La littérature sous caféine


Houellebecq / Sollers et les vieilles putes



J'achève ma relecture intégrale des romans de Houellebecq, et je suis frappé par quelques pages d'une teneur unique dans l'oeuvre du génial auteur : des pages de satire du monde de l'édition, vrais noms à l'appui. Il s'agit notamment de deux scènes dans lesquelles apparaît un Philippe Sollers sautillant et drôle, même si le trait de Houellebecq reste assez cruel. Le premier passage est un chef d'oeuvre comique, comme souvent chez Houellebecq d'ailleurs :

"Dans le train il tenta de se plonger dans Une Curieuse Solitude, renonça assez vite, réussit quand même à lire quelques pages de Femmes - surtout les passages de cul. Ils avaient rendez-vous dans un café de la rue de l'Université. L'éditeur arriva avec dinx minutes de retard, brandissant le fume-cigarettes qui devait faire sa célébrité. "Vous êtes en province ? Mauvais, ça. Il faut venir à Paris, tout de suite. Vous avez du talent." Il annonça à Bruno qu'il allait publier le texte sur Jean-Paul II dans le prochain numéro de L'Infini. Bruno en demeura stupéfait; il ignorait que Sollers était en pleine période "contre-réforme catholique", et multipliant les déclarations enthousiastes en faveur du pape. "Péguy, ça m'éclate ! fit l'éditeur avec élan. Et Sade ! Sade ! Lisez Sade, surtout !...
- Mon texte sur les familles...
- Oui, très bien aussi. Vous êtes réactionnaire, c'est bien. Tous les grands écrivains sont réactionnaires. Balzac, Flaubert, Dostoïevski: que des réactionnaires. Mais il faut baiser, aussi, hein ? Il faut partouzer. C'est important."
Sollers quitta Bruno au bout de cinq minutes, le laissant dans un état de légère ivresse narcissique. Il se calma peu à peu au cours du trajet retour. Philippe Sollers semblait être un écrivain connu; pourtant, la lecture de Femmes le montrait avec évidence, il ne réussissait à tringler que de vieilles putes appartenant aux milieux culturels; les minettes, visiblement, préféraient les chanteurs. Dans ces conditions, à quoi bon publier des poèmes à la con dans une revue merdique
." (Les Particules Elémentaires, p 230)

COMMENTAIRES

1. Le vendredi 2 mars 2007 à 14:46, par marco

Il a l'air un peu triste et fatigué, sur la photo

2. Le vendredi 2 mars 2007 à 19:58, par Malik33

mais il est pas réac, non, Sollers ? ca voudrait donc dire qu'il avoue qu'il n'est pas un grand écrivain ?

3. Le vendredi 2 mars 2007 à 22:01, par Morad

De grande phrase, ni humaine ni extra ni touchante ni choquante a force....pour se faire connaitre et pour que l'on parle de lui. La course à la reconnaissance en tombant dans la pornographie et dans le racisme...Ahhh Houelbec quand tu te tiens....!!!

Morad 20 ans

4. Le vendredi 2 mars 2007 à 22:26, par mister pat

tu as sans doute un peu raison aussi !!

5. Le samedi 3 mars 2007 à 10:32, par franck-olivier L

Bonjour Mister Pat,

il faut lire la riposte de Sollers dans "Ligne de risque" de décembre 2005...ou dans "Une vie divine"...ça vaut son pesant de cacahuètes si j'ose dire ;)

6. Le dimanche 4 mars 2007 à 00:20, par lidell

ah oui ce passage est très réussi !

7. Le dimanche 4 mars 2007 à 14:31, par mister pat

tiens, je n'ai pas repéré ces "ripostes"!... je serais tres curieux de les lire ! Ca m'amuse bcp ce genre de petite querelle, même si ce n'est pas souvent d'un intéret littéraire foudroyant !!

8. Le lundi 5 mars 2007 à 18:24, par franck-olivier L

je vais essayé de te retrouver ça mister Pat...

9. Le lundi 5 mars 2007 à 18:43, par franck-olivier L

Houellebecq a donné un texte inédit à la revue "ligne de risque" "Mourir" il demandait qu'il soit précisé que ce texte "...il s'agit d'une littérature à l'état natif, où je m'impose de publier le texte aussitôt après l'avoir écrit, sans correction ni relecture"

ils (l'équipe de ligne) republièrent à sa suite un texte de Houellebecq de 1998...

s'en suivent deux exégèses, l'une de François Meyronnis et l'autre de Yannick Haenel...Puis "Antipodes" de Sollers...dans lequel il attaque en expliquant que, même si cela n'a, dans sa bouche, rien de négatif, et qu'il ne remet pas un instant en cause la place considérable qu'il faut accorder à M.H, il ne s'en trouve pas moins aux antipodes..."j'écris d'Auckland" écrit-il pour démarrer...et finir par dire qu'avec Houellebecq "la baise moisie a trouvé son poète.."

