La littérature sous caféine


La pierre et le béton de Sicile



(Une rue de Palerme, fin 2010)

Je reviens d'une petite semaine en Sicile, que je découvrais. Quelques rapides impressions :

- Au nombre des bonnes impressions, les paysages très verts, surtout au Nord et au centre de l'île, vastes et majestueuses plaines plantées d'oliviers et couvertes de prairies de couleurs vives. Un effet conjugué de l'hiver, relativement doux, et d'une terre fertile ? Je m'attendais à des étendues beaucoup plus sèches, que je n'ai guère aperçus qu'au Sud.

- J'ai été conquis par les cafés, plus petites que les français, mais plus élégants, plus colorés, servant aussi de pâtisseries et des encas salés - véritables intermédiaires entre le bistrot et la boulangerie.

- A ce propos, j'ai pris goût aux cafés italiens (la boisson) que j'avais trouvés jusqu'à maintenant beaucoup trop corsés mais qui, très légèrement sucrés, m'ont paru cette fois-ci savoureux.

- J'ai été frappé par le contraste entre Palerme et d'autres villes, plus petites : autant le centre historique de Palerme tombe en ruines (encore crasseux et délabré malgré la rénovation qui semble à l'ordre du jour), autant les autres villes présentent quelques délicieuses ruelles témoignant d'un glorieux passé historique, bien entretenu (je pense par exemple à Agrigente).

- A cet égard, cependant, la seule chose à m'avoir vraiment déçu de ce que j'ai vu de la Sicile est l'aspect général des villages, même les plus appréciés : je n'ai pas vu de village vraiment beau, dans le sens où la plupart des maisons sont faites de parpaing et de béton ou sont couvertes d'enduits bien ternes. A quoi dont-on que les villes siciliennes paraissent si belles, de loin, mais qu'elles prennent un aspect relativement misérable quand on les approche ? Pénurie de belles pierres ? Caractère terne de la pierre sicilienne ? Coût de cette même pierre ? Pauvreté de l'île ? Catastrophes subies (guerres, tremblements de terre...) ayant nécessité des constructions rapides ? Les villages siciliens occupent souvent des sites spectaculaires, mais j'en ai pas vus qui soit aussi léchés que ceux de Toscane, par exemple, ou ceux de certains campagnes françaises.

- J'ai lu toute la semaine le somptueux roman de Lampedusa, Le Guépard, sur lequel je vais revenir bientôt...

COMMENTAIRES

1. Le dimanche 9 janvier 2011 à 20:26, par marie

Bien agréable de lire ce petit récit de voyage, je suis d'accord avec toi sur certains points.

Construction rapide = mafia. Tu peux pas t'imaginer à quelle point elle est ancrée dans la vie quotidienne des siciliens. C'est un mode vie en fait et c'est ancestral.
Le côté décati de Palerme peut aussi être séduisant. Quand je vivais là-bas en 2000/2001, j'habitais un magnifique palais du XVIIIème dans lequel des appartements sans charme avait été faits. Je descendais et montais tous les jours un escalier de marbre majestueux digne du "Guépard" mais il pleuvait dans ma chambre les jours humides, sans parler de l'eau courante qui n'était pas là quotidiennement :)))
Quand on aime la Sicile de nos jours, il faut aussi aimer le désordre, le bruit, la saleté, le manque de civilité de la population, la curiosité excessive quoique discrète des gens, les non-dits, une certaine hypocrisie, le manque de respect du patrimoine culturel et naturel. Rien à voir avec la grâce, la classe et la perfection de la Toscane ... Ce n'est tout simplement pas la même culture !

Quant aux cafés ils sont très sympas, c'est vrai, mais il y a beaucoup trop de choses à manger à vendre, ce qui n'arrange pas le fléau de l'obésité dans l'Ile qui touche de plus en plus de personnes et surtout les enfants, je ne sais si tu as remarqué, moi, ça me frappe à chaque fois ...

