La littérature sous caféine


Murakami par temps froid (Murakami / Dylan)



Vous aurez sans doute remarqué que la densité des émotions esthétiques dépend en grande partie des conditions physiologiques dans lesquelles nous nous trouvons. Pour ma part j’ai souvent noté qu’un léger refroidissement de l’air favorisait mes frissons artistiques (dans une salle de ciné, dans un musée, dans la rue…). Par exemple il devait faire assez frisquet lorsque je suis tombé sur ce beau paragraphe du roman de Haruki Murakami, Au Sud de la Frontière, à l’Ouest du Soleil :

« Notre monde est comme ça. Quand il pleut, les fleurs poussent, et quand il ne pleut pas, elles fanent. Les lézards mangent les insectes, et sont mangés par les rapaces. Mais tous finissent par mourir et se dessécher. Une génération disparaît, une autre prend sa place. C’est une règle absolue. Il y a différentes façons de vivre, et différences façons de mourir. Mais c’est sans importance. La seule chose qui reste en fin de compte, c’est le désert. » (p85)

Comme dans tout bon Murakami, j’aurai trouvé dans celui-ci : une intrigue assez flottante, des personnages qui ne savent pas vraiment où ils vont, un mystère à résoudre (et qui n’est pas résolu à la fin), surtout de longs dialogues évasifs, ponctués de passages plus denses – les plus allégoriques, et les plus réussis.

(A propos de conditions physiologiques, j’oubliais de préciser qu’en bon caféinomane je ne pouvais me passer de deux ou trois tasses de café pour sérieusement me mettre les idées en place, et que je venais naturellement de tomber amoureux de la chanson de Bob Dylan, One more cup of Coffee, dont je vous glisse ci-dessus la vidéo-live (même si dylan ne change pas très juste dans cette version)).

COMMENTAIRES

1. Le lundi 2 juillet 2007 à 20:48, par lila

Suite à notre échange sur ce blog il y a quelques jours, j’ai décidé de relire en deux jours « Au Sud de la Frontière, à l’Ouest du Soleil » dont il ne me restait qu’un vague et pourtant très agréable souvenir. Trois ans après ma première lecture, j’ai trouvé certains passages trop romanesques voire fleur bleue… Par contre, j’aime vraiment la façon dont l’auteur aborde le féminin : beaucoup de douceur, de bienveillance et de sensualité aussi. Hajime le narrateur est vraiment l'HOMME DOUX dans toute sa splendeur.
H. Murakami m'apaise... Et plus que la trame narrative, c'est cette fameuse sensation de flottement que j'aime dans ses bouquins (plus efficace que n'importe quel opiacé... En ce qui me concerne bien entendu)

2. Le mardi 3 juillet 2007 à 17:45, par dragibus

moi le froid ca serait plutot pour me crisper...
j'aimerais trouver un livre qui me fasse autant d'effet qu'a toi, lila !!

3. Le mardi 3 juillet 2007 à 17:55, par lila

simple question de sensibilité et aussi une grande perméabilité aux émotions ...

4. Le mercredi 4 juillet 2007 à 13:58, par vince

pas mal la chanson de dylan je le connaissais pas
drole de visage on dirait qu'il est maquillé
c ki la fille qui chante avec lui ?

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