La littérature sous caféine


samedi 28 février 2009

Noisette de prestige / La Seconde Guerre Mondiale est finie...



1) Dans un bistrot de Belleville, une femme entre deux âges, à l'allure modeste, se campe fièrement sur le zinc :
- Je voudrais que vous me serviez quelque chose de prestige !
- Quelque chose de prestige ?
- Oui, quelque chose pour fêter un grand événement !
- Du champagne, par exemple ?
- Euh... Du champagne... Mmm... Servez-moi un café noisette, en fait... Je crois que ça me suffira...

2) Dans une classe de seconde :
- Ecoute, file dans la salle des profs, demande gentiment si quelqu'un peut te faire une photocopie de ce texte... Si vraiment il n'y a personne, va chercher un pion...
- Un pion ? Vous dites un pion ?
- Euh, oui... Un pion... Un surveillant, si tu préfères !
- Ouah Monsieur ! Il dit encore pion le prof ! Trop fort ! Eh, Monsieur, on n'est plus au dix-neuvième siècle ! On dit plus pion !
- Ouh là là ! Vous vivez à quelle époque ! Ouah vous avez quel âge !
- Eh, Monsieur, elle est finie la Deuxième Guerre Mondiale ! On est en 2009 Monsieur !
- Bon, ok, ça va... Je croyais qu'on le disait encore...

Quelques minutes plus tard, l'élève parti faire une photocopie revient en classe:

- Ouah, Monsieur, j'ai dit aux surveillants que vous les appeliez des pions... Ils ont pas apprécié, Monsieur !

3) Dans une classe de seconde:
- Bon, je t'ai suffisamment prévenue... Tu me feras la punition pour demain.
- Oh non, c'est pas possible, Monsieur, c'est vraiment pas possible pour demain !
- Qu'est-ce qu'il y a de si grave ?
- Bah c'est pas possible, Monsieur ! Je regarde la télé, moi, le mercredi après-midi !

vendredi 20 février 2009

Non au Temps ! (Barthes et le refus de guérir)



Plusieurs fois, j'ai trouvé très pénible qu'une fille puisse me dire : "Ne t'inquiète pas, tu vas oublier... C'est vrai qu'on s'est aimé très fort, tous les deux... Mais ça passe... Tu verras... Laisse faire le temps... Tu m'oublieras, comme le reste..." (Sous-entendu : moi je t'ai déjà un peu oublié...)

Je trouvais ça révoltant... Et d'une tristesse ! Quoi, déjà si peu de romantisme après des semaines de sentimentalisme ? La même fille pouvait me dire, à quelques jours d'intervalle : "Je t'aimerai toute ma vie... Tu es celui que j'ai le plus aimé...", puis : "Je vais disparaître de ton esprit, tu vas disparaître du mien et ce sera très bien." Forcément, je ne pouvais être qu'en colère contre le personnage d'amoureuse folle qu'elle avait monté de toutes pièces.

A moins qu'on puisse concevoir des phases de sincérité successives et contradictoires... "Je t'aime absolument le jour J", puis : "Je t'oublie absolument le jour J + 1." Je le comprends, mais j'ai du mal à m'y faire. Quoi que, les années passant, effectivement... Mais alors il faudrait faire l'effort de ne plus utiliser de mots trop romantiques !

Je suis heureux de voir que Barthes éprouvait le même mouvement de répulsion contre cette sorte de fatalisme temporel. C'est avec un plaisir gourmand que je dévore ainsi les pages pourtant pathétiques de son Journal de Deuil (Seuil-Imec, en librairie depuis le 5/02/09), le journal qu'il a tenu depuis la mort de sa mère en 1977. On y découvre le constat pur et simple de la souffrance, et le refus d'en être consolé... C'est magnifique, comme à peu près toujours chez Barthes, avec ce miracle constant de l'intelligence lumineuse...

"20 mars

On dit (me dit Mme Panzera) : le Temps apaise le deuil - Non, le Temps ne fait rien passer ; il fait passer seulement l'émotivité du deuil."

"12 mai

J'oscille - dans l'obscurité - entre la constatation (mais précisément : juste ?) que je ne suis malheureux que par moments, par à-coups, d'une façon sporadique, même si ces spasmes sont rapprochés - et la conviction qu'au fond, en fait, je suis sans cesse, tout le temps, malheureux depuis la mort de mam
."

dimanche 1 février 2009

Sushis surréalistes



(Vidéo : Nas is like, le meilleur titre de toute la carrière de NAS, rappeur new-yorkais...)

1) Un élève de seconde : "Ouah Monsieur, on a vu vos vidéos sur dailymotion... Franchement, trop cool... On vous a vus, là, avec le verre de bière... Franchement, un prof de français avec un verre de bière, trop cool...

- Et sinon, vous avez retenu quoi de la vidéo ?

- Trop cool la bière franchement, trop cool..."

2) En classe de première, pendant l'étude de quelques poèmes surréalistes :

- C'est un des Surréalistes, Aragon, qui a un jour écrit cette phrases célèbre : "La Femme est l'avenir de l'Homme..." Vous la comprenez, cette phrase ? Qu'est-ce que vous en pensez ?

- La Femme, avenir de l'Homme... Euh... Oui, ça se voit que c'est une phrase surréaliste... La femme avenir de l'homme... Oui, c'est ça, complètement surréaliste...

3) Dans un restaurant japonais du 20ème, un homme avec son petit garçon :

- Papa, il parle chinois le monsieur ?
- Non, c'est un Japonais... On est dans un restaurant japonais...
- Oui, mais il parle chinois ?
- Non, je te dis qu'on est dans un restaurant japonais... Les sushis, c'est japonais, les rouleaux de printemps, c'est chinois... (sic) Là ce sont des sushis que tu as devant toi...
- D'accord papa, mais il parle chinois le monsieur ?
- Bordel, je te dis qu'il est JAPONAIS ! Les Japonais, c'est pas pareil que les Chinois ! Il parle japonais le monsieur ! S'il vend des sushis c'est qu'il parle japonais !
- Il parle chinois alors ou pas ?
- Bon, maintenant tu manges tes sushis et tu te tais...