jeudi 15 février 2007
Quelque chose en elle de Tennessee
Par admin, jeudi 15 février 2007 à 12:38 :: Littérature française
Sagan, toujours. Le très beau récit qu’elle fait de sa rencontre avec Tennessee Williams (alcool, amitiés tragiques, tendresse…) me surprend quelque peu par son parfum de malédiction. Les écrivains de talent seraient-ils condamnés à la solitude – et à la tristesse ? Je n’ai pas ce type de superstition, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir froid dans le dos à l’idée d’une certaine fatalité pesant sur les hommes d’exception, ceux qui prennent le risque de bousculer leur époque. Cette vision du monde est à la fois très romanesque et très noire…
« J’ignore comme tu es mort, mon pauvre poète. J’ignore quels déboires on t’a infligé à New York, avant ou après, ou depuis, et si tu en vins à souhaiter cette mort bizarre, au petit matin, dans ta maison ouverte, ou si tu la provoquas, ou si tu pensais tranquillement passer quelques jours dans cette maison de Floride, peut-être hypothéquée, avec ta mer, ta plage, ta nuit noire, tes amis, ton papier – le drame de ce papier blanc -, ta chambre – cette chambre où tu t’installais l’après-midi, avec ou sans bouteille, et dont tu sortais après, mince, jeune, délivré, triomphant, poète quoi. Je te regrette, poète. Et je crains que ce regret ne dure encore bien longtemps. » (Avec mon meilleur souvenir, p58) |