Je crois que quand on aime les bars/cafés, on les aime partout dans le monde. Ce sont les premiers endroits où je me rends quand je suis à l'étranger ou en dehors de Paris tout simplement. Je reviens moi-même de quelques jours à Amsterdam et les cafés sont vraiment superbes, un vrai coup de cœur !

2. Le lundi 10 janvier 2011 à 10:16, par aymeric

A propos des enfants et de l'obésité, a vrai dire j'ai eu le sentiment qu'il y avait très peu d'enfants, sur l'ile... Quelques regroupements d'ados, parfois, dans les centres chics des petites villes, mais je ne me rappelle pas du moindre obèse (quoi que, maintenant que tu le dis, j'ai noté que les jeunes étaient assez souvent replets, effectivement).
Autre détail:je n'ai vu qu'un Mac Do en 7 jours de voyage! Et je crois me rappeler que la France est le pays européen où l'on trouve le plus de McDo... Est-ce vraiment en Sicile où la proportion d'obèse est la plus importante ?
En revanche j'ai été frappé par la quantité de sel dans leur cuisine : les pâtes sont excellentes, bien sûr,mais qu'est-ce qu'elles donnent soif ! :)

3. Le lundi 10 janvier 2011 à 11:11, par Marie

Je ne pense pas que l'obésité ait un lien avec le MacDo car quand je suis arrivée à Palerme, j'ai pris 8 g en 4 mois, redoutable ! Juste avec la cuisine locale, la vie plus cool et plus sédentaire qu'à paris et surtout la pâtisserie sicilienne à la ricotta sucrée et à la pâte d'amande, unique :))))

Et il y a un Macdo à Palerme, sur la grande place centrale avec les bâtiments à l'architecture fasciste.

4. Le lundi 10 janvier 2011 à 11:22, par aymeric

tiens, je suis passé complètement à côté de cette architecture fasciste !

les pâtisseries sont redoutables, en effet ! Et toutes ces pâtes d'amandes ! Mais si tu n'as pris que 8 g, ca va encore ! :)

5. Le mercredi 12 janvier 2011 à 23:39, par NLR

Moi ce qui m'a impressionné, là bas, ce sont les Siciliennes. Une classe, une féminité, même dans le dénuement aride des petits villages perchés. Oui c'est ça que j'ai ramené : le souvenir précis des Siciliennes splendides. Mais c'était l'été.

Année sucrée.

6. Le jeudi 13 janvier 2011 à 09:49, par aymeric

Ah, peut-être était-ce dû à l'hiver, mais j'avais ne pas avoir remarqué du tout de belle sicilienne ! Ou même de sicilienne tout court ! Surtout des hommes, dans les rues et les cafés ! Et pas de la premiere jeunesse ! :)

7. Le dimanche 16 janvier 2011 à 21:00, par Marie

"A megghiu parola è chidda ca non si dici" ...

8. Le dimanche 16 janvier 2011 à 21:52, par aymeric

Il va falloir que tu nous éclaires !

9. Le samedi 29 janvier 2011 à 12:20, par Sylvie

tour cela est alléchant car je pars également une semaine en Sicile après avoir corrigé votre dernier opus chez Gallimard. J'ai beaucoup apprécié ce témoignage sur l'enseignement car il est dénué de rancoeur et d'arrogance.

10. Le samedi 29 janvier 2011 à 13:29, par aymeric

Merci ! (je n'ai pas encore annoncé la date de parution du livre ici-même, mais ça ne saurait tarder ! :) )
Nous aurons sans doute l'occasion de nous rencontrer, en compagnie de Philippe, à votre retour de Sicile. L'occasion de parler voyage et Education Nationale !

11. Le dimanche 30 janvier 2011 à 16:49, par Sylvie

ce sera avec le plus grand plaisir car votre parcours (école de commerce prestigieuse, agrégation et, cerise sur le gâteau, écrivain ) est passionnant. a bientôt donc, avec l'ami Philippe

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