La littérature sous caféine


Alcoolisme et moineaux (Ted Lewis)



Ce week-end, guettant du coin de l’œil un coït de moineaux sur le rebord de ma fenêtre (très impressionnant), j’ai suivi dans Get Carter la longue plongée de Jack C. dans la violence et l’alcool, sur fond d’Angleterre gangrenée par la misère industrielle.

J’avais les images sublimes du film en tête, ainsi que la destinée tragique de l’auteur de ce sombre polar, Ted Lewis, mort d’alcoolisme à 40 ans. Pour me remonter le moral (mais il était excellent déjà) je guettais les approximations de traduction, comme :

« Il se paya », à la place de : « Il paya sa bière » (p51)

Ou l’énigmatique : « Elle m’adressa son sourire intime si-malin-si-rusé-mais-est-ce-que-tout-n’est-pas-ennuyeux. » (Je suppose que cela correspond à une expression idiomatique)

Quant aux revigorantes scènes de baston, du genre :

« Trois portières s’ouvrirent. Celle de Thorpey resta fermée. Le type qui était pressé d’en finir commença à s’extraire du siège avant. Saisissant la poignée, j’ouvris la portière en grand et la claquai de toutes mes forces sans lui laisser le temps de réagir. J’avais bien calculé mon coup ; il était encore à moitié à l’intérieur. Le haut de la portière le frappa au front et sur l’arête du nez, tandis que le côté lui cognait la rotule. Sérieusement sonné, il tomba à la renverse sur les sièges avant et se mit à vomir. Je sautai sur le capot et balançai un coup de pied dans la tête du conducteur avant qu’il n’ait le temps de se retourner complètement après être descendu de voiture. Il perdit connaissance, mais pas longtemps. Le troisième type s’était mis en garde. Je sautai du capot. Il commit l’erreur de venir à moi au lieu de me laisser venir à lui. IL me décocha un coup de poing ; d’une main je lui saisis le bras, le tirai vers moi et, de l’autre bras, je lui écrasai la trachée… » (p122)

… je les relisais sur fond de la sublime musique crépusculaire de Jonnhy Cash (Visez cette gueule marquée par la vie, dans cette chanson tirée du registre de Nine Inch Nails, Hurt) :


COMMENTAIRES

1. Le mardi 22 mai 2007 à 09:24, par Sophie (the old)

...merci pour ce régal de "sublime musique crépusculaire"...
Les images sont aussi "sublimement" touchantes...

2. Le mardi 22 mai 2007 à 17:19, par mister pat

Oui, superbe chanson effectivement... j'avoue n'avoir découvert la musique de Jonnhy Cash qu'à l'occasion de la sortie du magnifique film "Walk the line", sorti l'année dernière...

3. Le mardi 22 mai 2007 à 17:25, par cassiopée

C'est étrange tout de même, en regardant des vidéos de tes promos pour ton livre, on imaginerait plutôt quelqu'un de gentil, posé, et puis ce goût pour le baston :-/. Bon, tu n'es peut-être pas fréquentable, finalement, j'enlève ta photo du chevet de mon lit alors ;-) (joke)

4. Le mardi 22 mai 2007 à 17:42, par Anne-Gaëlle

très beau film en effet que "Walk the line". J'ai pour ma part été impressionnée par la performance vocale des acteurs (surtout Joaquin Phoenix). Même acheté la BO du film pour le coup...

5. Le mardi 22 mai 2007 à 17:54, par mister pat

cassiopée: je te rassure, je suis gentil !! la seule fois de ma vie que j'ai donné un coup de poing, je me suis pété un doigt !
Je ne vais pas du tout voir des films de baston, et pour l'extrait que je donnais, j'étais ironique... Ca met de l'animation sur le blog !
D'un point de vue romanesque, je trouve ça intéressant, malgré tout... COmme le dit tres bien Philippe, dans un commentaire récent, en citant Ballard, "la violence est la poésie du XXIème siècle..."

6. Le mardi 22 mai 2007 à 17:56, par mister pat

Et puis on est toujours fasciné par ce qui nous est le plus éloigné, non ?
Ca voudrait donc dire que je suis le plus doux des agneaux... ;-)

7. Le mardi 22 mai 2007 à 20:53, par cassiopée

Ah bien, me voici rassurée :-)

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