La littérature sous caféine


Les points de rupture

A quelle profondeur ausculter la folie ? Les romanciers ont toujours maille à partir avec les dilemmes, mais ils choisissent des sujets plus ou moins douloureux, des points de bascule plus ou moins radicaux. Dans une majorité de mes romans, j’ai mis en scène la violence. Dans le dernier en date, La Viveuse, je braque mon attention vers les physiques blessés et la figure controversée de la prostituée. Immanquablement, je m’attire des réactions du type : « Mais pourquoi donc écrire là-dessus ? », à quoi je réponds : « Pourquoi pas ? », suivi de : « C’est le rôle de la littérature, après tout, de s’intéresser à ce qu’on ignore habituellement. »

Parfois, je croise d’autres romanciers qui font ce pari du thème radical traité de manière classique, c’est-à-dire avec une prose limpide et sage, et je pense par exemple à Sophie de Baere dont le dernier roman, « Les ailes collées » (JC Lattès, 2022), représente une étonnante réussite. On croit entrer dans un univers policé de sentiments romantiques et d’intrigues familiales, on tombe bientôt dans une redoutable histoire de sexualités cachées, de harcèlement et de meurtre, le tout servi par un style sonore et maîtrisé. Peut-être faut-il de la mesure et même une forme de délicatesse pour approcher les points de rupture les plus fous ?


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