La littérature sous caféine


L'angoisse du dimanche soir


Olivier Adam et Luc Blanvillain
envoyé par franceinter. - L'info internationale vidéo.

J’ai pris l’habitude de lire chaque roman d’Olivier Adam depuis que son recueil de nouvelles Passer l’hiver m’avait fait forte impression – je l’avais trouvé d’une surprenante densité émotionnelle. Depuis, il a rencontré un succès croissant avec des textes plus amples, des romans graves et sensibles. La qualité de l’écriture est toujours là, mais on y perd en tension romanesque à mon goût (je n’ai même pas fini ma lecture de A l’abri de rien). Je ne peux pas m’empêcher de penser à Maupassant, génie du texte court mais plus à la peine dans le roman (je m’apprête cependant à lire Fort comme la mort, le dernier roman de l’auteur de Bel-Ami, dont le titre m’ensorcelle).

J’achève ma lecture de l’avant-dernier livre d’Olivier Adam, Des vents contraires (Editions de l’Olivier, 2008 / Points, 2010) (le narrateur retourne dans la ville de son enfance, Saint-Malo, après la disparition de sa femme...), et je suis frappé par la permanence de certains thèmes obsessionnels comme ceux de la dépression, de l’absence, de la rupture… A cet égard, Olivier Adam mériterait davantage que Houellebecq encore le qualificatif de romancier dépressif (ce n’est pas un défaut, loin s’en faut). Les plus belles pages sont presque systématiquement consacrées à la tristesse, à l’angoisse, aux sentiments d’échec et d’absurde, à l’absence d’espoir, à l’alcool et à la solitude.

Une page m’a fait sourire : celle qui parle de l’angoisse du dimanche soir, une angoisse largement partagée, et que je connaissais, de manière aigüe, collégien – j’ai la chance d’en être débarrassé depuis que je ne travaille plus le lundi…

« La sourde angoisse des dimanches soir est retombée sur tout ça comme un voile. Ca ne m’a pas alarmé. Le lendemain l’école reprenait et ce serait mon premier jour, c’était même rassurant d’être pris à la gorge par un sentiment si familier, identifiable et dont on connaissait la source. Une sensation qui vous remontait de l’enfance, en pyjama les cheveux mouillés on dînait devant la télévision, après les frites du samedi midi les hot-dogs du soir et le rôti du dimanche le repas lui-même avait quelque chose d’austère et indiquait qu’on reprenait le cours des choses, devant notre assiette tout nous paraissait soudain rétrécir, nos poumons la dimension des pièces, le temps lui-même. Une tristesse diffuse nous collait aux pattes jusqu’au coucher et des années plus tard, alors même que je n’aurais plus à me rendre nulle part, ni dans aucun bureau ni dans aucune classe, alors que rien de précis ne permettrait de différencier le lundi du dimanche, le même sentiment me viendrait, d’air raréfié et de ventre noué. » (p 41).

Une phrase, plus loin, m’a particulièrement touché :

« Le concret nous cimente, le quotidien nous lie, l’espace nous colle les uns aux autres, et on s’aime d’un amour étrange, inconditionnel, d’une tendresse injustifiable et profonde, qui ne prend pourtant sa source qu’aux lisières. » (p 54)

J’aime cette expression d’ « amour étrange, inconditionnel », même si tout amour garde sa part d’étrangeté, bien sûr.

COMMENTAIRES

1. Le lundi 6 septembre 2010 à 13:24, par christian

c'est de la soupe olivier adam, toujours la meme histoire. il a rien à dire ce mec. et c'est d'un triste. y'a rien à sauver la dedans

2. Le lundi 6 septembre 2010 à 21:31, par Marie

Deux extraits qui me touchent : le second car très juste, très beau et rassurant dans le fond, et le premier parce que c'est bien de mettre des mots d'écrivains sur le maudit cafard du dimanche soir qui, pour ma part, me plombe la fin de wk depuis l'enfance ...

Tu me donnes envie de lire "Des vents contraires". Ce blog quand je le consulte me donne envie de lire en fait, toujours un peu plus ...

3. Le mardi 7 septembre 2010 à 11:01, par aymeric

Oui, c'est ça, le deuxième extrait a quelque de rassurant (malgré la déception qu'il paraît impliquer)
Je viens de finir "des vents contraires", et il m'a fait le même effet que les autres romans d'adam: émouvants, plutôt bien écrits, mais avec des longueurs (qu'il n'y a pas dans ses nouvelles) et une structure narrative qui se ressemble diablement d'un livre à l'autre...

4. Le mardi 7 septembre 2010 à 18:35, par denisf

moi ca ne me donne pas du tout envie de le lire, du moins de lire ce livre là, olivier adam on le voit partout. toujours le meme livre, on le voit sur les listes des prix. mais c'est l'effet d'inertie du succes de ses premiers romans. rien de nouveau sous le soleil, ou oserais-je dire rien de nouveau sous les nuages

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