10. Le lundi 5 mars 2007 à 20:05, par mister pat

Décidément Sollers aime bien le mot "moisi"...
Merci pour ces infos ! On voit souvent Sollers et Houellebecq trinquant ensemble sur des photos... Alors vraie brouille ou polémique montée de toutes pièces ?

11. Le lundi 5 mars 2007 à 21:42, par franck-olivier L

fausse brouille d'hommes, vraie brouille théorique...autant du point de vue de la littérature que du fond...Mais par exemple dans ce même texte Sollers reconnait à Houellebecq, entre autre chose, de permettre à la littérature française de "re-dépasser" la littérature anglo-saxonne...il me semble qu'il dit même qu'à côté de M.H B.E.E n'est rien...sauf que derrière cette ironie, lorsqu'on sait ce que Sollers pense de cette littérature tout comme du devenir de la narration...de l'inutilité de l'histoire au seul profit de l'écriture...bref ;)

12. Le mardi 6 mars 2007 à 07:35, par mister pat

rappelle moi qui est BEE?...
A propos de la narration, je pense que Sollers clame l'inutilité de la narration tout simplement parce qu'il ne s'est jamais placé sur ce créneau... Comme s'il n'avait jamais eu vraiment envie de jouer à ce petit jeu. Au fond c'est un essayiste, un chroniqueur, un animateur de la vie culturelle, meme s'il répète souvent l'inverse

13. Le mardi 6 mars 2007 à 11:03, par franck-olivier L

Bret Easton Ellis...

Pour le reste...hum, certes, dès après son succés "d'une curieuse solitude" il a abandonné cette voie...un véritable choix de combat...basé sur ce pari que ce qui peut prétendre encore à avoir de "l'effet" c'est l'écriture en tant que telle, plus la fiction...comme s'il y avait un impossible après les camps...drôle de boulot abattu en 40 ans de vie littéraire...

14. Le mardi 6 mars 2007 à 11:19, par mister pat

De toutes facons c'était sensible dès Une Curieuse solitude (que j'avoue avoir beaucoup aimé, à l'époque de ma découverte de Sollers): l'histoire se réduisait à rien du tout, et l'auteur enchaînait les paragraphes de belle prose

Il y a quelque chose d'angoissant, je trouve, à se dire que seul compte le style... Le style pur et simple, ca ne veut rien dire, au fond... C'est de la virtuosité pure, et le résultat ne peut pas être fameux (je pense toujours à Aragon quand on parle de virtuosité)

15. Le mardi 6 mars 2007 à 13:47, par franck-olivier L

je suis d'accord, ça a quelque chose d'angoissant...une absence de repère auxquels se raccrocher...ça vient frotter le Réel...mais ça n'est pas sans intérêt.

16. Le mardi 6 mars 2007 à 15:43, par mister at'

oui mais le style pur, c'est une chimère... La pensée s'installe derrière, forcément... L'auteur ne peut pas voiler tres longtemps le fond tres concret de ce qu'il pense, et de ce qu'il pense voir du monde autour de lui...

17. Le mardi 6 mars 2007 à 18:45, par franck-olivier L

Bien sûr, il ne s'agit pas d'un style sans objet, mais de la remise en cause de la structure romanesque...de se passer du cadre de l'histoire en fait...soit que dans la production d'une langue qui lui est propre(sa lalangue) l'écrivain parvient à faire surgir le sens, gratte le Réel, donc produit quelque chose qui ne peut pas être "sans effet"...comme si il n'y avait plus que là que la littérature pourrait prétendre à se mesurer à la barbarie...s'il donne un cadre à son écriture, celui-ci devient secondaire...d'où ce sentiment de n'avoir à faire qu'à de longues digressions...tel est l'angle d'attaque poursuivi par Sollers, Kristeva...tous ceux de "Tel Quel" puis de "l'Infini" et l'étroit rapport entre la lecture et l'écriture...R.millet en fait à nouveau état dans son dernier ouvrage "Place des pensées" sur Maurice Blanchot, éd. Gallimard 2007.

