La littérature sous caféine


lundi 15 août 2022

Suicide girls, épisode 7/10 (Vies cabossées)



Manon raconte sa vie cabossée, Amaury le naufrage de sa vie de couple et sa fascination pour certaines performeuses.

vendredi 12 août 2022

Suicide girls, épisode 6/10



Amaury raconte la disparition de son père, Manon un séjour cauchemardesque chez sa belle-famille.

jeudi 11 août 2022

Racine, indémodable

Je connais plutôt bien "Andromaque" de Racine pour l'avoir étudiée avec plusieurs classes, et je découvre au Festival Off d'Avignon la mise en scène limpide et gracieuse de Robin Renucci, et le jeu ensorcelant de Judith Daleazzo, Marilyne Fontaine, Julien Leonelli, Thomas Fitterer. Plusieurs personnes ont quitté la salle en cours de spectacle, sans doute parce qu'ils avaient sous estimé leur capacité à apprécier un texte du 17eme. Mais je serai toujours agréablement surpris par la persistance du succès de Racine à travers les siècles. Il est vraiment notre Shakespeare national, avec une densité de langue et de folie amoureuse proprement stupéfiante.

mercredi 10 août 2022

A quoi bon ?

Jean-Benoît Patricot est un cousin très éloigné. Après avoir écrit quelques romans, il s'est lancé dans le théâtre et je m'étais juré depuis longtemps d'aller voir sa pièce à succès "Darius", sans savoir quel était son sujet. Quelle surprise de découvrir qu'elle parlait de handicap ! Je n'aurais sans doute pas écrit "La Viveuse" si je l'avais su. Hasard des inspirations ? Improbable inconscient familial, même à des distances considérables ?

Au festival d'Avignon j'ai choisi d'aller voir son autre pièce à l'affiche, "L'aquoiboniste". Son titre, que j'aime beaucoup, semblait annoncer un personnage à la Oblomov, mais elle traite plutôt de deuil, de déni, d'amour absolu. L'écriture très dense sert une prestation physique, impeccable de justesse, de Betrand Skol. Une expérience intense, qui peut rappeler encore une fois le thème du corps empêché (un homme vit toujours alors que tout le monde le croit mort), mais libère en fait des énergies insoupçonnées.

mardi 9 août 2022

Comédie culottée

Pour ma toute première comédie musicale, découverte du Festival Off d'Avignon au théâtre La Luna, c’est assez cocasse que je tombe sur le thème des maisons closes avec "Belles de nuit", écrit et mis en scène par Jonathan Kerr. Ayant travaillé le thème de la prostitution pour l’écriture de "La Viveuse", je sais combien certaines lois prétendant défendre les femmes en luttant contre la prostitution se révèlent en fait des armes contre les prostituées elles-mêmes. Sous leur prétendue moralité, elles cachent mal un certain ressentiment bourgeois. C’est sans doute le cas de la loi Marthe Robert, dénoncée par cette pièce pour avoir jeté sur les trottoirs un nombre important de prostituées en ordonnant la fermeture des maisons closes, au lendemain de la IIème Guerre mondiale. Quoi qu’il en soit, il est assez culotté d’en faire un sujet de comédie musicale, le tout très enlevé, très rythmé, intelligemment mené, avec des acteurs parfaits (dont Alyzée Lalande) pour jouer les souteneurs ou les cocottes – au point, entendrai-je dans les rangs de certains spectateurs, de susciter une étrange ambiguïté : « on se sent un peu voyeur à regarder ces actrices-là… »

jeudi 7 juillet 2022

Suicide girls, épisode 5/10

La rencontre

Un soir de solitude et d'alcool, à Cherbourg, Amaury rencontre Manon et tombe en extase...

lundi 4 juillet 2022

Je peaufine ma connaissance du régime en place

A l’âge de vingt ans, j’ai lancé un fanzine que j’avais intitulé, non sans malice, « Le journal de l’extrême-centre ». Je ne me doutais pas que, vingt-cinq ans plus tard, l’expression que je prenais pour une boutade – et qui disait malgré tout quelque chose de quelques intuitions politiques – deviendrait non seulement une expression consacrée, mais qu’elle servirait à de très sérieux analystes politiques pour décrire la force politique majoritaire du pays. Vieillir, c’est se laisser surprendre.

jeudi 30 juin 2022

Résumé clinique de la vie n°3

J’ai déjà relevé chez Hugo et Houellebecq deux paragraphes d’inspiration similaire, proposant un résumé sans concession de l’existence – le premier dans « Les Misérables », le second dans « anéantir ». Je trouve dans « La poursuite de l’idéal » une troisième occurrence de ce véritable exercice de style. Comme chez ses prédécesseurs, ce n’est pas très gai mais je trouve ça drôle :

« Et si l’on comprenait tous, se disait-il, vers trente ans, que l’amitié relève du mythe, l’amour de l’illusion, et la sympathie du mirage ? Partout des ombres et des fantasmes, créés par la peur du noir. Et le voilà ramené à bébé qui chiale, bébé qui avait tout pressenti, à deux mois, de la séparation ontologique, de l’inévitable solitude de la condition humaine. Plus tard, à l’école, au lycée, à la fac, des groupes se forment, des amitiés éclosent ; puis des couples qui compensent, par l’intensité romantique, ce qu’ils perdent en sorties, en camaraderie. Un jour, la bulle éclate, écrivait-il dans son journal, l’iridescence s’évanouit, il ne reste plus qu’un petit être promis à la mort, dans l’indifférence générale. Quand il vit trop longtemps, ce petit être est rangé dans des mouroirs, on le mouche, on le lange, on l’essuie, on le divertit, puis on le jette. » (Gallimard, page 439)