La littérature sous caféine


lundi 10 avril 2017

L'homme est une caméra pour l'homme

"Avant, l'homme était un loup pour l'homme, maintenant c'est une caméra."

La meilleure phrase (mais pas la seule qui soit la bonne) du dernier roman en date de Jérôme Leroy, "Un peu tard dans la saison" (La Table ronde, 2017)

lundi 3 avril 2017

Pourquoi faudrait-il tout lire ?

Depuis quelques mois, j'ai vraiment envie d'avoir lu tous les classiques de la littérature - même si je reste conscient des limites et même du ridicule d'une telle entreprise. Comment donc établir une liste ? Suffit-il vraiment de s'en remettre au jugement, disons, de la majorité des amateurs ? Et puis, qu'est-ce que cela m'apportera ? Quelle satisfaction ? Quelle connaissance ? Quelle vision ? En fin de compte, mon seul objectif n'est-il pas de m'épargner l'ultime regret d'avoir manqué quelques lectures très prisées ?

mercredi 22 mars 2017

Virgile plus talentueux qu'Homère ?

En bon remake de l'Iliade et de l'Odyssée, l'Enéide de Virgile a les défauts et les qualités du genre: il n'a pas la fraîcheur de ses inspirateurs mais il a franchement gagné en efficacité. Est-il possible de considérer que Virgile a surpassé Homère ?

mardi 14 mars 2017

Le génie des titres - Bukowki, Flynn...

Bukowski avait le génie des titres. "L'amour est un chien de l'enfer", "Au sud de nulle part", "Journal d'un vieux dégueulasse"... Rien que pour eux, je garde ses livres dans ma bibliothèque. Comme je garde le précieux "Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie", titre sublime de Nick Flynn pour un récit certes attachant mais un peu trop dispersé à mon goût, à propos de son père devenu SDF. Je me demande si cinquante pour cent du travail d'un écrivain ne consiste pas à trouver un bon titre...

mardi 7 mars 2017

L'air comme du vitrail

Il y a peu de lumière, en Ecosse. Cependant le vert est si dense, l'humidité si puissante, les forêts et les montagnes si frémissantes, qu'on a l'impression d'évoluer dans une cathédrale dont tous les murs seraient des vitraux.

mercredi 1 mars 2017

Les laborieux

Parmi les étudiants qui m’impressionnent, je viens d’identifier une nouvelle catégorie : les laborieux. Ils ne payent pas de mine mais ils ne courbent pas l’échine quand on leur dit ce qui ne va pas. Capables d’avaler un nombre important de couleuvres, ils tiennent compte des remarques et progressent, progressent, sans que personne ne le remarque. Un jour, ils réalisent des performances inenvisageables encore deux ans plus tôt. Emotion…

mardi 21 février 2017

Faim de littérature russe

J'ai identifié six noms d'auteurs russes du 19ème dont j'ai déjà lu quelques livres mais dont j'ai désormais envie d'explorer les oeuvres de manière plus systématique: Gogol, Pouchkine, Tchekhov, Tourgueniev, Tolstoi, Dostoievski. Je veux me faire une vue d'ensemble et une idée plus précise des liens que les uns entretiennent avec les autres. Je suis chaque fois frappé par la profondeur, la finesse de cet âge d'or littéraire, et par la troublante proximité avec le 19ème français. Je ne sais pas quelle conclusion en tirer pour nos rapports avec la Russie du 21ème siècle, mais il est sûr que les nouvelles de Tchekhov, par exemple, ne me sont pas plus étrangères que les romans américains de la même époque.

lundi 6 février 2017

N'oubliez pas de vous pencher sur les petits livres

Piochant dans ma bibliothèque quelques petits livres que j’avais eu la flemme de lire vraiment car je les soupçonnais d’être insignifiants et bien décidé à les jeter, je suis tombé sur un volume qui m’a littéralement happé, me donnant le sentiment de découvrir un auteur à la force évidente et manifestement sous-estimé – y compris par moi-même : Christian Garcin, dont « Du bruit dans les arbres » (Gallimard, 2002) m’a fait l’effet d’une petite fiction redoutable, joliment écrite et surtout d’une noirceur enchanteresse, le même genre de noirceur que celle de Thomas Bernhard, à vrai dire : une noirceur bougonne, pas vraiment méchante mais incisive.

« Et l’autre, qui croit que je l’ai oublié sans doute. Mais il se trompe, c’est lui qui m’a oubli, conditionné par ce que l’on a pu dire sur cette histoire entre sa mère et moi, une histoire on ne peut plus banale mais que certains ont gonflé jusqu’à la faire exploser en bulles de gaz empoisonné, n’hésitant pas à travestir odieusement les faits, m’accablant sans vergogne simplement parce que j’étais moi, et le père défunt un sous-secrétaire d’Etat à je ne sais quoi, une personnalité corrompue jusqu’à la moelle comme toute cette engeance politique, mais un homme poli, aimable, onctueux, qui présentait très bien, quelqu’un d’extrêmement bien vu par ceux qui nous gouvernaient, nous gouvernent et nous gouverneront, car ils sont interchangeables. » (Folio, page 27)