La littérature sous caféine


vendredi 3 octobre 2025

Un goûter au cimetière (1/3)

Les invités-fantômes étaient attendus et ils auront fait des leurs : Pierre, passionné par les spectres, d'abord annoncé absent, puis déclaré présent, finalement absent ; Marc annoncé présent malgré son statut de fantôme (j'aimais l'idée de le taquiner) s'est fait porter pâle in extremis, retrouvant l'état de spectre que je m'amusais à lui maintenir. Jean-Fi de Belgique a hanté l'événement (j'ai offert les autocollants qu'il a conçus pour nous) mais il a perdu sa tête cartonnée dans je ne sais quelle péripétie logistique. Heureusement, un corbeau nous a tenu compagnie en croassant d'une tombe à l'autre (quelle veine, je venais de relire le Raven de Poe). Quant au charme que j'avais élu parmi les arbres du cimetière, il a manifestement fait son office de veilleur.

Femmes

Dounia Tengour avait parlé ici-même de "La Viveuse" (il en fallait du toupet pour aborder un sujet si sensible). Je la retrouve trois ans plus tard en historienne et narratrice passionnée, capable d'écrire un gros volume au rythme d'enfer tout en menant de main de maître sa carrière de journaliste. Jeanne la folle, Catherine d'Aragon, Annaëlle, Dounia... Nous en aurons fréquenté des femmes fortes !

mardi 30 septembre 2025

Fantômes au goûter

Comme d'habitude au Cercle potache nous aurons des fantômes, d'autant plus attendus que nous célébrerons la chose au cimetière. Et comme d'habitude certains de ces fantômes seront légitimes, d'autres tout à fait arbitraires - c'est la belle et dure loi de la pataphysique.

Guignon

Cherchant à me composer un bouquet de mes poèmes préférés de Baudelaire - il est vraiment le "poète impeccable", comme il qualifiait lui-même Théophile Gautier - je réalise que sa tonalité globale est décidément la tristesse. Même ses peintures du bonheur sont nostalgiques. Cela me retient de choisir beaucoup de ses pièces puisque dans mon bouquet j'aimerais des couleurs vives, pourquoi pas cruelles, mais dénuées de reflets trop dépressifs (Houellebecq est un grand dépressif, aussi, mais il est drôle). Alors je privilégie les élancées mystiques et les élans d'amour quand ils ne sont pas trop grinçants. Pourquoi pas même un peu de noirceur quand elle est étincelante, comme dans cette fin du poème Le Guignon, dont j'aime l'idée toute spirituelle d'un beau secret enfoui :

"Maint joyau dort enseveli
Dans les ténèbres et l'oubli,
Bien loin des pioches et des sondes ;

Mainte fleur épanche à regret
Son parfum doux comme un secret
Dans les solitudes profondes."

Je citerai sans doute ce Guignon au Goûter au cimetière

Les éditions Diane du Selliers ont eu la bonne idée d'associer ce poème à Odilon Redon

mardi 23 septembre 2025

Un goûter au cimetière



Venez donc parler des ombres et des absences !

Un goûter au cimetière
Evénement potache 6

Dimanche 28 septembre, de 15h à 17h, Père-Lachaise
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vendredi 19 septembre 2025

Habits

Quand j'étudiais à la Sorbonne, j'écoutais avec beaucoup de surprise toutes ces filles qui se passionnaient pour la littérature médiévale. Je ne comprenais pas d'où venait leur fascination. L'une d'entre elles écrivait un mémoire sur la description des habits dans les romans de geste et cette ultra-spécialisation me paraissait un mystère. Aujourd'hui je lis avec le plus vif intérêt la page que consacre Chrestien de Troyes à la tunique de la princesse dans "Erec et Enide". J'aurai donc mis trente ans à comprendre la beauté de ces admirables vieilleries.

Artémis

J'embête beaucoup les étudiants avec la mythologie. Ils prennent ça pour une culture momifiée ! Quelle énergie pourtant, quelle folie dans la moindre légende, le moindre éclat visuel. Témoin, cette hallucinante Artémis d'Éphèse découverte à Naples. On dirait un délire d'auteur SF sous stéroïdes, à mi-chemin entre Moebius et William Gibson.

mardi 16 septembre 2025

Venus erotica

Ce n'est pas mon genre de souligner les côtés contestables de l'écriture masculine, mais force est de constater qu'en matière d'érotisme les auteurs hommes ont une fâcheuse tendance au culte de la performance. Sade, Louÿs, Apollinaire, pour ne considérer que ces références, rivalisent d'extrêmités et de violences. On quitte le plaisir pour le délire mental. Vous me répondrez que Catherine Millet n'a rien à envier à ces ogres et que Léo Barthe - le meilleur d'entre tous ? - rivalise d'intensité stylistique. N'empêche que la tendance est là, et que je trouve par exemple chez Anaïs Nin une vision subtile et riche, néanmoins sans fadeur, que je peine à trouver chez ses équivalents masculins. Ou alors, peut-être, chez HD Lawrence ou Philip Roth ? Mais on y décèle quelques ferments de vantardise...