"Petits Blancs et bonnes consciences" (Eric Zemmour, Le Figaro)
Par admin, jeudi 5 décembre 2013 à 23:39 :: "Les Petits Blancs" (2013) :: #750 :: rss
Article d'Eric Zemmour dans le Figaro du 5/12/2013, à propos des "Petits Blancs" et "De quelle couleur sont les Blancs ?" (La Découverte, novembre 2013) :
"Un voyage dans la France d'en bas des petits Blancs et un voyage dans la France d'en haut des consciences antiracistes. Entre souffrance et arrogance.
Traduire, c'est trahir. Et se trahir. Là où les Américains parlent de White trash, les Français traduisent « petit Blanc ». Là où les Américains assument deux fois, et la race et la déchéance, les Français adoucissent, euphémisent, aseptisent. Là où les Américains décrivent un des effets majeurs de la modernité multi-culturelle, les Français se croient obligés de passer par un terme désuet de la période coloniale. Tout au long de son « voyage dans la France d'en bas », écrit dans un style soigné d'agrégé de lettres et une prudence politiquement correcte de prof, Aymeric Patricot décrit avec empathie mais sans fard la condition désespérée de ces chômeurs, précaires, femmes élevant seules leurs enfants, vivant d'aide sociale et d'ex-pédients, tout cet univers que les œillè-res idéologiques et la légèreté médiatique ont exclusivement accolé aux populations issues de l'immigration arabo-africaine.
Misère financière, misère sociale, misère psychique, misère familiale, misère sanitaire même, Patricot laisse parler ses interlocuteurs qui lui confient leurs malheurs, leur sentiment de déchéance, leur haine des autres et de soi ; jusqu'à la misère sexuelle des jeunes prolétaires blancs qui, éduqués dans l'univers du féminisme occiden-tal, ne peuvent rivaliser avec la virilité ostentatoire de leurs concurrents noirs ou arabes, qui séduisent nombre de jeunes femmes blanches, blondes de préférence, comme le prouve le succès du site blanchablacks.com, que Patricot interprète comme la revanche symbolique de la colonisation, sans voir qu'il exprime aussi l'antique attrait des femmes pour le mâle dominant, le vainqueur, à l'instar de ces Françaises qui couchèrent pendant la Seconde Guerre mondiale avec des soldats allemands puis américains.
Quand on quitte Les Petits Blancs et qu'on ouvre De quelle couleur sont les Blancs ?, on change d'univers. On passe des dominés aux dominants, des ignorants aux sachants ; le ton humble devient arrogant ; certains se vantent de leur statut de « traître » à la France, traître aux « Blancs » ; d'autres veulent poursuivre le combat de la décolonisa-tion cinquante ans après les Indépen-dances. Brusquement, on vire de la réalité à l'idéologie, du témoin au militant.
Qu'ils soient historiens, sociologues, journalistes, tous les intervenants nous expliquent que le blanc n'est pas une couleur, que les races n'existent pas, mais que les racistes sont haïssables, qu'un Blanc, même petit, peut être un opprimé, mais est condamné pour l'éternité à être un dominant, alors qu'il est la grande victime de l'époque, que c'est sur son dos que s'est faite la mondialisation, ses emplois ayant été délocalisés en Inde ou en Chine, qu'il doit supporter la promiscuité de familles d'immigrés vivant comme « là-bas », pour lequelles il n'est plus un modèle à suivre, et qui lui imposent l'incroyable condition d'être minori-taire dans son propre pays ; et qu'il subit de surcroît les leçons de morale des bourgeois antiracistes qui ont seu-lement les moyens de se protéger, eux et leurs enfants, des ravages du multi-culturalisme. La triple peine.
Mais aux yeux de nos brillants esprits, tout cela n'existe pas ; ou plutôt, tout cela existe au niveau individuel (on peut se faire traiter de sale Français et de sale Blanc) mais pas au niveau idéologique et politique, car le Blanc est à tout jamais le colon raciste qui fait suer le burnous à l'Arabe et met des fers à l'es-clave noir. On sim-plifie ? Non, on synthétise. Chacun son style, chacun son discours. Mais ces pseudo-savants s'obstinent à voir dans la colonisation un universalisme blanc, alors que c'était un universalis-me français ; une domination qui préfi-gure la hiérarchie raciale des nazis, alors que c'était un Empire romain, où tous avaient vocation - un jour mais pas à n'importe quel prix - à endosser la toge. Même Charles Maurras a toujours rejeté avec dédain les délires racistes des nazis. Trop catholique, trop romain, trop politique.
