La littérature sous caféine


jeudi 21 février 2013

"Un homme dont on ressent la tristesse et qui, malgré tout, nous émeut"

Un article de Loïc Di Stefano sur le site Salon-litteraire.com :

"[…] la brutalité […] cette amie perverse »

C'est un roman assez dérangeant que celui d'Aymeric Patricot, au point où il estime nécessaire de le faire suivre d'une manière de justification consacrée à "l'Insoutenable", sujet même de son roman. Cette démarche étonne, à moins que l'auteur ne se prenne pour Molière... Le sujet de cet insoutenable ? L'homme qui frappait les femmes raconte la vie d'un homme obsédé par un besoin de violence envers les femmes, la sienne, celles qui passent, celles sur lesquelles il peut taper, d'abord des baffes puis, dans un désir de destruction, des coups de poings...

« Je ne voyais pas de solution. Sans cette chose qu'était la brutalité, je percevais mon existence comme une forme terriblement vide, et j'étais angoissé chaque fois que j'imaginais ce que j'aurais été sans elle. paradoxalement, c'était cette vacuité qui me déprimait. »

Découvert par hasard quand une jeune fille le frappe au lycée et que, contrairement aux usages, il lui rend sa baffe, cette brutalité devient vite consubstantielle au narrateur. Il organise toute sa vie en fonction de la possibilité d'assouvir cette pulsion. Comble de l'ironie, c'est comme président d'une association de lutte contre la violence faite aux femmes qu'il atteint son plein épanouissement personnel.

« […] J'avais suffisamment fréquenté l'animal que j'étais pour savoir, d'une part, comment tenir en bride mes pulsions, d'autre part, comment les assouvir sans prendre de risque. »

Le roman est le parcours d'un homme rongé par sa pulsion, et cette pulsion est ce qui rabaisse l'homme aux yeux de toute la société, l'acte le plus vile et le plus méprisable qui soit. Pourtant, frapper une femme ne lui confère aucun pouvoir sur elle, ce n'est pas pour lui un acte de puissance machiste, ce n'est même pas cela, c'est juste un besoin, une pulsion maladive... Le ton assez neutre pose un climat presque technique, pour éviter toute empathie, mais laisse sourdre la souffrance du narrateur qui comprend que ce qui le détruit lui est nécessaire.

Ce qui est vraiment dérangeant dans ce roman, c'est que le lecteur, au fur et à mesure, oublie la violence faite aux femmes, en fait une anecdote dans le parcours d'un homme dont on ressent la tristesse et qui, malgré tout, nous émeut
"

mercredi 20 février 2013

"Un coup de coeur particulier..." (Europe 1)

Interview par Valentin Spitz dans l'émission "Des cliques et des claques" (quel titre merveilleusement accordé au livre !)


"L'homme qui frappait les femmes" (A... par monsieurping2

jeudi 14 février 2013

Avec Brigitte Lahaie sur RMC


Brigitte Lahaie / A.Patricot : "L'homme qui... par monsieurping2

lundi 11 février 2013

"Bizarrement, c'est agréable"

Un article sur le site Toujours à la page.

Un autre paru sur le site Parutions.net :

"Dans la peau de l'agresseur.

La violence faite aux femmes fait l’objet de bien des publications, bien des études, bien des statistiques, de façon à trouver des solutions pour protéger les victimes, voire enrayer ce fléau. Mais peu de romanciers ont considéré les choses sous l’angle fort et inattendu retenu par Aymeric Patricot, en se mettant dans la peau de l’agresseur et en décortiquant le mécanisme qui l’entraîne inéluctablement vers les coups.

«Je ne chercherai pas à me justifier, ni même à présenter les choses sous un jour avantageux pour moi»… Ainsi débute la narration et le début d’une longue analyse froide des faits. Le personnage, attaché parlementaire à l’Assemblée nationale, Président d’une association de défense des femmes battues, marié, obéit à des pulsions qui le mèneront loin et détruiront sa vie. Ce qu’il y a d’impressionnant dans ce texte, outre le style quasi universitaire, c’est la distance que met le narrateur entre les actes, leur déroulement et la façon d’en parler. Une lucidité toujours présente et une recherche sans complaisance d’une explication sont les fils conducteurs de ce livre réaliste et cruel.

«Il y avait quelque chose de lisse et de monotone dans la succession des semaines, et même d’insupportable : ce n’était donc que ça le bonheur ?... l’excitation de mes dérapages me paraissait désirable». (…) «Sans cette chose qu’était la brutalité, je percevais mon existence comme une forme terriblement vide, et j’étais angoissé chaque fois que j’imaginais ce que j’aurais été sans elle»…

La lecture est cependant, bizarrement, agréable. Nous sommes loin des faits divers sanglants et misérabilistes, plus proches de ces médecins légistes de séries policières qui portent sur les cadavres une regard neutre et il est fascinant de suivre cette déchéance lucide, impossible à éviter, accentuée par la vengeance des femmes.