mais il n'y a là rien de fermé, je te dis ça parce que c'est sans doute là que se situe la ligne de fracture entre les écrivains contemporains...deux camps qui se font face sans qu'on en entende toujours quelque chose. Pour moi cette situation ne peut être qu'une richesse... ;)

18. Le mardi 6 mars 2007 à 19:03, par mister pat

Merci pour ce petit cours de littérature !... Effectivement j'ai souvent suivi les débats entre Tel Quel et d'autres groupes, les trouvant à la fois très instructifs, et toujours un peu vains... Je comprends qu'on cherche à dépasser le cadre de la fiction, et qu'on justifie ce dépassement par toutes sortes de théories... Mais dans les faits, je trouve que ça reste bon de consommer de la fiction... Les stylistes purs restent finalement moins convaincants, dans leur art, que bcp d'autres... (Et pourtant, que j'aime les écrivains travaillant leur style ! J'en faisais il n'y a pas si longtemps une lecture quasi exclusive...)

Peut-etre faudrait-il reprendre le terme de prose poétique, pour pas mal de livres, ce qui permettrait de marquer à nouveau la différence avec le roman (dans un sens plus classique du terme)

Quant à Richard Millet, je serais curieux de voir ce qu'il pense de tout ça ! Je vais lire le livre dont tu parles. J'étais précisément en train de lire son "Gout pour les femmes laides", que je trouve excellent...

19. Le mardi 6 mars 2007 à 21:18, par Max

Votre discussion est très intéressante. Il me semble à moi aussi que bien sûr la dualité entre le fond et la forme et une abstraction un peu instable… La forme bien sûr ça reste encore du fond, une sorte de micro-fond, la description des petits détails qui semblent au premier abord non indispensables à la compréhension de la trame générale de l’histoire que raconte le livre. Mais en réalité indispensables pour réellement vivre cette histoire sur un mode qui ne soit pas qu’une plate compréhension intellectuelle dénuée d’épaisseur émotionnelle et surtout poétique. J’aime beaucoup cette expression de "prose poétique" que vous avez employée parce que personnellement c’est souvent cette densité poétique que je recherche dans les romans et que paradoxalement je privilégie aux textes de poésie pure à proprement parler.
Le cas Houellebecq est assez intéressant quand on aborde ce sujet, parce que j’ai l’impression que chez lui il y a une sorte d’inversion qui fait que fond le plus explicite (a contrario avec le micro-fond dont je parlais plus haut) joue un peu le rôle attribué d’habitude à la forme. Mais je ne sais pas si je suis très clair, même pour moi :-)

20. Le mardi 6 mars 2007 à 21:45, par mister pat

L'idée est séduisante (les théories de Houellebecq jouant le role d'une sorte de petite musique de fond, si je ne m'abuse, comme si l'auteur ne les plaçait là que pour enjoliver ?)

21. Le mardi 6 mars 2007 à 23:16, par franck-olivier L

mais tu vois...je ne suis pas certain justement qu'il s'agisse d'une question de travail...j'opposerai volontier la technique stylistique (et tout le travail qu'elle peut suggérer) et cette histoire de "lalangue" pour reprendre cette formule de Lacan qui devient l'outil, dans l'écriture, pour se confronter à ce Réel qui est, par définiton, "l'exclu du sens"...Dès lors l'écrivain, qu'un nom propre désigne, se retrouve moins la cause que "l'effet" de son oeuvre...

22. Le mercredi 7 mars 2007 à 00:20, par Max

Mister Pat> Oui c’est ça. Sauf que peut-être Houellebecq ne les place quand même pas exclusivement "que" dans ce but.

FOL> tu es vraiment balèze en théorie littéraire. Si j’ai bien compris ton dernier com, je crois que je suis tout à fait d’accord avec toi. Il me semble qu’une approche trop technicienne, trop retravaillée de l’écriture peut mener à la négation de ce qui fait l’essence de l’acte créatif à proprement parler. En gros, si on n’écrit plus du tout avec ses tripes et en usant d’une certaine spontanéité (l’effet/l’inspiration remplaçant la cause/le travail), alors peut-être qu’on fini par ne plus écrire du tout (mais juste assembler des mots avec une certaine logique).
En même temps il y a toujours eu des écrivains qui retravaillaient beaucoup leur texte (genre Flaubert).
Si tu pouvais nous en dire un peu plus sur la signification de cette "lalangue" lacanienne ça serait vraiment au poil :-)

23. Le mercredi 7 mars 2007 à 10:27, par Mister pat'

FOL : Ce qui me fait toujours sourire chez ceux qui critiquent la figure du "Grandécrivain", comme ils disent (cad celui qui se fait bcp d'illusions sur son propre travail et n'est pas conscient, justement, d'être davantage un effet de son oeuvre que sa cause) c'est qu'ils se considèrent eux memes comme des hommes de grand talent... Tout ceci devrait inciter à beaucoup de modestie, n'est ce pas ?

