Dans Le Point du 14/11/2013:

"Ils sont des « visages pâles » en banlieue, des ex-ouvriers d’Hénin-Beaumont ou des paysans moqués par l’émission « Strip-Tease ». Aux Etats-Unis, on les désignait par le terme white trash. En France, dans une République qui aime se fantasmer comme indivisible, le sujet demeure tabou. Dans sa passionnante enquête « Les petits Blancs », l’écrivain Aymeric Patricot ose esquisser le portrait d’une « communauté qu’on ne nomme jamais » : les Blancs pauvres prenant conscience de leur couleur dans un contexte de métissage. « On a des scrupules à dire qu’une personne est blanche, alors même qu’il est admis qu’il existe des minorités ethniques », s’étonne-t-il. Ce diplômé de l’EHESS est ainsi parti à la rencontre d’une France d’en bas estampillée « beauf » et « dégénérée ». Il y a trouvé un fort sentiment de déclassement et de paupérisation par rapport à l’élite. Mais il y aussi croisé rancoeurs, voire haines, vis-à-vis des populations immigrées que certains estiment mieux considérés qu’eux… Grand oublié de la France postcoloniale, le « petit Blanc » serait délaissé par les partis traditionnels depuis les années 80. « Le PS est passé des questions sociales aux questions sociétales. Il a abandonné symboliquement la classe ouvrière, estimant qu’elle diminuait en nombre. » Résultat : « Le FN prospère sur ce marché qu’on lui laisse, alors qu’aux Etats-Unis tous les partis se disputent cet électorat. » En mettant des mots sur les maux des « petits Blancs », l’écrivain fait le pari que dissiper les malaises autour des questions raciales est le meilleur remède au racisme. A l’image de Barak Obama qui, dans son célèbre discours « De la race en Amérique », expliqua comprendre la rancœur des classes moyennes et pauvres blanches."