En juillet dernier, dans l'avion qui me menait à San Francisco en survolant les incroyables étendues désertiques de l'Ouest américain, je dévorais La Rouge de Los Angeles, le tout premier roman écrit par John Fante, publié quand il avait déjà rencontré le succès avec les suivants.

Séduit, comme il se doit, par la figure de ce narrateur qu'on retrouvera par la suite, ce Bandini à la fois vantard et désespéré, ridicule et mégalo, vivant d'expédients et révolté par le sort réservé aux travailleurs (tout en se faisant de ceux-là, bien souvent, des ennemis), j'ai eu comme une révélation, et plusieurs projets de romans restés en friche jusqu'alors se sont cristallisés autour d'un projet unique, mettant en scène un narrateur assez proche de celui de Fante, et mêlant savamment comme lui des éléments biographiques à d'autres plus fantasques.

Jusqu'à maintenant, j'avais toujours été étonné que des écrivains évoquent le mal qu'ils avaient, quand ils lisaient un livre, à ne pas adopter par mimétisme un style comparable dans leurs propres écrits. Je n'avais jamais vraiment cherché à imiter le style de qui que ce soit, et je n'avais jamais éprouvé la tentation de le faire. Pour la première fois, j'ai tenté l'expérience : et cet été j'ai voulu adapter l'univers de Fante au mien, noircissant des dizaines de pages avec une certaine fougue...

Résultat peu probant, évidemment ! A la fin de l'été j'ai suspendu l'écriture de ce livre car je ne suis pas arrivé (du moins pour l'instant) à trouver une fin satisfaisante, et surtout l'ensemble paraît maigre, étriqué, un peu triste, par rapport aux flamboyances de Fante. Je ne serai pas aussi naïf, la prochaine fois...

"Le vieux souriait à sa manière, je souriais à la mienne. Je le regardais et il me regardait. Sourire. Il ne savait évidemment pas qui j'étais. Il me confondait sans doute avec le reste du troupeau. Très amusant, tout ça, formidable de voyager incognito. Deux philosophes échangeant rêveusement un sourire en contemplant le sort de l'homme. Il était sincèrement amusé, son vieux nez coulait, ses yeux bleus scintillaient d'un rire paisible. Il portait une salopette bleue qui couvrait complètement son corps. Autour de sa taille, j'ai aperçu une ceinture dénuée de la moindre utilité apparente, accessoire inutile, une ceinture qui ne soutenait rien, pas même son ventre, car il était maigre. Peut-être une sorte de clin d'oeil, une plaisanterie destinée à le faire rire quand il s'habillait le matin." (p68)

(Clip de la semaine : quasiment inconnu en France, celui qui se faisait connaître il y a quelques petites années comme Lil Bow Wow s'appelle maintenant Bow Wow, et se présente à mon avis comme le digne successeur de Snoop : ses albums sont très bons, avec un sens aigü du swing qui rappelle le P-Funk glorieux de la bande de Snoop (Nate Dogg, Warren G...), et un jeu de basses aussi dévastateur que celui de Dr Dre (D'ailleurs ça ne m'étonnerait qu'il soit producteur sur ce titre, Outta my system :