La littérature sous caféine


mercredi 14 septembre 2022

Fondre les choses (Livres sur les attentats (2))

Il a fallu plusieurs mois, plusieurs années, mais c’est maintenant acquis : depuis la vague des années 2010, il existe une littérature conséquente sur les attentats, des simples témoignages aux sommes romanesques – et le phénomène est valable pour le cinéma. Le corpus s’étend, il finit par constituer un genre en soi.

Dans « Le livre que je ne voulais pas écrire » (2017), Erwan Larher avait le courage non seulement de décrire l’attaque du Bataclan mais de réfléchir à l’événement lui-même, ce qui n’est pas, loin de là, le cas de toutes les œuvres. Dans « Au carillon, sonne l’heure » (Léo Scheer, 2021), le journaliste de Libération Quentin Girard tente quelque chose de différent. Dans une langue élégante et légère, il raconte la soirée puis les jours qui suivent les événements (dont il n’a pas souffert directement), sondant les échos de la tragédie dans son rapport au bonheur. Curieusement, il se permet de nombreuses digressions sans rapport apparent avec le sujet, ce qui fait le charme du texte. L’évocation des faits se fond dans un livre qui paraît tout mettre sur le même plan. Forcément, la gravité de l’attentat s’atténue. Ce doit être l’effet recherché : diluer le traumatisme, lisser le cauchemar, passer à autre chose… Tout en comprenant le procédé, je ne peux m’empêcher de trouver quelque chose de triste à cette lente intégration du pire dans le quotidien.

lundi 12 septembre 2022

Spectre

En publiant « Les petits Blancs » (2013) puis « La Révolte des Gaulois » (2020), j’ai redouté d’être assimilé à l’extrême-droite puisque j’abordais des thèmes – la pauvreté blanche, la révolte culturelle des campagnes – qui pouvaient indiquer, aux yeux des certains, que je militais du mauvais côté de la barrière. Heureusement, ceux qui m’on lu ont bien compris qu’un auteur ne se confond pas avec son sujet, et qu’on peut s’intéresser à une situation sans prendre parti – même si, par la force des choses, dresser un constat, c’est œuvrer pour qu’il se répande.

Alors, bien sûr, je n’ai pas convaincu tout le monde et certains lecteurs m’ont témoigné leur désaccord, mais c’est le jeu des prises de parole et, surtout, les accueils positifs se sont répartis sur l’ensemble du spectre politique – Le Point, Le Figaro, L’Obs, La Croix… Pascal Bruckner m’a cité dans « Un coupable presque parfait », Paul Conge (de Marianne) s’est fendu d’une analyse dans « Les Grands remplacés », et cet été Daniel Mermet m’a fait l’amitié de me recevoir, ainsi que Rosa Moussaoui, pour une demi-heure d’interview sur le site de « Là-bas si j’y suis ». La crise du Covid avait enterré la crise des Gilets jaunes, quelque chose me dit que ces thèmes-là sont destinés à durer. Mieux, ils s’apprêtent à ressurgir…

lundi 5 septembre 2022

Suicide girls, épisode 9/10 (Retrouvailles)



Manon et Amaury décident de se retrouver à Paris.

samedi 3 septembre 2022

Suicide girls, épisode 8/10 (Amours)



Les amours douloureuses de Manon, le rapport complexe d’Amaury à son propre père.

lundi 15 août 2022

Suicide girls, épisode 7/10 (Vies cabossées)



Manon raconte sa vie cabossée, Amaury le naufrage de sa vie de couple et sa fascination pour certaines performeuses.

vendredi 12 août 2022

Suicide girls, épisode 6/10



Amaury raconte la disparition de son père, Manon un séjour cauchemardesque chez sa belle-famille.

jeudi 11 août 2022

Racine, indémodable

Je connais plutôt bien "Andromaque" de Racine pour l'avoir étudiée avec plusieurs classes, et je découvre au Festival Off d'Avignon la mise en scène limpide et gracieuse de Robin Renucci, et le jeu ensorcelant de Judith Daleazzo, Marilyne Fontaine, Julien Leonelli, Thomas Fitterer. Plusieurs personnes ont quitté la salle en cours de spectacle, sans doute parce qu'ils avaient sous estimé leur capacité à apprécier un texte du 17eme. Mais je serai toujours agréablement surpris par la persistance du succès de Racine à travers les siècles. Il est vraiment notre Shakespeare national, avec une densité de langue et de folie amoureuse proprement stupéfiante.

mercredi 10 août 2022

A quoi bon ?

Jean-Benoît Patricot est un cousin très éloigné. Après avoir écrit quelques romans, il s'est lancé dans le théâtre et je m'étais juré depuis longtemps d'aller voir sa pièce à succès "Darius", sans savoir quel était son sujet. Quelle surprise de découvrir qu'elle parlait de handicap ! Je n'aurais sans doute pas écrit "La Viveuse" si je l'avais su. Hasard des inspirations ? Improbable inconscient familial, même à des distances considérables ?

Au festival d'Avignon j'ai choisi d'aller voir son autre pièce à l'affiche, "L'aquoiboniste". Son titre, que j'aime beaucoup, semblait annoncer un personnage à la Oblomov, mais elle traite plutôt de deuil, de déni, d'amour absolu. L'écriture très dense sert une prestation physique, impeccable de justesse, de Betrand Skol. Une expérience intense, qui peut rappeler encore une fois le thème du corps empêché (un homme vit toujours alors que tout le monde le croit mort), mais libère en fait des énergies insoupçonnées.