Dérapage ethnico-centré d'un génie (Steinbeck et les Indiens d'Amérique)
Par admin, mercredi 18 août 2010 à 20:26 :: Littérature étrangère :: #482 :: rss
A l'est d'Eden - Trailer
envoyé par enricogay. - Court métrage, documentaire et bande annonce.
John Steinbeck, le génial auteur américain des Raisins de la Colère ou Des souris et des hommes, Prix Nobel de Littérature, est peu soupçonnable a priori de racisme, d'occidentalo-centrisme ou même de condescendance pour la victime, le faible ou l'opprimé (ses Raisons de la colère passent pour l'une des plus vibrantes dénonciations de l'injustice économique).
Il y a pourtant dans le chapitre inaugural de sa merveilleuse somme romanesque A l'Est d'Eden (l'histoire épique de deux familles de paysans californiens, rejouant à leur manière le mythe d'Abel et de Cain) un paragraphe pour le moins surprenant. Traçant à grands traits l'histoire de la Californie sur plus d'un siècle, l'auteur évoque en des termes peu amènes le peuple indien :
"Telle était la longue vallée de la rivière Salinas. Son histoire était celle de tout le pays. Il y avait d'abord eu des Indiens, mais d'une race dégénérée, sans énergie, incapables d'inventer ou de cultiver, se nourrissant de pucerons, de sauterelles et de coquillages, trop paresseux pour chasser ou pêcher, mangeant ce qui se présentait, ne cultivant pas et broyant des glands en guise de farine. Leurs guerres mêmes n'étaient que pitoyables pantomimes." (A l'Est d'Edan, Livre de Poche, page 10)
Quelle surprise que ce paragraphe dans un roman pourtant habité par la compassion, le sentiment de fatalité tragique, l'effroi devant la méchanceté ! (L'un des personnages principaux, Adam, est d'une douceur confinant à la naïveté). Nous avons vraiment changé d'époque ! L'auteur se donne-t-il ici l'excuse de se retrancher derrière la voix du narrateur ? Celui-ci me semble largement inspiré de l'auteur lui-même... Même le plus sinistre des "droitistes extrêmes" ne se permettrait sans doute pas ce genre de développement "ethnico-méprisant" aujourd'hui, ou bien serait conscient de son caractère inconvenant. Je n'ai pourtant rien trouvé d'équivalent dans les centaines d'autres pages de Steinbeck qu'il m'ait été donné de lire...
COMMENTAIRES
1. Le jeudi 19 août 2010 à 15:14, par hélène
2. Le jeudi 19 août 2010 à 15:41, par aymeric
3. Le jeudi 19 août 2010 à 17:38, par mathieu
4. Le samedi 21 août 2010 à 15:57, par sophie
5. Le samedi 21 août 2010 à 16:56, par aymeric
6. Le samedi 28 août 2010 à 09:20, par manue
7. Le lundi 30 août 2010 à 18:29, par aymeric
8. Le jeudi 2 septembre 2010 à 11:59, par manue
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