Les livres, il est assez rare que je les relise (faute de temps, principalement ; il est déjà difficile, voire impossible, de lire ne serait-ce qu’une fois tout ce qui mériterait de l’être). A quelques exceptions notables, cependant :

- La Recherche du Temps Perdu, de Marcel Proust, que j’ai déjà lue deux fois et que je m’apprête à relire parce que j’ai le sentiment à la fois d’en avoir oublié l’essentiel, et de pouvoir en goûter vraiment les beautés maintenant qu’à trente-cinq ans je commence à avoir accumulé du bagage littéraire.

- Le plus beau livre de Colette à mes yeux, Le pur et l’impur, auquel je reviens souvent parce que ses phrases chargées de formules et de sensualité m’hypnotisent, en dépit de leur côté vieilli (j’y reviendrai bientôt).

- Certains classiques dont une lecture adolescente ne m’avait laissé qu’un souvenir très vague (dans deux genres très différents, Madame Bovary ou Last Exit pour Brooklyn).

J’entre d’ailleurs dans un âge où la relecture devient un art, et notamment la relecture des livres parmi les premiers lus – tous ceux qui nous ont laissé une impression forte, et même écrasante, mais dont on se doute que l’effet de surprise et de découverte absolue, à un âge où certains enjeux littéraires nous échappaient, brouillait notre lucidité.

Il y a par exemple deux livres que j’ai dévorés au collège, et que je me suis promis de relire prochainement : La Nausée de Sartre, qui m’avait inspiré un exposé en classe de sixième à propos de l’horreur du narrateur devant « l’épaisseur des choses » (sa propre main, la racine d’un arbre dans un parc…), premier éblouissement au contact de la littérature mâtinée de philosophie. Et Les Trois Mousquetaires, qui m’avait embarqué dans une lecture passionnée, sans répit, le genre de lecture dont on est nostalgique, adulte.

Sans pouvoir le justifier vraiment, j’ai le pressentiment que je serai déçu par ma relecture du premier, et enchanté par celle du second… Peut-être l’envie de jouer un peu à l’enfant ?