La littérature sous caféine


mercredi 29 novembre 2006

Euphorie

J'ai tellement pris l'habitude, dans les couloirs du lycée, de dire bonjour à des profs que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, qu'il m'arrive sur le chemin du retour vers le Rer d'adresser un franc salut à des inconnus.

mardi 28 novembre 2006

Le coq de Rimbaud

Lecture en classe du beau poème d’Arthur Rimbaud, Aube, commençant par le fameux : « J’ai embrassé l’aube d’été ».

Le poète avance dans la nature, précède le soleil et court annoncer la nouvelle au coq. Un élève au premier rang, sincèrement consterné par l’attitude de Rimbaud, s’exclame :
« Ouah, il a pas d’amis ou quoi ? Il parle au coq !!! »

lundi 27 novembre 2006

Le roman d'Azima (4)

Témoignage touchant d’une lectrice : elle m’avoue par mail avoir été violée, très jeune, par un homme de sa famille, et me dit avoir ressenti la même chose qu’Azima : le besoin, au moment du traumatisme, de dissocier le corps et l’esprit, et d’observer froidement les choses.

Evidemment, il est délicat d’en tirer de la fierté par rapport à l’écriture d’Azima. Que vaut un roman face à la douleur qu’éprouve une personne réelle ? Sur le coup, je me suis senti ridicule.

N’empêche que ce témoignage est un vrai compliment pour Azima : celui de la justesse psychologique, celui du portrait de femme – tout ce qui l’éloigne, en fait, du simple croquis sociologique. Azima reste, bien avant d’être un roman de banlieue, tentative de cerner quelques réflexes de l’esprit.

mercredi 8 novembre 2006

Le roman d'Azima (1)

Plus de deux mois maintenant après la sortie d’Azima, bilan plus que mitigé des ventes… La déception passée, reste à comprendre. Il me semble qu’une des raisons en est le sujet : les récits de viols en banlieue n’attirent pas les foules, abreuvées déjà de faits divers tous plus sordides les uns que les autres.

On me dit souvent, d’ailleurs : « J’ai bien aimé ton livre, et j’avoue que je ne l’aurais pas lu si je ne te connaissais pas… Le contenu vaut mieux que le thème. » Je me suis dit qu’en ce moment on ne s’intéressait pas aux discours "neutres" sur la banlieue - ceux qui ne privilégient ni l’optimisme, ni la rage. Le mien se veut simple constat romanesque – il ne fait ni l’apologie, ni le procès de quoi que ce soit.

mardi 7 novembre 2006

Sublime copie

Je corrige une copie que je trouve singulièrement parfaite – l’élève avait semble-t-il appris le cours par coeur. A la troisième page cependant (je précise qu’il s’agissait de feuilles volantes), je trouve un paragraphe ne correspondant pas aux questions. Je crois me rappeler qu’il s’agissait d’un paragraphe dicté en cours… Et je réalise que la page en question n’est autre qu’une page de cours, glissée dans le corps du devoir. Pas de doute, l'élève, paniquant en fin d’heure, s’est emmêlé les pinceaux dans sa gestion des pages sur sa table… Il était à deux doigts d’avoir 18, il aura 0.