Le Prix Nobel colombien se livre à la réécriture d'un classique d'un autre prix Nobel, japonais cette fois : Les Belles Endormies, de Kawabata. Meme histoire d'un vieil homme qui paye pour passer la nuit avec une jeune et jolie vierge. Mais le charme nippon en moins, l'énergie burlesque en plus.

On pense aussi, immanquablement, à La bête qui meurt, de Philipp Roth, sur les amours juvéniles d'un professeur vieillissant.

Notre cher Marquez me paraît cependant le grand perdant de ce duel à trois : son texte est enlevé, certes, plein de verve, mais il n'a ni l'énergie primaire et dramatique de celui de Roth, ni l'émotion grave de celui de Kawabata. On a du mal à croire aux élans d'amour tardifs de ce vieillard libertin. Ce court roman s'achève sur des gesticulations rappellant le baroque des premières oeuvres, baroque dont Marquez tentait pourtant de s'affranchir...

Extrait : "L'année de mes quatre-vingt-dix ans, j'ai voulu m'offrir une folle nuit d'amour avec une adolescente vierge. Je me suis souvenu de Rosa Cabarcas, la patronne d'une maison close qui avait pour habitude de prévenir ses bons clients lorsqu'elle avait une nouveauté disponible. Je n'avais jamais succombé à une telle invitation ni à aucune de ses nombreuses tentations obscènes, mais elle ne croyait pas à la pureté de mes principes." (p9)