Quelques jours, je reviens en pays catalan, dans les Pyrénées orientales, où j'ai passé tant de mes vacances. Je vais y guetter ce qui a changé en trente ans, mais surtout ce qui a changé dans mon regard- on ne vit pas les mêmes choses quand on mâche des malabars en lisant Spirou et quand, père de famille, on est devenu sensible à la nature et aux vieilles pierres. Les temps de pause, je relis quelques-uns des livres qui m'ont fait rêver, adolescent, notamment ces Trois mousquetaires revenus à la mode. Le Béarnais D'artagnan n'a rien à voir avec le Roussillon, mais je suis sûr que Porthos aurait aimé les vins de Collioure et les marinades d'enchois.

"Porthos était couché, et faisait une partie de lansquenet avec Mousqueton, pour s'entretenir la main, tandis qu'une broche chargée de perdrix tournait devant le feu, et qu'à chaque coin d'une grande cheminée bouillaient sur deux réchauds deux casseroles, d'où s'exhalait une double odeur de gibelotte et de matelote qui réjouissait l'odorat. En outre, le haut d'un secrétaire et le marbre d'une commode étaient couverts de bouteilles vides."