dimanche 16 novembre 2025
Par admin,
dimanche 16 novembre 2025 à 16:31 :: Littérature française
On aimerait avoir connu certains auteurs avant qu'ils ne disparaissent. On aurait suivi l'œuvre à mesure qu'elle se déploie. J'ai ce regret avec Pierre Bourgeade (1929-2007) dont je découvre ahuri le formidable "Warum" (Tristram, 1999). J'aimerais avoir son écriture vive et tenue, sa façon de décrire amours et rencontres avec autant de naturel. Il alterne souvenirs et récits sans qu'on sache toujours si ces derniers sont imaginés. La seule logique est celle du ton, dégagé, limpide. Dans certains chapitres, il livre des histoires provocantes comme si de rien n'était. La seule morale consiste dans le constat qu'il existe des choses fortes et belles, et qu'elles sont parfois difficiles à vivre. Il a l'élégance de clore le livre par un art littéraire qui tient en un paragraphe :
"Que faire ? Je rentrai chez moi. Je dormis deux jours. Le troisième jour, je m'assis devant ma machine à écrire. J'étais perdu. Je savais que je ne retrouverais jamais Warum. Elle avait dit qu'elle allait à Berlin. C'est quoi "Berlin" ? Un mot, sur une carte. Elle pouvait aussi bien être partie à Rome, à Boston, au Kenya, au cimetière. Je ne la reverrais pas - ni elle, ni Harriet, ni Eva, ni aucune autre, disparues dans ce monde foutu. J'étais seul. Écrire, voilà. Il me fallait écrire pour me sortir de cet enfer. Écrire. Écrire. Écrire. Écrire un roman. Y jeter la jeunesse, mon désir, ma force. La nature du roman, c'est la survie."
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Par admin,
dimanche 16 novembre 2025 à 16:30 :: "Les Petits Blancs" (2013)
La révolte des gaulois" (2020) constituait une continuation des "Petits Blancs" (Points Seuil 2013). Il m'a valu quelques inimitiés. L'Express, Marianne, Le Figaro se sont fendus de jolis papiers mais des éditeurs que je croyais amis m'ont claqué la porte au nez, des camarades ont fait la fine bouche et certains journalistes, si j'en crois des bruits de couloir, m'ont calomnié. Je ne cherchais pourtant qu'à souligner quelques enjeux de la question ethnique, sans prendre parti, dans un souci tout personnel d'essayer d'éclairer la situation (le mot Gaulois se voulait un clin d'oeil aux "Gaulois réfractaires" de Macron). Il faut croire que le sujet soit incandescent : sa simple évocation peut vous valoir d'être ostracisé. On ne m'y reprendra plus, je n'ai pas le goût du conflit. J'ai dit ce que j'avais à dire. Je me concentrerai maintenant sur des projets plus consensuels.
N'empêche que l'actualité me ramène souvent aux questionnements qui me taraudaient. Par exemple, cette récente saillie de Bégaudeau dans "Psychologies" (2025) : "Les Blancs vont disparaître et je ne les pleurerai pas. (...) Une dernière pensée pour les faces-de-craie avant l'extinction de l'espèce." J'avais précisément écrit une page, que je sentais osée, sur le fantasme implicite de certains chroniqueurs sur la disparition des Blancs, ces Blancs qu'ils estimaient par ailleurs ne pas exister - le paradoxe soulignant leur hostilité. J'avais eu peur d'en faire trop. Or, en quelques petites années, le fantasme est devenu non seulement explicite mais revendiqué. A vrai dire, je ne sais plus s'il faut en rire ou en pleurer. Dans le doute je ferai le choix d'en rire. 🙂
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samedi 1 novembre 2025
Par admin,
samedi 1 novembre 2025 à 14:55 :: Littérature française
On espère que les œuvres survivent à leurs auteurs. C'est assez rare. Le plus souvent, elles disparaissent corps et âmes. Parfois, les individus survivent plutôt par de petites choses inattendues, comme je le découvre en flânant au cimetière de Sainte-Adresse en ce jour de Toussaint. L'écrivain Hippolyte Fenoux (1842-1913, légion d'honneur) s'est fait faire une jolie pierre tombale, à la fois prétentieuse et amusante. Plus personne ne le lit, il n'est référencé nulle part, je doute même qu'il existe encore en bibliothèque. Mais son buste trône à l'entrée du cimetière, gaillard et souriant - parmi mille tombes modernes désespérantes d'uniformité. En voilà un qui a réussi sa disparition !