24. Le mercredi 7 mars 2007 à 18:03, par Max

Mister Pat> C’est vrai, mais en même temps j’ai l’impression que les choses sont encore plus complexes.
La notion de travail appliquée à l’écriture est plutôt ambiguë. Un bon écrivain n’est quand même pas seulement l’effet de son œuvre et du processus de l’inspiration. Il y a aussi un travail réel de sa part, ne serait-ce que pour atteindre cet effacement, ce fameux "je est un autre" qui ouvrirait les vannes de l’inspiration.
Sauf que ce travail ne l’est pas au sens technicien du terme. J’ai l’impression que l’écriture ou la création en général sont vraiment le lieu de toutes les ambiguïtés parce que ce qui s’exprime n’est pas la logique rationnelle et technicienne du conscient, mais c’est quand même une forme de pensée logique semi inconsciente qui a ses propres règles très paradoxales ( et pas seulement un geyser émotionnel brut). Les contradictions n’en sont plus.
Du coup écrire ce serait travailler sans vraiment travailler et penser sans vraiment penser.
Ca pose même le problème insoluble du libre-arbitre (parce que la notion de "cause", tellement familière, est elle aussi très obscure).
Je viens d’écrire se com, mais je me demande si je l’ai vraiment écrit :-))))
( faut peut-être que j’arrête la drogue moi)
Qu’en pensez-vous ?

25. Le jeudi 8 mars 2007 à 01:05, par franck-olivier L

mister Pat...oui, beaucoup...c'est la position de Millet du reste...beaucoup d'humilité et de travail et non (pour rebondir sur le commentaire de Max) techniciste mais d'écriture...

Max: la "lalangue" lacanienne c'est cette idée que de l'équivoque du langage on ne sort jamais, mais aussi que les "mots y manquent" ne serait-ce que pour saisir "l'insaisissable du Réel" et que pour y parvenir il faut "forcer" la langue pour en faire surgir du sens...ce qui induit que cette lalangue est tout sauf synonyme de belle langue...ou que les grands écrivians ne sont pas toujours ceux qui font preuve de la plus grande maitrise stylistique...qu'il n'est pas question d'écrire bien...l'écrivain invente sa propre langue...Joyce par exemple...

26. Le jeudi 8 mars 2007 à 12:06, par mister pat

la position de Millet me va tres bien !!

Concernant "Lalangue", je comprends parfaitement l'idée... Je la trouve séduisante, effectivement... N'empeche que je conçois mal que ce "forçage" de la langue (pour lui faire dire plus que ce qu'elle ne dit) puisse être pratiqué tout au long d'un livre... Peut etre faut-il concevoir qu'il existe des acmées, des points d"échauffement maximum pendant lesquels se produit un tel surgissement du sens...
D'ailleurs je ressens bcp ca dans l'écriture: il y a des instants où la plume s'emballe, ou qu'elle bute... En tout cas l'auteur atteint un état second qui lui fait écrire le meilleur, ou le pire, dont il soit capable

27. Le jeudi 8 mars 2007 à 12:54, par franck-olivier L

oui, à moi aussi...c'est tellement loin de ce que l'on voit ou entend ces dernières années...il faut que je chronique son dernier livre sur Stricto...

c'est un vrai questionnement pour moi aussi...tout un livre est-ce possible, jouable...lisible ? et puis surtout, existe-t-il une place pour un tel travail aujourd'hui où l'on se situe franchement aux antipodes...? il y a de la désepérance à la louche d'ailleurs dans le dernier Millet...autant dans "Harcèlement littéraire" il y avait une pointe de lame affutée pour le combat, autant là...

