laquelle il a écrit De l'amour, Métilde, l'a repoussé. Elle le trouvait laid mais aussi peu discret et compromettant. Dans l'ensemble, dès que Stendhal se lançait dans des entreprises de séduction, c'était laborieux... la réalité étant rarement en adéquation avec ses rêves et ses désirs. Il faut le décoder en permanence.
Certaines lettres que lui adressent Mérimée sont par moments très crues, en rapport avec leurs virées dans les maisons closes.

10. Le vendredi 29 avril 2011 à 18:47, par aymeric

Oui, cette crudité tranche avec le reste - et semble, par contraste, très moderne ! Je ne sais pas si beaucoup d'autres se permettaient cette crudité dans leurs journaux à la même époque
Ce qui est drôle avec Stendhal, c'est qu'il ne se décourage pas, reste très enjoué! C'est un journal sautillant, lorsque tant d'autres s'enlisent dans la grisaille...

11. Le vendredi 29 avril 2011 à 20:16, par Ariane

Oui, il est toujours en quête du bonheur. Fabrice del Dongo est son double rêvé. Même si sa vie est parfois décevante, il sait regarder vers l'avant et garder de l'esprit. Mais les écrivains comme lui sont assez rares en fait.
la plupart des journaux de l'époque sont moins crus, en tout cas, pour ceux que j'ai lu. Après, il se peut que certaines pages aient été écrites puis détruites. On a gardé (miraculeusement) un billet érotique de Vigny à sa maîtresse Marie Dorval, mais je suis sûre qu'il lui en écrit d'autres.
Des aspects du romantisme qu'on méconnaît.
Alors, heureuse lecture avec Henri !Tu me donnes envie de le relire.

12. Le dimanche 1 mai 2011 à 21:12, par aymeric

Je n'ose pas encore me lancer dans son considérable journal, tout juste publié en Folio. Tu l'as lu ? Rien que pour l'objet, ça vaut le coup me semble-t-il de le posséder. L'archétype du volume à feuilleter de temps à autre (quoi qu'on finirait pas s'en vouloir de ne pas le prendre depuis le début)

13. Le dimanche 15 mai 2011 à 03:12, par aec aec

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Amitiés.

AEC.

14. Le dimanche 26 mai 2013 à 23:14, par morsay president

en tout cas moi en 2017 je ne me fais plus avoir par l'UMP et le PS je vote Morsay

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