La littérature sous caféine


Christine Angot : Les Désaxés (Livre de Poche, 2005), Rendez-vous (Flammarion, 2006)



Moins bien accueilli, moins bien vendu que les précédents, Les Désaxés s’est vu reprocher de tourner le dos à l’autofiction. Pourtant Christine Angot y mettait au point un style plus fluide qu’auparavant, également plus dépouillé, cherchant à saisir au plus près la déliquescence d’un couple. Les faits et les pensées nous apparaissaient dans ce qu’ils avaient de plus quotidiens. Les meilleurs pages évoquaient Selby, par leur tentative d’approcher une sorte d’énergie fondamentale et fruste.

Revenant à ce qui fait son succès – la dissection de son propre vécu -, Angot reprend pourtant dans Rendez-vous le souffle, étonnamment limpide, dont elle avait trouvé la formule avec le précédent. Il faut reconnaître que ces confidences sur l’amour, le sexe et l’écriture font mouche. On regrettera quelques longueurs sur la fin, pour mieux apprécier la très forte exigence, sensible dès l’ouverture, d’une écriture à la fois dense et fortement innervée par la vie.


COMMENTAIRES

1. Le vendredi 8 septembre 2006 à 17:40, par vic

Est-ce parce que vous publiez chez Flammarion que vous ne descendez pas la mauvaise angot ? Pour un agrégé de lettres... quand même !

2. Le lundi 11 septembre 2006 à 16:01, par Lilou

La rentrée littéraire vient tout juste d'être lancée et force est de constater que Christine Angot et son dernier roman sont partout, appréciés, vantés... Après lecture, il m'est difficile de comprendre un tel engouement : effet de mode? snobisme?
Au fil des pages, "Rendez-vous" a suscité en moi une certaine indifférence puis une violente répulsion. Cette autofiction, ou plutôt cet étalage de la vie sentimentale d'une midinette, rythmée par la récurrence d'un "moi je ..." narcissique, dévoile un rapport au monde et à autrui méprisant, un ton condescendant, un style certes fluide mais plat, glacial et glaçant à l'image de cette femme. L'introspection que mène Ch Angot et les réflexions fort "pertinentes" qui en découlent, du type "Qui je suis. Who I am" (p.47) ou les anecdotes successives qu'elle se plaît à développer dans les moindres détails n'ont aucun intérêt, je pense en particulier à un exemple (parmi tant d'autres), à savoir la retranscription d'une conversation téléphonique avec l'un de ses ex ou futur-ex : (- Allô (je ne reconnaissais pas sa voix) - Allô, c'est Eric? - oui - C'est Chrisitne. - Tiens... -Je ne reconnaissais pas ta voix. - Non, c'est moi. Je n'ai pas passé mon téléphone à qulqu'un d'autre... etc., etc.)
En somme, "Rendez-vous" est insipide, dénué d'émotions, d'intérêt littéraire et esthétique.

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