La littérature sous caféine


Les billets de dix euros par terre

1) Je débouche sur un quai de la ligne 7bis, à 7 heures du matin, et je tombe sur un billet de dix euros traînant par terre. Je n'ose pas le ramasser, de peur que ce ne soit un canular ou qu'une personne ne me le réclame. Il y a deux ou trois autres voyageurs sur le quai, et personne ne semble ne me remarquer. Je me poste à deux mètres de là. Quelques instants plus tard, un autre client de la RATP arrive et remarque le billet. Comme moi, il s'arrête quelques secondes, se pose des questions, et s'éloigne.

Une minute plus tard arrive un troisième voyageur qui, lui, n'hésite pas, se baisse dès qu'il voit le billet et s'éloigne sans même vérifier si des gens l'ont observé.

2) Quelques jours plus tard, au café Le Buci à Saint-Germain, je sirote mon café au zinc. Un client fait tomber de sa poche un billet de dix euros en cherchant la monnaie dans sa poche. Un homme sur ma droite a vu comme moi le billet, il vérifie d'un rapide coup d'oeil si j'ai remarqué la même chose - et comme je fais l'indifférent, il pense que je n'ai rien vu. Il s'approche lentement de la personne qui est en train de régler son adition. Un moment, je pense qu'il va rendre le billet, mais il le ramasse et l'empoche prestement.

Quelques minutes plus tard, une cliente oublie son parapluie sur le comptoir. L'homme, toujours à son poste, joue alors les grands seigneurs, prend le parapluie, interpelle la femme et court lui rendre le parapluie.

3) Un bouquiniste dans le quartier de la Grande Mosquée. Je jette un oeil à son casier de livres d'occasion posté sur le trottoir. Je prends certains livres, dont je lis la quatrième de couverture avant de les reposer parmi les autres. Le propriétaire, un homme mûr au visage fatigué, aux cheveux blancs hirsutes, sort de sa boutique, l'air furibard, se poste à ma gauche et donne des coups de la paume pour réaligner parfaitement les livres. Il rentre dans sa boutique, je regarde quelques livres à nouveau, puis, indisposé, je m'éloigne.

Quelques secondes plus tard, regardant une façade, je me tourne vers le magasin et le propriétaire est à nouveau sorti. Il me fusille du regard. Je lui lance, agacé par cet air vengeur qu'il se donne: "Il y a un problème ?" Furieux, il en hurle presque: "Le problème, monsieur, c'est l'ordre!" Je comprends que j'ai dû mal replacer quelques livres à deux euros sur l'étal plus que modeste. Je m'éloigne en haussant les épaules.

COMMENTAIRES

1. Le mardi 21 mai 2013 à 11:00, par how to formal dress for a formal

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