En homme de littérature et de réflexion, l’auteur termine par L’Insoutenable, essai sur le choix du livre, comme sur ce qui est insoutenable dans la vie, avec un parallèle étonnant entre l’écriture de ce type de sujets et la musique, l’exercice musical impliquant le corps et donc entraînant l’expression d'un cri.

Un ouvrage original et de grande qualité.
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jeudi 7 février 2013

"L'écriture est vraiment top" (La Fringale littéraire)

Interview par Christophe Mangelle, diffusé sur le site La Fringale littéraire, le jour de la sortie du livre (06/02/2013) :



mercredi 6 février 2013

"L'homme qui frappait les femmes" sur RFI (6/02/13)


Aymeric Patricot sur RFI pour "L'homme qui... par monsieurping2

vendredi 1 février 2013

Les manières de lire alternatives (1)

Il y a des livres que vous choisissez de lire d'une manière particulière parce que votre emploi du temps, votre état d'esprit, son contenu même vous y incitent. En ce moment, je progresse par exemple dans les Mémoires de Simone de Beauvoir en menant deux lectures simultanées : je relis rapidement les passages déjà soulignés puis je reprends où j'avais laissé le marque-âge. Comme c'est une lecture roborative, je repose assez vite en me promettant de m'y remettre bientôt.

J'avance ainsi de guingois jusqu'à la dernière page, dernière étape avant laquelle il ne me restera plus que de relire, de temps en temps, les fameux passages soulignés - à moins qu'il ne me prenne la curieuse lubie de tout reprendre à zéro, appliquant la même technique mais en soulignant, sans doute, d'autres passages.

C'est une manière de lire une oeuvre potentiellement infinie : on peut imaginer qu'après un certain nombre de lectures intégrales de ce genre je parvienne à extraire quelques passages scintillants, quelques phrases que je connaitrais par coeur et qui auraient le goût, le parfum des plats mijotés pendant des nuits entières.

lundi 28 janvier 2013

"Court, intense et sans voyeurisme..."

Sur le site Unwalkers, cette critique de "L'homme qui frappait les femmes":

"Comme dit le proverbe : "Bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi ? Elle, elle sait »

Un bon proverbe à la con à ranger à côté de : « Mets du guano sur ton crâne, tes cheveux repousseront »

Ah, taper les femmes, là n’est pas tout à fait le sujet du livre, mais une analyse d’un homme qui aimait frapper les femmes, et de sa déviance pathologique.

Sujet casse-gueule par excellence ou on pourrait osciller entre atermoiment et haines, ce qui n’est pas le cas ici. Nous se somme pas non plus dans l’amour avec notre « héros », juste spectateur de cette tragédie humaine et sociale. Quelques indices en fin de livres, nous amènent à penser à une certaine solidarité masculine d’une bêtise crasse, qui doit bien exister.

Et fin des clichés on n’est pas chez dédé qui sort de l’usine passe au bar et…

On est dans la haute, là ou on pète dans la soie. On suit donc notre homme sur une longueur de sa vie, de sa première claque donnée à ses coup de poings à sa femme enceinte, au passantes dans la rue frappées en anonyme.

Entre roman et analyse, c’est un livre qui éclaire et qui a surtout le mérite de s’attaquer à un phénomène de société millénaire à l’exponentielle.

C’est très bien écrit, court, intense, sans voyeurisme, les mots sonnent juste.

A la fin du livre, on retrouve un court texte de l’auteur où il se met à poil, et nous raconte ce livre, sa génèse. En un seul mot : magnifique
."

Dans L'Union, cette autre critique:

"Dans la tête d'un mari violent.

« Je tiens à m’excuser pour la véritable indécence que constitue ma vie. Je ne tirerai cependant pas de conclusion, ni sur le plaisir que certaines femmes tireraient de mes dérapages, ni sur l’éminente utilité de la violence… Je me souviens parfaitement du premier jour où j’ai giflé une fille ». Aymeric Patricot aborde un sujet difficile et répulsif, la violence faite aux femmes. Si les témoignages des victimes sont favorisés par les romanciers, lui a choisi d’entrer dans la tête d’un homme violent. Dès l’adolescence, il ne peut réprimer le désir obsessionnel de frapper les femmes. Il raconte son parcours au rythme des coups qu’il assène à des proies chassées toute sa vie. Il bat sa femme et finit par tout perdre. Famille, travail, réputation jusqu’à la déchéance. Perversion, maladie psychiatrique, monstruosité ? Le roman ne donne pas de réponse, mais il ouvre un débat qui dérange." F.K.