La littérature sous caféine


mardi 17 octobre 2006

Peter Sloterdijk : Ni le soleil ni la mort (Hachette Littératures, 2004)



Fini de lire l'incroyable livre d'entretiens du philosophe sur des thèmes aussi variés que la mondialisation, notre rapport au corps ou l'idée de cercle... Son intelligence scintillante fait mouche à chaque page, et nous donne l'impression d'élaborer une perception minutieuse et merveilleusement actuelle du monde qui nous entoure.

Exemple : "La modernité, c'est le fait que nous apportons un substitut technique à la maternité, dans tous les sens du terme. C'est le sens du mouvement matrifuge qui s'opère sur la base de l'artificiel. On remplace les mères, les bio-mécènes, par des systèmes artificiels de mécénat. Pour le comprendre, il faut se rappeler le fait que les hommes sont des créatures orientant leurs prétentions vers un environnement qui les gâte, vers le mécénat biologique exercé par d'autres, et vers une structure immunitaire biologique et sociale efficace." (p251)

lundi 16 octobre 2006

Gabriel Garcia Marquez : Mémoire de mes putains tristes (Livre de Poche, 2006)



Le Prix Nobel colombien se livre à la réécriture d'un classique d'un autre prix Nobel, japonais cette fois : Les Belles Endormies, de Kawabata. Meme histoire d'un vieil homme qui paye pour passer la nuit avec une jeune et jolie vierge. Mais le charme nippon en moins, l'énergie burlesque en plus.

On pense aussi, immanquablement, à La bête qui meurt, de Philipp Roth, sur les amours juvéniles d'un professeur vieillissant.

Notre cher Marquez me paraît cependant le grand perdant de ce duel à trois : son texte est enlevé, certes, plein de verve, mais il n'a ni l'énergie primaire et dramatique de celui de Roth, ni l'émotion grave de celui de Kawabata. On a du mal à croire aux élans d'amour tardifs de ce vieillard libertin. Ce court roman s'achève sur des gesticulations rappellant le baroque des premières oeuvres, baroque dont Marquez tentait pourtant de s'affranchir...

Extrait : "L'année de mes quatre-vingt-dix ans, j'ai voulu m'offrir une folle nuit d'amour avec une adolescente vierge. Je me suis souvenu de Rosa Cabarcas, la patronne d'une maison close qui avait pour habitude de prévenir ses bons clients lorsqu'elle avait une nouveauté disponible. Je n'avais jamais succombé à une telle invitation ni à aucune de ses nombreuses tentations obscènes, mais elle ne croyait pas à la pureté de mes principes." (p9)

mercredi 11 octobre 2006

stylo dans l'oreille

Un élève, au rire tonitruant et à l'humour certain, lève la main pour prendre la parole.

Je remarque qu'il s'est mis un stylo dans l'oreille.

- "Monsieur, on m'a jeté quelque chose !..."

mardi 10 octobre 2006

Harley Davidson

Une élève vient me voir en fin de cours :

- Hey, Monsieur, est-ce que vous avez une moto ?

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?...

- Je sais pas. Dites, vous avez une moto ?

mardi 3 octobre 2006

Groupe nominal

Un élève, à propos de l’analyse des fonctions dans la phrase :

« Monsieur, il est où le sujet dans le groupe nominal ? »

mardi 26 septembre 2006

Yasunari Kawabata : Les Belles Endormies (Livre de poche)



Un vieil homme paye pour voir dormir à ses côtés de jolies jeunes femmes nues. Comme toujours chez Kawabata, prose brève et délicate, et cet art de la saisie de sentiments profonds par la description de menus événements, de gestes anodins, d'objets discrets. Mine de rien, l'auteur aborde des thèmes beaucoup plus « virils » que ne laisserait attendre son atmosphère subtile : fascination pour la beauté, crudité des rapports sexuels, peur de la mort... Savant dosage d'élégance et de cruauté.

jeudi 21 septembre 2006

Voisines de table

- Samira, je vais te demander d’arrêter de parler avec ta voisine.

- Eh, mais Monsieur, je suis en train de faire connaissance avec elle !!

- C’est bien ce qui m’inquiète…

mardi 19 septembre 2006

La frisée

La sonnerie retentit. Une élève en profite pour hurler de rire et tirer la manche de tous ceux qu’elle croise dans la classe, puis le couloir, pour leur répéter la dernière blague :

« Ta mère est tellement frisée que quand elle promène son caniche c’est au chien qu’on parle ! »