Dans la scène la plus forte de « Presque » (janvier 2022), le personnage campé par Campan renonce à la prostituée qu’il s’était promise et celle-ci, attendrie par le jeune handicapé joué par Alexandre Jollien, décide d’offrir à ce dernier sa première nuit d’amour. Sans doute certains estimeront-ils que ce personnage de prostituée joué par Marie Benati, belle, sympathique, intelligente, souriante, distinguée, capable d’offrir ses charmes par simple souci d’humanité, relève du simple fantasme masculin. N’empêche que cela donne une scène où Jollien joue très bien la panique qui peut s’emparer d’un homme qui n’a jamais connu l’amour et qui, détournant la tête, bafouille des phrases d’angoisse comme : « Tu vas te salir… » Il s’agit sans doute ici du moment où Jollien exprime avec le plus de profondeur ses peurs et sa fragilité, films et livres confondus. C’est aussi cette fragilité que j’ai cherché à saisir dans plusieurs scènes de « La Viveuse ».