Mais ils sont tellement enivrés d'idéologie qu'ils croient tout le monde à leur image ; ils ont tellement l'habitude de « déconstruire » pour nier la réalité, qu'ils prêtent aux autres leurs propres turpitudes. Les lire l'un après l'autre, c'est plonger dans notre malheur. D'aujourd'hui et de demain.
L'obsession de la colonisation - encore un passé qui ne passe pas - a entraîné le refus véhément de l'assimilation, vue comme un insupportable héritage de cette période, et une preuve indélébile du racisme des « Blancs » à l'égard des « basanés », alors qu'elle fut - il faut relire Braudel - le moyen le plus efficace pour favoriser « l'intégration sans douleur » de générations de Belges, Italiens, Espagnols, Polonais, et même de Kabyles ou de Sénégalais. Le rejet de l'assimilation entraîna l'échec de l'intégration - et non l'inverse -, puis la multiplication des discours victimaires et l'émergence des politiques de discrimination positive, c'est-à-dire une préférence accordée uni-quement en raison de ses origines : le retour du principe aristocratique dans la République.
Enfin, le refus de l'assimilation, joint à l'effet de masse de la démographie, provoquait dans de nombreux quartiers l'instauration d'un mode de vie étranger sur le territoire français, forçant les petits Blancs à se soumettre (jusqu'à la conversion à l'islam) ou à se démettre (c'est-à-dire fuir dans le fameux pé-riurbain). En clair, la référence obsessionnelle à la colonisation - de ses injustices, de ses souffrances, et de ses humiliations - a conduit à une contre-colonisation sur le territoire français menée au nom d'un projet « décolonisateur ». Des militants arabes d'extrê-me gauche ont même eu le culot de se qualifier d'« indigènes de la Républi-que », comme si les descendants des colonies nord-africaines de la France étaient à jamais des « indigènes » -c'est-à-dire des victimes - confinant les Français, même sur leur propre sol, celui de leurs ancêtres, dans le rôle éternel de colons - c'est-à-dire des exploiteurs racistes. Rien n'aura été épargné aux petits Blancs."
"Un voyage dans la France d'en bas des petits Blancs et un voyage dans la France d'en haut des consciences antiracistes. Entre souffrance et arrogance.
Traduire, c'est trahir. Et se trahir. Là où les Américains parlent de White trash, les Français traduisent « petit Blanc ». Là où les Américains assument deux fois, et la race et la déchéance, les Français adoucissent, euphémisent, aseptisent. Là où les Américains décrivent un des effets majeurs de la modernité multi-culturelle, les Français se croient obligés de passer par un terme désuet de la période coloniale. Tout au long de son « voyage dans la France d'en bas », écrit dans un style soigné d'agrégé de lettres et une prudence politiquement correcte de prof, Aymeric Patricot décrit avec empathie mais sans fard la condition désespérée de ces chômeurs, précaires, femmes élevant seules leurs enfants, vivant d'aide sociale et d'ex-pédients, tout cet univers que les œillè-res idéologiques et la légèreté médiatique ont exclusivement accolé aux populations issues de l'immigration arabo-africaine.
Misère financière, misère sociale, misère psychique, misère familiale, misère sanitaire même, Patricot laisse parler ses interlocuteurs qui lui confient leurs malheurs, leur sentiment de déchéance, leur haine des autres et de soi ; jusqu'à la misère sexuelle des jeunes prolétaires blancs qui, éduqués dans l'univers du féminisme occiden-tal, ne peuvent rivaliser avec la virilité ostentatoire de leurs concurrents noirs ou arabes, qui séduisent nombre de jeunes femmes blanches, blondes de préférence, comme le prouve le succès du site blanchablacks.com, que Patricot interprète comme la revanche symbolique de la colonisation, sans voir qu'il exprime aussi l'antique attrait des femmes pour le mâle dominant, le vainqueur, à l'instar de ces Françaises qui couchèrent pendant la Seconde Guerre mondiale avec des soldats allemands puis américains.
Quand on quitte Les Petits Blancs et qu'on ouvre De quelle couleur sont les Blancs ?, on change d'univers. On passe des dominés aux dominants, des ignorants aux sachants ; le ton humble devient arrogant ; certains se vantent de leur statut de « traître » à la France, traître aux « Blancs » ; d'autres veulent poursuivre le combat de la décolonisa-tion cinquante ans après les Indépen-dances. Brusquement, on vire de la réalité à l'idéologie, du témoin au militant.