28. Le jeudi 8 mars 2007 à 19:51, par Max

FOL> Merci pour cette explication. L’expression "forcer la langue" sous entend d’ailleurs bien un travail (non technicien) une volonté, de la part de l’écrivain.
Le paradoxe il me semble (apparent en tout cas) c’est que si la langue usuelle est impuissante à embrasser au plus près le réel ("l’exclus du sens" comme vous l’avez dit), mais que par une alchimie particulière on parvient par des distorsions à lui faire accoucher d’un sens plus près de la réalité cela sous-entend que tout dans ce réel, ou presque, a quand même du sens. Que cet "insaisissable" possède quand même une certaine porosité.
Ce surplus ou cet inédit du sens auquel parvient un bon écrivain quand il invente sa propre langue (Proust disait que les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère) donne à penser qu’il y aurait une sorte d’inconscient de la langue usuelle. Ou de sur-conscient peut-être puisqu’elle permet d’embrasser le réel de plus près.
Cette façon de voir le processus de l’écriture lui redonne aussi un sens fortement philosophique il me semble.

Merci pour cette discussion passionnante. Vous m’avez tous les deux sacrément donné envie de lire le bouquin de Millet !!

29. Le vendredi 9 mars 2007 à 15:44, par franck-olivier L

c'est tout à fait ça...cet insaisissable à du sens, il est la structure voilée, là où se loge leDésir, la mort et le roc de la castration...et effectivement, ne parviennent à l'effleurer que quelques uns (la phrase de Proust illustre également parfaitement cette idée) et cette quête du "forçage" de la langue touche aussi les penseurs...ainsi Lacan paraît-il inabordable tant sa langue est obscur, autant son travail aura permis des dévoilement à nul autre pareil...d'ailleurs Lacan regrettait de ne "pas écrire bien" justement...

30. Le vendredi 9 mars 2007 à 16:15, par mister pat

Je suis ravi d'apprendre que Lacan déplorait son propre style ! J'étais persuadé jusqu'à maintenant que ses phrases lourdaudes trahissaient purement et simplement la prétention... Quel bonheur j''aurais eu à le lire s'il avait eu le style lumineux de Freud !!

31. Le samedi 10 mars 2007 à 17:15, par franck-olivier L

C'est sûr!! mais il y a un piège que j'ai appris à mes dépends...Freud semble limpide et Lacan presque impossible, mais n'est pas le plus complexe celui qu'on croit...enfin...pour ce que j'en sais...

Tu sais, Lacan et Sollers ont toujours entretenu une relation étrange d'admiration/jalousie, Lacan jalousant le style de Sollers et Sollers peut-être, de ne pas être un penseur de cet acabit...(cf Lacan même, Navarin éd 2005)

32. Le samedi 10 mars 2007 à 22:48, par Max

Mais peut-on aller jusqu’à condenser et réduire le désir lui-même à une structure ? Un sens ? Ce sens ne peut pas être vraiment celui de la logique. Du concept. Ou alors il le serait par une sorte d’analogie ? (on est presque sur le terrain glissant de l’ésotérisme) En tant que mouvement vers un but comme le sens est toujours mouvement de la pensée d’un concept vers un autre concept ?
Dans ce cas l’écriture ce serait une sorte de "mise en boîte" de ce mouvement permanent qui évoque l’essence dynamique du réel et de la vie en général ?
Les mots réinventés de l’écrivain de talent par leur caractère innovant, inédit, permettraient de conserver ce facteur dynamique et vivant dans ce qui a priori semble fixé sur le papier pour le restituer fidèlement et indéfiniment à tout lecteur ? (Ca me fait penser à l’éternel retour de Nietzsche, un mouvement dans la fixité).
D’où aussi l’importances des rythmes, des cassures. La petite musique des mots.
C’est vrai que certains penseurs comme Nietzsche (l’écrivain philosophe) ou Gilles Deleuze (Le philosophe littéraire) ont tenté d’emprunter à fois la voie de la spéculation intellectuelle et celle de l’expression littéraire en les mêlant.
Le voie du pur penseur me paraît beaucoup plus difficile. L’excès d’analyse théorique peut sans doute parfois devenir un frein (sic).

33. Le lundi 12 mars 2007 à 12:26, par mister pat

j'aime bien cette idée de mouvement permanent que l''écrivain traduirait à sa manière par la "progression" de sa langue, ses ruptures, son évolution...

Quant à l'alliance de la philo et de la "belle langue", je la trouve séduisante mais je m'en méfie un peu. Les philosophes qui écrivent trop bien (je pense à derrida capable d'ecrire des pages à la fois somptueusement belles et parfaitement obscures), j'ai tendance à les considérer comme des poètes. De plus en plus j'apprécie les auteurs limpides : ceux qui se permettent de bien écrire, mais qui ont la politesse de se faire comprendre. Les autres, j'ai peur que cela cahe une forme d'imposture

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