La littérature sous caféine


Quelque chose en elle de Tennessee

Sagan, toujours. Le très beau récit qu’elle fait de sa rencontre avec Tennessee Williams (alcool, amitiés tragiques, tendresse…) me surprend quelque peu par son parfum de malédiction. Les écrivains de talent seraient-ils condamnés à la solitude – et à la tristesse ? Je n’ai pas ce type de superstition, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir froid dans le dos à l’idée d’une certaine fatalité pesant sur les hommes d’exception, ceux qui prennent le risque de bousculer leur époque. Cette vision du monde est à la fois très romanesque et très noire

« J’ignore comme tu es mort, mon pauvre poète. J’ignore quels déboires on t’a infligé à New York, avant ou après, ou depuis, et si tu en vins à souhaiter cette mort bizarre, au petit matin, dans ta maison ouverte, ou si tu la provoquas, ou si tu pensais tranquillement passer quelques jours dans cette maison de Floride, peut-être hypothéquée, avec ta mer, ta plage, ta nuit noire, tes amis, ton papier – le drame de ce papier blanc -, ta chambre – cette chambre où tu t’installais l’après-midi, avec ou sans bouteille, et dont tu sortais après, mince, jeune, délivré, triomphant, poète quoi. Je te regrette, poète. Et je crains que ce regret ne dure encore bien longtemps. » (Avec mon meilleur souvenir, p58)

COMMENTAIRES

1. Le jeudi 15 février 2007 à 14:23, par lila

Comme il est savoureux et divertissant de lire ces billets "Litt. française contemporaine".
Une ouverture et une découverte empreinte de beaucoup de sensibilité presque à chaque fois. Merci et à suivre !
(Cela change des billets sur les élections même si c'est actuel et important. D'ailleurs Ségo ne dévoile t-elle pas aujourd'hui son programme pour l'éducation ?)

2. Le jeudi 15 février 2007 à 19:31, par Mister pat

Tiens, je ne savais pas ! Ca va m'interesser, je vais aller voir ca de plus près...

Concernant la politique, j'arrete sur ce blog de faire ne serait-ce que des clins d'oeil à telle ou telle opinion... Les gens s'énervent vite, et j'ai eu récemment quelques déboires avec des gens qui m'en ont voulu à mort parce que j'osais émettre quelques réserves sur l'apologie de la violence...
Je ne ferai donc plus que de courts billets sur mes lectures du jour ! C'est un plaisir pour moi, et merci pour ce gentil commentaire !

3. Le vendredi 16 février 2007 à 12:36, par cassiopée

Je crois que j'ai vu une étude dans le passé qui montrait que le monde des artistes recélait plus de personnes avec des problèmes psychiques. Est-ce que c'est certains types de personnes qui vont se diriger vers la création ou est-ce que c'est la création qui est destructrice (tendance à abuser de certaines substances), difficile à dire.

4. Le samedi 17 février 2007 à 09:36, par mister pat'

J'aurais tendance à dire que les artistes exhibent leurs problemes, leurs difficultés à vivre, tout simplement parce que cette exploration de leur vie intérieure est leur fond de commerce. Mais je ne suis pas sûr qu'ils soient au fond plus torturé ou plus malheureux que les autres... Ils en parlent, eux, tout simplement...

5. Le samedi 17 février 2007 à 10:44, par manue

à la vieille question:
"qu'est ce qui vient d'abord? le poulet ou l'oeuf?"

réponse, à lire la tête à l'envers:
d'un point de vue de l'univers, c'est le poulet ayant l'oeuf.

je pense qu'il y a des constitutions différentes pour chaque chose. nous ne sommes pas tous fait pour être macons, boulangers, écrivains, polticiens, voyageur ou peintre. et heureusement d'ailleurs. ce serait si ennuyeux.
le tout étant de choisir sa constitution personelle, et de la suivre. pour ceux qui croient aux choix en tout cas, pour les autres, il faut se creer cette constitution...

6. Le samedi 17 février 2007 à 10:45, par manue

ps: je ne savais pas du tout que Sagan avait connus T Williams.
merci pour l'info, cela mérite des recherches personelles:)

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