Qu'ils soient historiens, sociologues, journalistes, tous les intervenants nous expliquent que le blanc n'est pas une couleur, que les races n'existent pas, mais que les racistes sont haïssables, qu'un Blanc, même petit, peut être un opprimé, mais est condamné pour l'éternité à être un dominant, alors qu'il est la grande victime de l'époque, que c'est sur son dos que s'est faite la mondialisation, ses emplois ayant été délocalisés en Inde ou en Chine, qu'il doit supporter la promiscuité de familles d'immigrés vivant comme « là-bas », pour lequelles il n'est plus un modèle à suivre, et qui lui imposent l'incroyable condition d'être minori-taire dans son propre pays ; et qu'il subit de surcroît les leçons de morale des bourgeois antiracistes qui ont seu-lement les moyens de se protéger, eux et leurs enfants, des ravages du multi-culturalisme. La triple peine.
Mais aux yeux de nos brillants esprits, tout cela n'existe pas ; ou plutôt, tout cela existe au niveau individuel (on peut se faire traiter de sale Français et de sale Blanc) mais pas au niveau idéologique et politique, car le Blanc est à tout jamais le colon raciste qui fait suer le burnous à l'Arabe et met des fers à l'es-clave noir. On sim-plifie ? Non, on synthétise. Chacun son style, chacun son discours. Mais ces pseudo-savants s'obstinent à voir dans la colonisation un universalisme blanc, alors que c'était un universalis-me français ; une domination qui préfi-gure la hiérarchie raciale des nazis, alors que c'était un Empire romain, où tous avaient vocation - un jour mais pas à n'importe quel prix - à endosser la toge. Même Charles Maurras a toujours rejeté avec dédain les délires racistes des nazis. Trop catholique, trop romain, trop politique.
Mais ils sont tellement enivrés d'idéologie qu'ils croient tout le monde à leur image ; ils ont tellement l'habitude de « déconstruire » pour nier la réalité, qu'ils prêtent aux autres leurs propres turpitudes. Les lire l'un après l'autre, c'est plonger dans notre malheur. D'aujourd'hui et de demain.
L'obsession de la colonisation - encore un passé qui ne passe pas - a entraîné le refus véhément de l'assimilation, vue comme un insupportable héritage de cette période, et une preuve indélébile du racisme des « Blancs » à l'égard des « basanés », alors qu'elle fut - il faut relire Braudel - le moyen le plus efficace pour favoriser « l'intégration sans douleur » de générations de Belges, Italiens, Espagnols, Polonais, et même de Kabyles ou de Sénégalais. Le rejet de l'assimilation entraîna l'échec de l'intégration - et non l'inverse -, puis la multiplication des discours victimaires et l'émergence des politiques de discrimination positive, c'est-à-dire une préférence accordée uni-quement en raison de ses origines : le retour du principe aristocratique dans la République.
Enfin, le refus de l'assimilation, joint à l'effet de masse de la démographie, provoquait dans de nombreux quartiers l'instauration d'un mode de vie étranger sur le territoire français, forçant les petits Blancs à se soumettre (jusqu'à la conversion à l'islam) ou à se démettre (c'est-à-dire fuir dans le fameux pé-riurbain). En clair, la référence obsessionnelle à la colonisation - de ses injustices, de ses souffrances, et de ses humiliations - a conduit à une contre-colonisation sur le territoire français menée au nom d'un projet « décolonisateur ». Des militants arabes d'extrê-me gauche ont même eu le culot de se qualifier d'« indigènes de la Républi-que », comme si les descendants des colonies nord-africaines de la France étaient à jamais des « indigènes » -c'est-à-dire des victimes - confinant les Français, même sur leur propre sol, celui de leurs ancêtres, dans le rôle éternel de colons - c'est-à-dire des exploiteurs racistes. Rien n'aura été épargné aux petits Blancs."
COMMENTAIRES
1. Le mercredi 11 décembre 2013 à 16:55, par Mathieu Segaud
2. Le jeudi 12 décembre 2013 à 12:17, par Amicalement vôtre
3. Le jeudi 12 décembre 2013 à 17:51, par aymeric
4. Le jeudi 12 décembre 2013 à 17:54, par aymeric
5. Le jeudi 12 décembre 2013 à 20:05, par Amicalement vôtre
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