La littérature sous caféine


lundi 10 mars 2025

Le Havre / Kérangal (1)

J'aime cette ville du Havre où je suis né. C'est une sorte de grande cité fantomatique le long de la mer. Amoureux, je guette les livres qui en parlent et je me suis naturellement jeté sur le dernier roman de Maylis de Kérangal, "Jour de ressac" (Verticales, 2024). J'y ai fait le relevé des lieux qu'elle décrit et je me rends sur place pour confronter ses visions avec les miennes. Ainsi, le premier lieu : le bar Les Champs Elysée, renommé Le Terminus.

"... sans un regard non plus pour les lycéens qui occupaient la banquette, qui traînent et s'accolent ici depuis que les banquettes et l'adolescence existent, et ceux-là avaient beau être penchés sur leur portable à scroller, à follow, à follow back, à liker des stories, c'était toujours la même scène, la même scène exactement..."

mercredi 5 mars 2025

Ruines

Même dans les plus beaux cafés de Budapest (3/3), les serveurs sont hirsutes / En trois jours je n'ai vu qu'un cinéma, et pas de marchand de journaux / Nombreux restaurants italiens mais, dans les bons restaurants, beaucoup de plats et de noms français : bourguignon, soupe à l'oignon, tournedos... / Les signes de la présence ottomane, longue de deux siècles, sont assez résiduels / Les boutiques de bondieuseries sont beaucoup moins nombreuses qu'à Prague / La statuaire alterne entre triomphalisme et nonchalance inquiète / Je trouve amusant que la sensation cinématographique du moment, The Brutalist, mette en scène un exilé hongrois / Dans les Ruin bars on esthétise avec joie la décrépitude / Le péché mignon de l'Europe centrale est le monumental / Les posters des films de Belmondo se vendent très chers dans les galeries chics

mardi 4 mars 2025

Néo-gothique

Les manoirs néo gothiques vieillissants de Budapest (2/3) pourraient être l'emblème de la ville / Dans les musées, l'écrasante majorité du public est constituée de groupes scolaires et de retraités / Les petits vieux sont discrets mais n'hésitent pas à tricher dans les files d'attente / Les automobile adopent souvent des vitesses déraisonnables / Je me souviens avoir écouté en boucle, enfant, les Danses hongroises de Brahms et les avoir trouvées parfaites / La cuisine hongroise est passionnée par le paprika / J'ai toujours trouvé Lizst brillant mais un peu creux, j'ai peur que sa rhapsodie hongroise ne confirme cette impression / Les trois mots français les plus fréquents sont bistro, souvenirs et croissant / Les Antiq Bazar proposent des Lénine et Staline en pagaille - à Prague, c'étaient plutôt des Napoléon / Aux thermes, j'ai barboté 2 minutes dans le bain à 36°, 30 secondes dans le 40° et 3 secondes dans le 16°.

lundi 3 mars 2025

Saint Emeric

A Budapest (1/3) je découvre un Saint Emeric présent dans tous les palais / Je mange du goulasch deux fois par jour / Je ne cherche pas à décrypter le magyar / Je prends la mesure de ce qu'a subi le pays avec le communisme en lisant Koestler / Je prends la mesure de ce qu'a subi le pays avec le nazisme en lisant Kertesz / Je goûte l'esthétique soviétique propre et désuète du métro / J'apprécie les bâtiments délabrés tant que la ville n'aura pas été totalement remise d'aplomb / Je m'amuse de la présence d'Alain Delon sur les affiches et de Monet dans les musées / Je dirais que la tonalité générale de la ville est celle d'une élégante mélancolie / Dans les parcs, les oiseaux les plus marquants sont le choucas et le pic épeiche.

mercredi 26 février 2025

"La belle Hortense" à la Belle Hortense

Pour une prochaine soirée du Cercle potache, j'aimerais rendre hommage à Jacques Roubaud, récemment disparu, poète et auteur d'un roman peu connu, "La belle Hortense", en l'associant à un lieu qui a compté pour moi puisque j'y ai organisé tant de sauteries littéraires : le bar-librairie La belle Hortense, précisément. Y aurait-il quelques personnes prêtes à lire ce livre en vue d'une telle soirée ?

mardi 25 février 2025

Enclume et marteau

Préparant quelques jours à Budapest, je lis des classiques hongrois... Les deux livres qui se détachent du 20eme siècle me paraissent être "Le zéro et l'infini" de Koestler et "Être sans destin" de Kertesz. Terrifiant ! Ces ouvrages donnent l'impression d'un peuple martyrisé des deux côtés du spectre politique, enclume communiste et marteau fasciste... J'ai pourtant l'image d'une Budapest plutôt rieuse.

mardi 11 février 2025

Du Baudelaire, vite !

Timothée Rosnay, fils de Blaise et petit fils de Jean-Pierre (fondateur du Club des poètes), récite le superbe De profundis Clamavi. Qand il demande au public s'il souhaite un second poème de Baudelaire, son père l'interrompt pour suggérer quelque chose de plus léger. Mais j'aimerais bien entendre cette deuxième pièce, moi ! En sortant du club je n'ose pas demander à l'artiste quel en est le titre. Baudelaire est toujours d'un bel effet quand la nuit tombe.

mercredi 5 février 2025

Le sens premier du potache

Soirée des listes
Soirée potache 3

Pour la première fois, j'ai beaucoup agité ma petite cloche. J'ai parfois eu le sentiment de redevenir professeur devant une classe dissipée : Guilaine et Alexandra les deux bavardes du fond de la classe, Christie l'effrontée, Hervé le retardataire qui n'a pas fait ses devoirs mais se rattrape par une référence choisie (Les "Notes de chevet" de Sei Shonagon), Myriam la bonne élève ponctuant son intervention de saillies chantournées. Mais c'est précisément ça le potache et le Sancerre nous a galvanisés. Bien sûr, je n'ai pu qu'effleurer l'une de mes 14 listes. Alexandra a dressé l'inventaire des livres qu'elle n'a pu finir, Christie parlé des belles morts et des façons de renouveler Noël, Myriam des plats ignobles du Vietnam et des pratiques douteuses des chasseurs ardennais. Guilaine nous a livré les premières lignes de son projet formidable "Portraits d'hommes nuls" (elle n'est pourtant pas woke !), Hervé m'a fait rire en avouant qu'il était vraiment attentif aux scénarios des pornos. Sur ces bonnes paroles nous avons retrouvé la nuit de Montmartre où rôdaient les fantômes complices du Chat noir et du Lapin agile.