Il faut le reconnaître, il est très drôle ce portait d’un homme raté, complexé, humilié par sa femme et cherchant à l’assassiner après une nouvelle déconvenue sexuelle. On dirait une sorte de version rageuse, en négatif, des fameux romans américains mettant en scène un prof de fac fringant (Philipp Roth ayant porté le genre à sa perfection, notamment avec « La bête qui meurt »). Ici la détestation de soi, la honte et le relevé méthodique des médiocrités emportent la mise. Pas de la grande littérature, mais elle a d'indéniables vertus purgatives.

Extrait : « Pendant la fin de la causerie du Dr Mayfield, que suivit de près une grande discussion riche en arguments de toute nature, Wilt étudia les forages sur le chantier d’en face. Ce serait une cachette idéale pour un cadavre, et il y avait quelque chose de délectable à penser qu’Eva, si insupportable de son vivant, aurait à supporter une fois morte le poids d’un immeuble en béton de plusieurs étages. En plus, cela rendrait sa découverte hautement improbable. Quant à identifier le corps, c’était hors de question. Même Eva, qui pouvait se vanter d’avoir une solide constitution et une sacrée volonté, était incapable de défendre son identité contre un pieu de fondation. »