Pour ma toute première comédie musicale, découverte du Festival Off d'Avignon au théâtre La Luna, c’est assez cocasse que je tombe sur le thème des maisons closes avec "Belles de nuit", écrit et mis en scène par Jonathan Kerr. Ayant travaillé le thème de la prostitution pour l’écriture de "La Viveuse", je sais combien certaines lois prétendant défendre les femmes en luttant contre la prostitution se révèlent en fait des armes contre les prostituées elles-mêmes. Sous leur prétendue moralité, elles cachent mal un certain ressentiment bourgeois. C’est sans doute le cas de la loi Marthe Robert, dénoncée par cette pièce pour avoir jeté sur les trottoirs un nombre important de prostituées en ordonnant la fermeture des maisons closes, au lendemain de la IIème Guerre mondiale. Quoi qu’il en soit, il est assez culotté d’en faire un sujet de comédie musicale, le tout très enlevé, très rythmé, intelligemment mené, avec des acteurs parfaits (dont Alyzée Lalande) pour jouer les souteneurs ou les cocottes – au point, entendrai-je dans les rangs de certains spectateurs, de susciter une étrange ambiguïté : « on se sent un peu voyeur à regarder ces actrices-là… »