La littérature sous caféine


Nouvelles du front (Sortie de Suicide Girls)

Rentrée littéraire 2010 (1)

On entend souvent que la littérature française est moribonde, mais chaque rentrée littéraire me donne l'impression inverse, et même le sentiment d'une inquiétante prolifération – comment tout lire (près de 500 nouveaux romans français cette année !), comment lire même une bonne partie de ce que l’on désigne comme de la littérature valable, et poursuivre en même temps sa fréquentation des classiques ? (Je me suis promis par exemple cette année de lire enfin Moby Dick, de me plonger dans Thoreau, de poursuivre ma lecture des Rougon-Macquart ainsi que l’œuvre de Philip Roth).

A propos de sélection des livres à lire, quelques bonnes nouvelles (modestes encore) sur le front des articles à propos des Suicide Girls, sorti le 18 août dernier : une dépêche AFP qui cite brièvement le roman, dépêche reprise et remodelée dans Libération (lire ICI) ; Le Monde des Livres du jeudi 19 août le cite également dans une recension de quelques romans classés par thèmes (lire ICI) ; le site Rue89, dans un article signé par Hubert Artus, Abécédaire de la rentrée littéraire, y fait également référence.

On peut lire par exemple dans Libération :

" (...) La mort rôde aussi, avec une prédilection pour le suicide. C’est le thème du huitième livre très attendu d’ Olivier Adam, Le coeur régulier (Editions de l’Olivier). Sarah, soeur cadette de Nathan qui s’est jeté du haut d’une falaise au Japon, effectue un pélerinage lugubre dans des paysages de bambous et de cèdres pour tenter de comprendre son geste. Alexandre Lacroix revient dans L’orfelin (Flammarion) sur la découverte, alors qu’il était enfant, de son père pendu à une poutre. Dans Suicide Girls (Léo Scheer), Aymeric Patricot retrace le parcours d’un jeune prof fasciné par le suicide. Le Seuil publie également Burqa de chair, roman posthume de Nelly Arcand qui s’est suicidée l’an dernier. (..)"

Brrrr...

Je me permets de reproduire également ici le mail d’un « ami facebook » racontant une anecdote sympathique à propos du livre :

" J'ai vu une personne dans la rue qui lisait votre roman, dans le marais. Je lui ai donc demandé de m'en parler.

Elle m'a dit qu'elle trouvait que le roman se lisait bien, qu'il était prenant, qu'elle le finirait probablement assez vite, et enfin qu'elle aimait particulièrement la description de la psychologie des personnages (extrait à l'appui).

C'était une libraire, qui avait lu un encart, m'a-t-elle dit, dans Libération, ou Télérama, elle ne se souvenait plus.

Détail amusant, elle m'a demandé ensuite si j'étais l'auteur. J'ai dû lui dire que non, mais je dois avouer que la tentation m'est venu de répondre oui ! Pour connaître, sans doute, la joie narcissique d'être pris pour un type talentueux...

Elle m'a dit de vous transmettre ce message..."

COMMENTAIRES

1. Le lundi 23 août 2010 à 10:16, par hélène

Lu ce WE, ça décante progressivement....je ne suis pas sure d'arriver à faire une "critique" pertinente .Une écriture ciselée, et en effet des passages d'une grande finesse psychologique.
Une description des rapports au père assez universelle (malgré le contexte spécifique du livre).
En ce qui concerne l'approche du suicide, une expérience absolument éloignée de la mienne, sois parce qu'elle est du domaine de la création littéraire pure (sans que l'écrivain n'y ait été réellement confronté) soit parce que le monde du suicide a de multiples facettes et que celle abordée n'est pas du tout celle à laquelle j’ai été confronté.
J'ai conscience que je suis confuse, mais la « critique » n'est pas mon fort.....
Je ne suis pas « contre sainte Beuve » et la lecture du livre a suscité certaines interrogations auxquelles tu répondras (ou non) selon ton souhait.
En tout cas une Belle Ecriture (avec les majuscules) et c'est déjà remarquable en sois.

2. Le lundi 23 août 2010 à 10:22, par Martin

Si le livre de Thoreau que tu veux lire c'est Walden, attends un peu : une nouvelle traduction devrait sortir d'ici quelques mois (la trad chez Gallimard date du début du XX° siècle).

3. Le lundi 23 août 2010 à 16:58, par aymeric

Oui, je pensais précisément à Walden ! Bonne nouvelle pour la traduction, car je m'apprêtais à acheter l'ancienne traduction ! Merci pour l'info

4. Le lundi 23 août 2010 à 17:03, par aymeric

Merci Hélène pour ta lecture !
Non, il ne s'agit pas uniquement de "création littéraire pure"... Certes, je fantasme forcément quelque chose que je n'ai pas commis (et je ne pense pas avoir de tempérament suicidaire !) mais les histoires que le roman met en parallèle (celle de Manon, celle du narrateur) sont toutes les deux inspirées de choses que j'ai vécues ou que l'on m'a racontées (à l'exception, bien sûr, de quelques scènes complètement imaginaires). Je pense, comme toi, que le "monde du suicide" a plusieurs facettes (il n'est que de penser au suicide à la japonaise, dont Mishima a pu donner l'exemple, tellement exotique, tellement difficile à comprendre parfois pour nous Occidentaux), et le roman se propose modestement d'en illustrer une...

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