Dans « La sagesse espiègle » (2018), celui qui est devenu la véritable égérie des handicapés, Alexandre Jollien, se livre à une surprenante confidence : il a connu une addiction aux jeunes éphèbes, d’abord par webcam, puis par le biais de l’escorting. Bien sûr, de nombreux lecteurs l’ont pris comme un aveu d’homosexualité, mais il n’en est rien, nous assure-t-il. Comme il l’écrit dans le livre, il s’agissait pour lui de s’abreuver au spectacle de corps en pleine santé, mais aussi de renouer avec la sensation d’un corps acceptable. Il avance bien quelques scrupules (« La souffrance ne donne aucun droit »), vite oubliés. Le simple fait d’observer quelqu’un d’éminemment normal et d’être approché de lui revêt quelque chose de miraculeux. A côté, les techniques de méditation paraissent dérisoires. L’auteur décrit ce recours aux escorts comme une passade à la fois honteuse et éphémère, et finit par rire de cette « pâlotte paire de fesses » qui l’a tellement obsédé, mais on comprend l’importance de cette passade dans son parcours.