Il y a des écrivains qui vous obligent à chercher le sens des mots, sous peine de manquer une dimension essentielle de leur œuvre. J’ai souvent noté sur la page de garde des romans de Colette certains termes dont je me promettais de chercher le sens, et que je me jurais même d’apprendre. Avec « La dernière harde » de Maurice Genevoix, merveilleux roman sur le monde des cervidés (sans doute, ce sont les horreurs de la guerre qui ont inspiré à l’auteur cette passion pour le monde animal), je découvre tellement de mots que j’ai décidé d’inaugurer avec eux un carnet, sobrement titré « Vocabulaire précis ». Je compte bien faire de ce carnet l’outil d’une progression vers une connaissance plus ample de la langue – un peu comme s’il s’agissait d’apprendre une langue nouvelle, toute bardée d’exotisme. Plaisir de spécialiste, plaisir de lecteur, plaisir d’amateur de littérature plaçant une partie de sa délectation non plus seulement dans les qualités du livre mais dans les progrès qu’il lui permet d’effectuer en termes d’érudition.