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jeudi 30 octobre 2025
Par admin,
jeudi 30 octobre 2025 à 14:39 :: Les bons Profs (2019)
Audrey Jougla dans sa
chronique chez Marianne évoque la question cruciale de la flamme chez le professeur, en citant "Les bons profs" (2019). J'y avais effectivement soulevé la question de l'énergie qu'on doit investir dans le métier si l'on veut tenir son marathon. Il ne s'agit plus seulement de sacerdoce ni de mystique, comme pourrait le laisser penser la dimension cérébrale de la fonction, mais de sport d'endurance et sur le très long terme !
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mercredi 29 octobre 2025
Par admin,
mercredi 29 octobre 2025 à 15:01 :: Voyages
L'automne promettait des averses mais il a fait beau. Édimbourg a brillé de couleurs singulières. Frustré de ne pas avoir recueilli davantage de signes arthuriens, j'ai prolongé ma lecture du formidable "Épée dans la pierre" de T.H. White, resté méconnu chez nous alors qu'il a inspiré le Merlin de Disney. Je me suis laissé cueillir par l'émotion : l'humour british laisse toute leur place à de belles pages sur les métiers du Moyen-âge et le passage des saisons. L'auteur me parlait précisément de cet automne que je voyais se déployer.
"Le soir, ils passaient leur temps à sauver les faucheux des flammes des bougies et des chandelles à mèche de jonc. Le jour, on mettait les vaches à brouter dans le chaume laissé par les faux des moissonneurs. Ok conduisait les cochons aux abords de la forêt et les garçons secouaient les branches des chênes pour les approvisionner en glands. Du grenier sortaient régulièrement les coups sourds et réguliers des fléaux."
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mercredi 29 octobre 2025 à 14:58 :: Voyages
Les légendes arthuriennes sont tellement lointaines qu'elles s'incarnent peu dans des lieux, des objets d'art. A Édimbourg on sent bien plus la présence de Walter Scott, célébré comme une divinité, et dans une moindre mesure de Stevenson, de Shelley, ou même de Jules Verne. Cependant le plus haut sommet du site, magistral, s'appelle Arthur's Seat, entérinant l'évidence de cette présence tutélaire.
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lundi 27 octobre 2025
Par admin,
lundi 27 octobre 2025 à 13:46 :: Voyages
Les deux choses que je guette en séjour rapide à Édimbourg, ce sont les traces (même fantasmatiques et naïves) de mythologie arthurienne et les plats traditionnels, loin des seuls fishs and ships. Pour moi les deux références littéraires en matière de peinture gastronomique sont Rabelais, de plus en plus cher à mon cœur, et Joyce. Dommage, ce dernier hante plutôt l'une des rives opposées ! Pas grave, je ne crois pas qu'Irlandais et Écossais soient vraiment ennemis.
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Par admin,
lundi 27 octobre 2025 à 13:44 :: Littérature française
De temps en temps je me laisse aller au polar. J'y ai de grandes joies comme de grandes déceptions. Souvent, le genre me paraît manquer de caractère en dépit de ses pétarades. Récemment c'est Léo Malet qui m'est tombé des mains. Son titre célèbre a du chien : "La vie est dégueulasse" ; le texte manque de vraies bonnes pages et d'une psychologie autre que sommaire. Autant lire Malet dans les versions illustrées par Tardi, le Gustave Doré du 20eme siècle : ses dessins, eux, sont vraiment forts en gueule.
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