La littérature sous caféine


Sacré Michel

En ce moment je relis Houellebecq. Je me rappelle avoir été très surpris, il y a dix ans, par le qualificatif de « livre culte » dont la presse affublait Extension du domaine de la lutte. J’avais trouvé le roman terne et triste. Aujourd’hui je comprends mieux : je le redécouvre drôle, mordant, cynique, acéré, bien écrit, audacieux, précis…

Prenez par exemple cette charge contre la psychanalyse, rageuse à souhait – je ne partage pas ce point de vue, mais sa noirceur m'amuse :

« Il n’y a rien à tirer des femmes en analyse. Une femme tombée entre les mains des psychanalystes devient définitivement impropre à tout usage, je l’ai maintes fois constaté. Ce phénomène ne doit pas être considéré comme un effet secondaire de la psychanalyse, mais bel et bien comme son but principal. Sous couvert de reconstruction du moi, les psychanalystes procèdent en réalité à une scandaleuse destruction de l’être humain. Innocence, générosité, pureté… tout cela est rapidement broyé entre leurs mains grossières. Les psychanalystes, grassement rémunérés, prétentieux et stupides, anéantissent définitivement chez leurs soi-disant patientes toute attitude à l’amour, aussi mental que physique ; ils se comportent en fait en véritables ennemis de l’humanité. » (p103)

COMMENTAIRES

1. Le mardi 13 février 2007 à 13:50, par marco

prétentieux les psychanalystes, ça je veux bien le croire

2. Le mardi 13 février 2007 à 13:50, par Lila

Intéressant ! A force de d'autopsier ses pulsions et états d'âme, il est vrai que l'on peut s'éloigner du désir et notamment du désir sexuel. L'essentiel avec la psychanalyse, c' est de savoir s'arrêter à temps et ne pas en faire le moteur de sa vie. Je ne suis pas fan de Houellebecq mais là, je pourrais plutôt d'accord avec lui, même si c'est un peu radical. Et les hommes en psychanalyse, rien en tirer non plus ? (cela me laisse songeuse...)

3. Le mardi 13 février 2007 à 18:43, par mister pat

En fait Houellebecq parle d'un processus un peu différent: il explique au contraire (dans un passage tout aussi drôle) que la psychanalyse, en libérant le désir chez la femme et tous ses instincts d'égoisme, en fait un etre qui devient incapable d'amour. Un etre impitoyable avec les hommes, et qui s'autodétruit à force de repli sur les envies les plus immédiates... (Au passage, il adresse quelques piques à Lacan...)

4. Le mardi 13 février 2007 à 18:43, par Mister pat'

D'ailleurs, comme tu le dis, je ne vois pas pourquoi ce serait différent chez les hommes...

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