La littérature sous caféine


Soyons sérieux, Tortue Géniale !



J’ai repris depuis quelques semaines maintenant le petit cours (2 heures par semaine) (intitulé Lecture / Ecriture) que je donne à Sciences-Po, devant une vingtaine d’élèves de première année. C’est toujours un plaisir de présenter les auteurs qu’on aime, auprès d’un public motivé. J’ai commencé comme l’année précédente par l’étude de quelques auteurs japonais, mais je suis tombé cette fois-ci sur des spécialistes de culture nippone (du moins, de culture télévisée nippone) qui n’ont pas oublié de me reprendre quand ils me considéraient un peu léger sur certains points d’érudition.

J’ai par exemple plaisanté sur le fait que les auteurs japonais présentaient souvent des personnages de vieillards libidineux, comme dans le classique de Kawabata, Les Belles Endormies, dont l’action se passe dans une auberge où des hommes âgés, si possible impuissants, payent pour passer la nuit avec de jeunes vierges, qu’ils ne sont pas censés toucher.

Cela me rappelait fortement le personnage de Tortue Géniale, ce vieillard sémillant apparaissant dans la série Dragon Ball, qui demandait à Son Gôku d’aller s’entraîner dans la montagne pendant qu’il s’amusait à reluquer les donzelles de passage. Un élève est venu me voir en fin de cours pour me dire que ça se voyait que je n’étais pas un spécialiste de Dragon Ball, car Tortue Géniale n’est pas vraiment un vieillard, mais un immortel, ou quelque chose approchant… J’ai pu constater de cette manière que la culture manga, qui se développait à peine lorsque j’étais ado, a fait de surprenant progrès ! Je réviserai mes classiques, la prochaine fois…

« « Et veuillez éviter, je vous en prie, les taquineries de mauvais goût ! N’essayez pas de mettre les doigts dans la bouche de la petite qui dort ! Ça ne serait pas convenable ! » recommanda l’hôtesse au vieil Eguchi. (…) Les dents de la fille sous le doigt d’Eguchi paraissaient au toucher enduites d’une substance légèrement visqueuse. L’index du vieillard, glissant entre les lèvres, suivit la rangée des dents. Deux fois, trois fois dans un sens, puis dans l’autre. » (Les Belles Endormies, Livre de Poche, p 5 / p 43)

COMMENTAIRES

1. Le mercredi 14 mai 2008 à 14:27, par Olympe

Les cours de lecture... Aaaah, ça ne nous rajeunit pas ! :) Moi, c'est pendant ces cours que j'ai découvert Aimé Césaire, Raphaël Confiant et Patrick Chamoiseau. Bonne idée de quitter les classiques et d'aborder des mondes moins connus (quoique dans ton cas, les "jeunes" semblent bien connaître la littérature nipponne...) Bonne continuation en tout cas, ça doit être une belle expérience !

2. Le mercredi 14 mai 2008 à 22:01, par pat

le fac m'avait d'ailleurs un peu déçu à ce niveau-là : j'avais trouvé l'enseignement globalement poussif, lent, sans passion... (mis à part un ou deux profs)
(mais je fais abstraction de l'agreg, qui vous oblige vraiment à bosser en profondeur pas mal d'auteurs que vous auriez à peine connus sinon)

3. Le lundi 10 janvier 2011 à 02:40, par Easetget-web

tres interessant, merci

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