La littérature sous caféine


Viols : déni collectif (bis)

J'ai déjà parlé ICI, à propos de l'affaire DSK, du problème de déni que suscitaient si souvent les agressions sexuelles.

Ces jours-ci, la terrifiante affaire Nina révélée la presse me semble de même assez symptomatique. Lorsque j’ai publié Azima, je me souviens des réactions de lecteurs qui disaient : « C’est horrible, ce que tu décris. Un peu exagéré, quand même… Et puis, dans un collège. On n’y croit pas ! Ça ne peut pas exister, ce genre de chose. D’ailleurs, ça n’existe pas ! »

Ça existe tellement peu que les journalistes décrivent ici des queues de garçons devant les toilettes de filles d’une école… primaire.

Réactions du même ordre à la sortie de Suicide Girls. « Qu’est-ce que c’est glauque ! Et puis cette fille qui subit tant d’agressions… C’est trop ! »

Trop pour la victime, oui, sans doute…

« Ecris sur autre chose, on n’a pas envie de lire ce genre de truc.
– Vous ne voulez pas lire « ce genre de truc », de même que vous détournez la tête quand vous en entendez parler, ou pire, quand vous le voyez. »
L’article de Libération précise que la mère de Ninon (je ne veux pas l’accabler ici) voyait sa fille prendre dix douches par jour sans comprendre ce qui se passait. Les viols se sont prolongés pendant des mois... Que penser au juste d’un tel aveuglement ?

COMMENTAIRES

1. Le lundi 17 septembre 2012 à 22:48, par aymeric

Oui, Zola était traité d'ordurier, insulté... il faut dire qu'il écrivait des choses gratinées ! :)
le déni est peut-être encore plus fort vis à vis de la littérature que vis à vis du réel: on "accuse le messager", d'une certaine manière, on reproche à l'auteur de focaliser son regard et de forcer à voir les choses - il exerce une forme de violence, de contrainte
parfois, il peut y avoir chez l'auteur une forme de provocation - on lui reproche de prendre du plaisir à se vautrer dans l'ordure (c'est ce qui se passe avec angot)

2. Le lundi 17 septembre 2012 à 22:56, par ariane

Certains auteurs en effet agissent par goût de la provocation et cela limite la portée de leurs discours souvent car il y a une certaine gratuité (je pense à American Psycho) mais d'autres ne cherchent qu'à montrer le réel en nous obligeant à voir (c'est à mes yeux une forme d'humanisme, ils disent les grandeurs et les misères de l'humanité). Aujourd'hui, Zola appartient à la littérature plus personne ne le traite d'ordurier même si certains passages sont extrêmement durs encore à lire. Curieux, finalement.
Le reproche peut s'étendre aux peintres, photographes qui nous forcent aussi à voir même si leur réalisme est aussi de l'art.

3. Le lundi 17 septembre 2012 à 23:21, par aymeric

easton ellis, je pense qu'il donne plus dans le fantasme, dans le délire de violence virant à la métaphore - et ses intrusions récentes dans le fantastique semblent montrer qu'apres tout il n'a sans doute jamais fait de "naturalisme" (ou alors un naturalisme pop, dopé à la musique et aux formats de série tv)

4. Le mardi 18 septembre 2012 à 09:41, par ariane

Heureusement qu'Ellis ne fait pas dans le naturalisme, en effet ! Mais de son livre que je n'ai pu terminer, je retiens surtout l'aspect provocation, gratuite à mes yeux même si en écrivant, il délirait.

5. Le mardi 18 septembre 2012 à 10:27, par Aymeric

Disons que c est du hollywood branché!

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