La littérature sous caféine


Le sexe sur-écrit



Je prends souvent Henry Miller en flagrant délit de surécriture, notamment lorsqu’il raconte des scènes de sexualité effrénée ou qu’il se laisse emporter, après coup, par un lyrisme faussement brillant – accumulation d’adjectifs baroques, phrases inutilement longues, mots rares dont il se demande s’il ne vient pas de les trouver, par hasard, dans le dictionnaire…

Par exemple, ce passage qui fait suite à une scène d’amour sur la plage avec Mona, dans la deuxième partie de Sexus :

« Bientôt, les feuilles d’automne feraient leur bruit de soie froissée sur les échelles de secours rouillées et les poubelles en tôle. Bientôt, l’épidémie serait finie et l’océan reprendrait ses airs de grandeur gélatineuse, de dignité mucilagineuse, de solitude morose et rancunière. Nous étions maintenant allongés au creux d’une dune de sable et onduleuses, au bord sous le vent d’une route macadamisée, sur laquelle les émissaires d’un siècle de progrès et de lumière roulaient, dans ce fracas familier et sédatif dont s’accompagne la plane locomotion de ferblanteries à cracher et péter, étroitement tricotées à coups d’aiguilles en acier. » (Sexus, Livre de poche, 201)

Le passage suivant est plus réussi. Son style est aussi échevelé que la sexualité qu’il décrit, mais c’est un « échevèlement » mesuré, d’une certaine façon :

« Ce qui m’étonnait, c’est que ça continuait à se tenir levé comme un marteau ; ça avait perdu toute apparence d’outil sexuel ; ça vous avait un air écoeurant de machin-truc bon marché droit sorti du prisunic, de fragment d’engin de pêche brillamment coloré… moins l’appât. Et sur ce machin-truc, éclatant et glissant, Mara se tortillait comme une anguille. Elle n’avait plus rien de la femme en chaleur, ou même de la femme ; elle n’était qu’une masse de contours indéfinissables, gigotant et grouillant comme un morceau d’appât frais que l’on verrait sens dessus dessous, à travers un miroir convexe, dans une eau de mer agitée. » (Sexus, page 200)

COMMENTAIRES

1. Le lundi 31 janvier 2011 à 14:26, par mathieu

premier paragraphe ridicule, oui. l'auteur s'est il relu ?

2. Le lundi 31 janvier 2011 à 15:43, par manue

c'est vrai que ces exemples sont ridicules, meme moche. je ne me souviens pas d'avoir lue de telles lourdeurs dans les textes de Miller. mais je l'ai aie lue il y a bien longtemps, et en anglais.
un truc me viens a l'esprit. souvent, les traductions se laissent aller a leurs propres interpretations. c'est dommage, car de nombreux textes ont perduent beaucoup dans de mauvaises traductions.

cela ne retire pas au ridicule meme du texte, c'est juste un point a considerer.

c'est con quand meme ce que l'on nomme les grands auteurs, qui quelques decennies plus tard ne sont plus rien qu'un moment passe, qui sur le moment etait quelque chose...peut etre.

3. Le lundi 31 janvier 2011 à 22:56, par aymeric

ne pas oublier non plus qu'ils sont tirés de leur contexte : l'effet de ridicule est ici amplifié par l'absence de montée en puissance... Peut-être miller justifiait-il ces passages "sur-écrits" par l'excitation du moment ! Peut-être y a-t-il même un effet d'ironie du narrateur par rapport au jeune homme qu'il était qq années plus tot ?

4. Le mardi 1 février 2011 à 08:23, par manue

branlette branlette que sont tous ces mots! mais, bon faut bien occuper le temps;)

5. Le mardi 1 février 2011 à 11:55, par aymeric

la masturbation littéraire, meilleur moyen de rendre compte de l'excitation physique ? :)

6. Le mardi 1 février 2011 à 12:22, par Hélène

j'aime bien le "bruit de soie froissée sur les échelles de secours rouillées et les poubelles en tôle"..pour le reste..

Quant aux scènes de sexe bien écrites, j'en connais peu (mais peut être que je ne lis pas les "bons auteurs "en la matière).

7. Le mercredi 2 février 2011 à 08:50, par manue

ah ca la vieille question, pourquoi la creation? je vais meme pas m'y laisser aller. j'ai encore aucune reponse. c'est la vie!

8. Le mercredi 2 février 2011 à 17:40, par Beast Language

... Le style excrémentiel et son retour en force. Peut-être est-ce dû en partie à la traduction, en effet.

Pour ce qui est des scènes érotiques, le roman de John Hawkes, "The Passion Artist" ("L'homme aux louves" en vf) en comporte de relevées. Très belles, très efficaces, pleines de terreur. Très joli roman cauchemardesque. Et pas long.

9. Le mercredi 2 février 2011 à 23:31, par aymeric

dans le genre passion érotique, anais nin est tres bien
Et dans un genre plus contemporain, plus comique, mais tout aussi efficace, j'ai lu de tres bonnes pages chez Philippe djian - je ne me souvent plus lequel exactement : une histoire de type qui voyage au canada, me semble-t-il... :)
Quant aux romans erotiques proprement dits, je n'en ai jamais lu de vraiment bons... Catherine Millet peut etre, mais s'agit il vraiment de roman érotique ?

10. Le jeudi 3 février 2011 à 20:25, par aymeric

Ah, et mishima, bien sur ! Mais c'est une sexualité plus torturée, plus raffinée, plus littéraire !

11. Le lundi 7 février 2011 à 19:17, par aymeric

Excellent, cette "confession d'un masque" ! (meme si les passages psychologisant sont un peu longs...)
Dans le fameux "temple d'or", il y a de belles scènes de sexualité "déviante" ! :)

12. Le vendredi 24 mai 2013 à 03:27, par payday loans

Je suis à la recherche pour les prêts sur salaire Grande Prairie. Savez-vous où trouver des prêts sur salaire Grande Prairie AB ?

13. Le dimanche 26 mai 2013 à 10:58, par online payday loans

Je cherche email transfert d'argent du prêt sur salaire . Savez-vous où trouver des prêts sur salaire 80229 ?

14. Le mardi 28 mai 2013 à 01:38, par payday loans

Je suis à la recherche pour les prêts sur salaire en ligne dans le Missouri. Savez-vous où trouver des prêts sur salaire Vancouver Kingsway ?

Ajouter un commentaire

Les commentaires pour ce billet sont fermés.