La littérature sous caféine


samedi 20 décembre 2025

Humours

Placés sous le feu nourri des questions imparables de Pierre P. (Le style, le rapport à l'époque, la politique...), à la Librairies des Oiseaux rares ce vendredi 5 décembre, nos trois romanciers (Patrice Jean, Pierre Cormary, Gabriel Boksztejn) en sont arrivés à la conclusion qu'un bon roman proposait forcément une dimension comique puisque celle-ci fait partie de la vie. Il est vrai que ces trois-là, pas mécontents de ferrailler avec l'époque, portent un regard féroce sur leurs contemporains. Pourtant les romans drôles restent assez rares, je trouve - il faut savoir les apprécier pour ça. Moi-même, j'avoue n'avoir publié que cinq romans tout à fait non-drôles... Même, dramatiquement sérieux ! Malgré tout je me soigne, puisque je me suis promis d'ouvrir une décennie d'écriture légère (dont la création du Cercle potache est une émanation). Par ailleurs une amie m'a récemment avoué qu'elle avait beaucoup ri en lisant "La Viveuse"... J'ai d'abord cru à une vacherie, mais non : elle a bien perçu du burlesque dans ces aventures que tellement d'autres ont considérées comme sordides. Il ne me resterait donc qu'à épanouir une veine dont j'étais à peine conscient... Redonnant ainsi raison à nos conférenciers !

Ronds

Depuis trois jours, pensant à la soirée géométrie du Cercle potache, j'ai tendance à voir des carrés, des triangles, des ronds partout... D'où mon plaisir et ma surprise à découvrir l'étonnant reliquaire de Notre-Dame contenant la couronne d'épines, qui s'est bientôt soulevée pour déambuler dans la cathédrale comme chaque premier vendredi du mois. Les formes géométriques ne sont pas mortes ! Un futur convive me confiait qu'il n'aimait pas les cercles, symboles d'éternel retour, parce qu'il fuit sa jeunesse comme la peste. J'y vois plutôt l'éternité... Nous en reparlerons demain !

mardi 16 décembre 2025

Pierre à feu

Il n'y aura pas d'invité fantôme à la soirée géométrie (l'exercice se prêtait davantage au Père-Lachaise ou aux histoires de famille) mais un invité d'honneur, un invité qui s'imposait puisque son nom pourrait avoir inspiré le principe même de cette soirée : Pierre Poligone. Comment ne pas s'en réjouir ? Nous célébrerons la magie des mots, la magie des hasards, la magie des formes, et la verve de Pierre fera des étincelles - Pierre à feu !

Goths

Sublime exposition "Gothiques" au Louvre-Lens. Je fonds en amour pour les gargouilles, les perspectives monumentales, le romantisme noir, à l'heure où je deviens à la fois obsédé par la mystique et par le romanesque des légendes de toutes sortes, qu'elles nous viennent du monde grec ou des brumes du nord (ici, cet homme souriant n'est rien moins qu'un tentateur diabolique). La lecture de Jung n'est pas pour rien dans mon éveil à cette richesse des "images élémentaires", dont je compte d'ailleurs m'inspirer pour animer la soirée potache "géométrie" de dimanche. A priori, il n'existe aucun point commun entre le gothique et les triangles, les carrés, et pourtant...

lundi 15 décembre 2025

Soirée géométrie

soirée géométrie
Événement potache 7

A vos crayons !
Venez mettre vos vies
En courbes et formules

Dimanche 7 décembre, de 20h à 22h
Restaurant La Rotonde

Tengour, Merle, Druon

Je lis peu de ce qu'on pourrait appeler "les romans historiques", toutes ces fictions développées sur un arrière-fond lointain, que les personnages soient inventés, romancés ou inspirés de figures réelles. Il y a finalement mille degrés dans le genre. Je me souviens du virevoltant "Fortune de France" de Robert Merle sur fond de guerres de religion - le romanesque fonctionnait à plein, tout en peignant la vie quotidienne. Je me souviens des "Rois maudits" de Maurice Druon, prenant place avant la Guerre de cent ans, d'une écriture plus dense, cernant les intrigues terrifiantes des cours et des palais. Avec Dounia Tengour et son "Catherine d'Aragon et Jeanne la Folle" (Perrin 2025) je découvre une écriture précise et sobre, au présent, collant à la vérité historique mais donnant sa chance à l'effet de réel et à la dramatisation. J'avoue être admiratif de ces plumes qui parviennent, par je ne sais quel miracle de travail et de talent, à donner cette sensation d'ampleur et de profusion... Quelle ambition ! Quel vertige !

dimanche 23 novembre 2025

Gothique français

L'épouvante, le gothique, le bizarre ont mauvaise presse en France - sauf s'ils sont estampillés américains. Alors il faut saluer les plumes dans ces genres-là quand elles sont de qualité. Raphaël Eymery proposait en 2017 un roman tout à fait singulier, "Pornarina" (Denoël, Prix Sade du premier roman 2017), outrancier par ses thèmes, baroque par sa composition, élégant par son écriture, mélange détonnant d'enquête et d'horreur sur fond de psychopathie et de détracage sexuel. Jusqu'au bout la prostituée-à-tête-de-cheval restera mystérieuse pour mieux hanter le lecteur. Hâte de découvrir les autres pépites d'Eymery, passées et à venir !

Encore raté

Encore une occasion ratée pour le cinéma français d'adapter de manière convaincante la légende arthurienne ! Alexandre Astier est brillant dans le burlesque mais en lorgnant vers l'épique il perd son souffle (Kaamelott 2 (2025)). L'épopée peut tolérer quelques incursions comiques, elle ne survit pas au format du sketch, surtout quand l'intrigue se perd en une multitudes de quêtes si éloignées du corpus originel qu'on se demande bien quel est leur sens.

Dommage. Le cinéma français a pourtant su s'inspirer de Balzac, Dumas, Zola... Pourquoi butte-t-il sur l'écueil du Graal, dont la France a pourtant fourni des jalons essentiels ? Si Astier s'en était tenu à l'héroï-comique, il aurait pu rivaliser avec les Monty Python. Je n'ose même pas regarder la version de Rohmer et de Luchini, j'aurais peur qu'elle me gâche à la fois Chrestien de Troyes et Rohmer !