La littérature sous caféine


jeudi 8 juin 2023

L'arbre-oiseau

Je suis en manque d’images dans les romans. Je ne trouve pas qu’elles limitent le sens ou qu’elles ramènent à l’enfance. Ou alors, elles le font au meilleur sens du terme, pour révéler ce qui ne peut être dit. A fortiori, dans le monde des contes, les images ont leur place naturelle.

Dans le numéro 8 de la belle revue Daïmon (dans lequel je me suis fendu d’un conte au réalisme sarcastique), consacré aux « fantaisies, étrangetés, espiègleries », la place de l’image est importante et c’est très bien. J’aime beaucoup par exemple cet arbre-oiseau, signé par Cécile Holdban. Il conjugue précisément deux de mes sources de joie. Maxime Rovere écrit dans la revue que le conte est en « rupture avec le quotidien », je pense aussi qu’il le concentre à la manière des esquisses ou des gribouillis d’enfants.

mardi 6 juin 2023

Neil Young français

Jean-Louis Murat avait quelque chose d'un Neil Young français : guitares crépusculaires, thèmes forts et sombres, colère et mélancolie... La voix du premier était grave, celle du second très aiguë, mais les deux paraissaient chancelantes. Surtout, Murat me semblait avoir préservé une dimension du blues rock qui se perd la plupart du temps quand elle franchit l'Atlantique : une propension naturelle à chanter les mœurs locales et l'attachement à une certaine rusticité.

jeudi 1 juin 2023

Eternels élèves

Dans le dernier numéro de la revue Décapage (printemps été 2023), je propose quelques réflexions sur la figure du professeur-écrivain, ce drôle d'oiseau pas si rare et dont les contorsions pour entrer dans les cadres assez rigides des institutions scolaire et littéraires peuvent prêter à sourire.

Merci à la revue Décapage pour son accueil, à Philippe Vilain et Jean-philippe Blondel pour leurs témoignages. J'y évoque également Patrice Jean, Hannah Arendt, Beauvoir, Bégaudeau...

lundi 22 mai 2023

Sollers, en partie



J'ai beaucoup lu Sollers, jeune homme... J'adorais prendre quelques pages au hasard de "Femmes". Elles m'électrisaient par leur débauche d'adjectifs, leurs références cryptées, leur sexualité revendiquée. Quel auteur m'aura davantage excité l'esprit ?

Puis, certains défauts m'ont éloigné de lui. Sa paranoïa, sa mégalomanie, son radotage, son goût pour l'intrigue, sans parler de prises de position souvent douteuses...

Malgré tout, ma sympathie lui est revenue par la grâce de son itinéraire déroutant. J'ai aimé sa marginalisation progressive, sa défense inattendue du catholicisme, son érudition maniaque, et surtout sa persévérance dans un hédonisme de combat qui me paraît aujourd'hui nécessaire. Sera-t-il considéré comme un classique ?

lundi 15 mai 2023

Métal bandant

Je me prépare avec enthousiasme à mon premier Hellfest, hurlant dans la voiture aux riffs accélérés de Metallica, puisant dans mes placards tout ce qu'ils contiennent de noir et de têtes de mort, et voilà que je tombe sur une délicieuse satire du métal sous la plume du redoutable Patrice Jean, dans son dernier roman "Louis le magnifique" (Le Cherche-midi, 2022).Tout à coup, j'hésite... Commettrais-je une erreur à vouloir régresser ?

"Selon l'ex-chanteur des Belzébuth, rien n'était plus "métal bandant" que ces tables entourées de buveurs de bière, ou bien ces hommes urinant, hilares, face au soleil couchant, en rang d'oignons, ou ces fesses périodiquement dénudées et présentées aux regards des festivaliers en signe d'amitié. La liberté poussait à une louable émulation, chacun cherchant à imiter son voisin pour lui faire plaisir. Si l'un d'entre eux disait : "Crions", ils criaient tous; si un autre disait : "Rotons", ils rotaient tous; (...) si un chanteur invoquait les puissances du Mal, tous célébraient la grandeur de Satan."

mardi 9 mai 2023

Gilets jaunes, le whitelash à la française ?

En juillet 2022, j'intervenais dans l'émission "Là-bas si j'y suis" pour parler des petits Blancs, des Gilets jaunes, des banlieues, de Macron, avec Daniel Mermet et Rosa Moussaoui.

mercredi 3 mai 2023

La mixité ! Oui, mais...

Chez Taddéi dans "Les visiteurs du soir", débat le 22.04.2023 à propos des projets de Pap Ndiaye de mixité sociale dans l'école privée

vendredi 28 avril 2023

Retour aux pays de l'enfance

Quelques jours, je reviens en pays catalan, dans les Pyrénées orientales, où j'ai passé tant de mes vacances. Je vais y guetter ce qui a changé en trente ans, mais surtout ce qui a changé dans mon regard- on ne vit pas les mêmes choses quand on mâche des malabars en lisant Spirou et quand, père de famille, on est devenu sensible à la nature et aux vieilles pierres. Les temps de pause, je relis quelques-uns des livres qui m'ont fait rêver, adolescent, notamment ces Trois mousquetaires revenus à la mode. Le Béarnais D'artagnan n'a rien à voir avec le Roussillon, mais je suis sûr que Porthos aurait aimé les vins de Collioure et les marinades d'enchois.

"Porthos était couché, et faisait une partie de lansquenet avec Mousqueton, pour s'entretenir la main, tandis qu'une broche chargée de perdrix tournait devant le feu, et qu'à chaque coin d'une grande cheminée bouillaient sur deux réchauds deux casseroles, d'où s'exhalait une double odeur de gibelotte et de matelote qui réjouissait l'odorat. En outre, le haut d'un secrétaire et le marbre d'une commode étaient couverts de bouteilles vides."