La littérature sous caféine


dimanche 29 octobre 2023

20 choses vues aux Deux Alpes

Puisque les gens viennent ici faire du vélo de descente, la culture se fait discrète : deux marchands de journaux faiblement achalandés, pas de concert ou de musée sinon sur la flore ou l’artisanat / Curieux contraste entre une population de grands sportifs et une nourriture grasse – raclettes, fondues, charcuterie… / Beaucoup de jeunes femmes ont des boucles dans le nez… Clin d’œil à la gent bovine ? / La station s’étend, grignote les flancs des proches collines, part à l’assaut des sommets. Cet appel vers l’or blanc réveille ma conscience écologique. / De même, la ruée vers les lacs de montagne effarouche les marmottes. Il faut sans doute venir très tôt pour les apercevoir / De temps en temps, malgré tout, on entend leur unique note, au timbre mêlé de rapace et de canard, criée d’un bord à l’autre des vallées / Le vélo de descente, c’est comme du Mario Kart mais on a vraiment peur dans les virages et on a vraiment mal quand on chute / L’intérêt, c’est qu’on aperçoit des marmottes du haut des télésièges / La population de la station mêle familles de sportifs, groupes d’adolescents, barmen anglais, Italiens en goguette, familles de Juifs orthodoxes – je ne m’attendais pas à retrouver, à 2000 mètres d’altitude, un échantillon si clairement dessiné de notre société multiculturelle / Frison-Roche, dont les romans hantent les vieilles bibliothèques, est en bonne place chez le buraliste – je le pensais disparu / Le chardon bleu se fait surnommer « la reine des Alpes » / Le nombre de chiens est anormalement élevé / On boit surtout de la bière aromatisée – beurk – et du Génépi – ça passe bien / Les villages pittoresques ont de beaux murs de lauzes mais, sur les toits, le zinc remplace l’ardoise / Autour de Besse, les versants sont parsemés de chapelles et d’oratoires témoignant de la présence assez récente d’un christianisme naïf, sans doute perçu comme nécessaire en ces terres isolées / Peu d’oiseaux, sinon les rapaces haut dans le ciel et quelques rouge-queue peu farouches / Sur les fleurs cohabitent étrangement bourdons et papillons / Les pentes escarpées, peu susceptibles d’être aménagées par l’homme, sont striées d’alignements de sapins, en sillons parallèles, on dirait la montagne aménagée par Lego / Comme toujours quand je voyage en France, je pars avec un nombre important de magazines dont j’espère me délester mais je reviens encore plus chargé.

mardi 24 octobre 2023

Tournoi rhétorique

Heureux d’avoir organisé le premier Tournoi rhétorique interclasses de prépa à Troyes. Je suis fier d’étudiants qui n’ont pas peur de monter sur scène pour affronter leurs adversaires, quasiment sans préparation, lors de courts débats. Combien parmi nous auraient été capables de cette audace au même âge ?

lundi 16 octobre 2023

Les bougies ça suffit

Je n'irai pas aux réunions d'hommage à Dominique Bernard. Marre des bougies, des bisous, des slogans tartes. Marre des autorités (éducatives, politiques, médiatiques) qui me convoquent pour des cérémonies qui me dictent, bon an mal an, ce que je dois penser. Il y a trois ans j'avais été dégoûté par la manifestation qui s'était organisée devant la mairie du Havre, où j'étais en vacances. Révolté par ces syndicalistes aux looks d'anars qui ne trouvaient rien d'autre à cracher dans leur porte-voie que d'ineptes "pas d'amalgame", j'avais insulté quelques personnes et failli monter sur l'estrade pour prendre la parole ou en venir aux mains. J'aurais dû. Monsieur Bernard mérite mieux que des pleurnicheries, souvent hypocrites. Il mérite qu'on agisse - ça fait trop longtemps que la France est devenue cette pauvre fille impuissante et triste, mal servis par des hommes politiques sans âme, sans cœur, sans courage.