C’est assez drôle de lire, ici ou là, chez des féministes ou plus généralement chez des auteures, un certain désarroi devant leurs goûts en matière de porno (notons que le porno vit une certaine banalisation) : elles avouent trouver du plaisir aux vidéos classiques, conçues pour les hommes et souvent dénoncées comme telles, car mettant en scène des rapports non pas forcément de domination mais de soumission des femmes au plaisir de l’homme. Force est de constater que le porno féministe, woke ou antipratiarcal les ennuie ! Je pense notamment aux livres de Mona Chollet, « Réinventer l’amour » (La Découverte, 2021), et à celui de Claire Richard, « Les chemins de désir » (Seuil, 2019).

Comment l’interpréter ? Persistance d’un inconscient de soumission soufflé par le patriarcat dans les tréfonds de la chair ? Ou bien – mais cette thèse a quelque chose d’inacceptable aujourd’hui – y aurait-il des fantasmes et des rapports sexuels intangibles, une constance biologique dont aucune révolution ne viendra à bout ?

J’avoue ne pas avoir la réponse. Il semblerait en tout cas que la sexualité hétérosexuelle et basiquement genrée ait encore de beaux jours devant elle – pour La Viveuse, je ne me suis d’ailleurs pas aventuré sur le terrain des questions de genre, les thèmes croisés du handicap et de la sexualité hétérosexuelle générant déjà suffisamment de points sensibles.