Sur un pilier de la cathédrale de Reims, un grylle se fait mordre par un oiseau du Paradis. Dans le "Cantique des oiseaux", Attar entame une quête vers la connaissance en compagnie de perroquets. De même, Eric Poindron place son inspiration sous le signe des volatiles avec son "Cabaret des oiseaux et des songes" (Éditions du passeur, 2024). Pour lui, ce sont des signes de présence, des modèles de joie. Embryons de récits, confidences, anecdotes, citations, aphorismes, esthétique badine et nostalgique, art poétique en pointillé, c'est un livre "à saut et à gambades" comme il en faudrait davantage pour faire pièce à notre époque. "Toujours cheminer léger et aux aguets avec l'illuminé et complice Jacques Cazotte lorsqu'il nous confie le juste mot d'ordre : "J'irai partout où me porteront la curiosité et la fantaisie."" Ça tombe bien, j'habite à cinq cent mètres du château de ce dernier ! Raison de plus pour aller papillonner...
Tiens, c'est chose faite : la fiction française, dûment soutenue par le CNC, s'empare enfin du thème abordé dans "La Viveuse". La série "Extra" parie sur l'humour et ce qu'on appelle l'inclusivité. J'avais misé, pour ma part, sur un équilibre entre franchise et sensibilité. La seule provocation tenait au sujet, et peut-être au final - je n'ai pas pu m'empêcher d'y lorgner vers Cronenberg
Interrogé par Zone critique dans leur numéro "Spectres" sur son intérêt conjoint pour le christianisme et le fantastique, François Angelier répond que "le christianisme propose un accès à la vérité à partir d'une forme de radicalité : c'est-à-dire dans l'expérience mystique." Je traverse précisément une période où je m'intéresse à ces deux dimensions, mysticisme d'un côté, littérature de genre de l'autre. Dans ce cadre, j'ai une tendresse particulière pour le tarot "Necronimicon" inspiré de Lovecraft. Et j'en suis à écrire à la fois des aphorismes spirituels et des histoires horrifiques...
En avril dernier je tournais cette vidéo sur la vie nocturne de Bourbon Street, dans le French Quarter de la Nouvelle-Orléans. L'attentat qui vient d'avoir lieu confirme paradoxalement son statut d'emblème, celui d'une fusion entre l'énergie primitive américaine et un certain art de vivre européen. Si le cœur incandescent du melting pot libéral existe, il se situe dans ces quelques rues.
Enfant, j'ai rêvé d'une belle colline verdoyante au-dessus de laquelle miroirait le mot "Bonheur". Depuis, je guette les collines aux proportions parfaites et aux couleurs avantageuses. C'était l'une de mes quêtes lors de mon séjour de l'automne dans le Morvan. Hélas, je n'en ai pas vu de vraiment séduisante. Et il me faut résider quelques jours à Lille pour découvrir enfin, au Palais des Beaux Arts, une vision de ce genre inspirée en marge du Morvan, en cette colline de Vézelay peinte par Marguerite Dubuisson.
J'aime beaucoup Sarah Kane et j'aime beaucoup la performance de Sophie Cadieux au théâtre de La Villette, mais c'est toujours assez drôle de voir combien "4:48 Psychose", cette pièce de la folie, de la rage, de la pulsion autodestructrice, est devenue l'une des pièces maîtresses du répertoire chic. Pour ce cri de révolte les moyens se multiplient, les mises en scène rivalisent de sophistication. Peut-être la bourgeoisie culturelle continue-t-elle à se penser rebelle ?
Au dîner du cochon, l'acoustique était meilleure qu'au dîner de l'escargot - malgré nos rires de gorets. Nous avons mieux tenu le thème. Je n'ai pas eu à appliquer de sanctions pour des plaisanteries graveleuses, en dépit de la présence d'une gravure explicite de Hans Bellmer et d'un beaujolais de caractère. En revanche, les jeux de mots ont fleuri. Au moment de manger l'oreille, sans que je comprenne s'il fallait l'avaler tout à fait, j'ai bien sûr pensé au Blue Velvet de Lynch. Nous avons lu du Rabelais et du Lisa Delille, et la Rirette a passé sur les lèvres. Des histoires de famille ont circulé, des anecdotes porcines, des statistiques personnelles, des critiques à la hache - nous nous sommes étripés sur Mouret et Bouillier. D'autres idées ont émergé pour de futures soirées potaches, flirtant avec l'humour noir : nuit au cimetière, dîner des meilleurs ennemis... Christie s'est fait dédicacer par chacun un livre qui n'était pas le sien. Dans les dernières minutes, puisqu'il s'agissait de nous en tenir à deux heures, j'ai pressé les convives de placer leurs ultimes références. Le niveau sonore a grimpé, il y a eu des éclats de joie paillarde dont je ne peux pas diffuser le contenu ici.
Par admin,
vendredi 3 janvier 2025 à 11:58 ::Vie littéraire
"Je lutte contre la grossophobie littéraire !" clame Grégoire Bouillier en préambule de la présentation de son dernier roman par Sébastien Reynaud (Zone critique). "Quand un lecteur se plaint de l'épaisseur de mon livre, je lui réponds que mon livre n'est pas gros. C'est lui qui n'a pas le temps de lire !" S'ensuit une passionnante discussion sur le syndrome de Florence. Celle-ci me rappelle un vieux billet écrit ici même, à propos du fait que certaines œuvres d'art avaient le don, bien placées dans un musée, de me foudroyer - surtout quand il fait froid ! En ce moment, les circonstances y sont favorables...
C''est étrange, je me plonge à corps (esprit, coeur...) perdu dans les mystiques parce que leurs livres répondent à des intuitions qui m'ont suivi depuis des années (que dis-je, des décennies). Jusqu'à maintenant, je ne parvenais pas à les théoriser. Je me contentais d'en parsemer quelque-uns de mes romans. A vrai dire, je suis un mystique laïc ! Je ne crois pas en Dieu mais je recherche malgré tout cette "fine pointe de l'esprit" en contact avec un plan supérieur de compréhension. Cela fait un peu peur, dit comme ça, mais il s'agit d'un monde apaisant. Désormais je fréquente un peu moins les romans, davantage ces livres étranges aux titres magnétiques : La nuit obscure, Le château intérieur, Le livre des oeuvres divines...