La littérature sous caféine


Y aurait-il une école Houellebecq ?

Si l’on devait retenir une seule dimension novatrice de l’œuvre Houellebecq (à part la fréquence des mots « bite », « chatte » et « pénible »), ce serait l’importance des digressions d’ordre sociologique, et leur caractère provoquant – une certaine nonchalance dans la manière d’asséner des propos dérangeants. Parmi les épigones, un nouveau venu me paraît être Tom Connan. Dans « Radical » (Albin Michel, 2020), il avait eu le culot de dépeindre des amours homosexuelles en milieu fasciste – le thème existe, et je pense notamment à Mishima, mais on sait combien la critique est frileuse en France et s’effraye parfois de fausses provocations. Il récidive dans « Pollution » (Albin Michel, 2022), avec un thème moins frontal (celui du « woofing », ou l’accueil d’urbains en milieu rural) mais en proposant de longues considérations, bien senties, sur de multiples aspects peu ragoûtants de notre époque : le sentiment de vacuité, la désespérante ubérisation, la bureaucratisation de la vie quotidienne, l’appauvrissement généralisé, le tout avec de petites pointes de sensations fortes comme le récit d’un viol masculin ! Disons que la littérature française trouve peut-être, avec ce genre de roman, un certain équilibre entre l’autofiction, jugée nombriliste, et l’évocation trop impersonnelle du monde extérieur.


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