La littérature sous caféine


jeudi 29 août 2024

Douce Bretagne



Côte de granit rose... Manoirs gothiques et massifs de pins... Partout, des calvaires et des chapelles à l'intimité sombre... Non loin de là, Renan pratiquait un christianisme qu'il s'appliquerait bientôt à rationaliser. Cela me fait penser à CG Jung, qui me nourrit depuis quelques mois et pour qui le christianisme, prolongeant les paganismes, continue à structurer une partie significative de l'inconscient occidental. Serions-nous ces fameux catholiques zombies que brocardait Emmanuel Todd ? Sans doute, oui, mais dans un sens tellement plus fécond que ne l'entend la pauvre sociologie...

"Tout ce que nous pensons est le fruit du Moyen Âge et singulièrement du moyen âge chrétien. Notre science elle-même et, en bref, tout ce qui se meut dans nos cerveaux est nécessairement façonné par cette ère qui vit en nous et qui constituera, jusque dans les époques les plus lointaines, une couche de notre psyché."

dimanche 25 août 2024

Douce Ardèche

Par le hasard de mes pérégrinations, je tombe sur trois sites chers au coeur d'Alphonse Daudet : sa maison d'enfance en Ardèche, la ville de Tarascon rendue célèbre par Tartarin, l'éminent moulin présidant aux lettres du même nom... J'aime ces écrivains-monuments que plus personne ne lit mais qui ont laissé dans l'imaginaire collectif des sortes de rocs sonores. La chèvre de Monsieur Seguin, l'Arlésienne, Tartarin... Autant de petits chefs-d'œuvre qui n'ont pas pris une ride et qu'il ne faut pas avoir honte de relire. Daudet était une star, à l'époque. Sa plume était alerte et comme chez La Fontaine une certaine mélancolie teintée d'amertume se laissait deviner sous les sourires. Il faut l'aimer comme ces vieilles pierres que l'on entretient par instinct.

France-USA

"Helena" de Jérémy Fel (Payot 2018), mon thriller de l'été... Une once de Bret Easton Ellis pour les névroses écrasées de soleil, trois onces de Stephen King pour l'épouvante (on retrouve les motifs du garçon supplicié et de l'angoisse de l'enfermement), le tout servi par une prose fluide. La structure est originale puisque le personnage éponyme n'apparaît qu'à l'épilogue. Seul regret : les auteurs français plaçant leur fiction sur le sol américain me donnent toujours l'impression de s'inscrire dans les pas d'un imaginaire qui n'est pas exactement le leur. D'une certaine manière, ils font le choix de rendre hommage.

vendredi 2 août 2024

Doux Arcachon

"Ce grand foisonnement végétal, d'un vert luxuriant, un peu gras, faisait lever en lui un sentiment de bonheur, de puissance et d'enthousiasme tranquille. Bien qu'il fût très satisfait de sa condition d'homme, il éprouva moment l'envie d'être un arbre, par exemple un orme au bord de la rivière. Il avait ses racines dans la bonne terre humide du rivage. La vapeur de l'eau tiède montait dans ses feuilles, y déposait une buée grasse et, portées par la sève, il sentait dans son corps, dans ses branches et dans ses rameaux, toute la richesse et toute la bonté de la terre."

Dans le merveilleux "Uranus" de Marcel Aymé, le sentiment de la nature comme contrepoint à la violence et la médiocrité des hommes.

Douce Valence

Valence est un magnifique endroit pour attaquer la lecture de Don Quichotte. La chaleur est écrasante, le baroque brille de mille feux, les clins d'oeil à l'ingénieux hidalgo sont légion, et dans la cathédrale il y a ce Saint Calice que je ne m'attendais pas à trouver là, autrement dit ce Graal structurant cette geste arthurienne que Cervantès s'amuse à taquiner. Plaisir de la littérature mêlée des lieux, des atmosphères...