La littérature sous caféine


Trois fois en cent ans

Trois fois en cent ans Emotion des cérémonies du 11 novembre à Epernay, au cœur d’une région (la Marne, la Champagne) singulièrement meurtrie par la guerre. L’habitat s’en ressent toujours avec ces villages que l’on a souvent trop vite et mal reconstruits. Cela n’empêche pas un petit garçon de dire à son père, ému par le passage des soldats et des canons : « Quand je serai grand je voudrai travailler dans les militaires ! ‒ Nous verrons ça, mon fils, nous verrons ça… »

Moi, je pense à cette page de Camus qui m’avait frappée dans Combat, le 1er juillet 45 : « Nos départements de l’est n’ont rien qui puisse réjouir un cœur d’homme. En temps de paix, j’y serais déjà mal à l’aise, ayant plus de goût pour les pays de lumière. Pour tout dire, j’y respirerais mal. Mais au milieu de ces décombres et de ces terres ingrates défoncées par la guerre, jalonnées de cimetières militaires sous un ciel avare, un sentiment puissant et consterné emplit par surcroît le voyageur. C’est ici la terre des morts en effet. Et de quels morts ! Trois fois en cent ans des millions d’hommes sont venus engraisser de leurs corps mutilés ce même sol toujours trop sec. Ils ont tous été tués à cette même place, et chaque fois pour des conquêtes si fragiles qu’auprès d’elles ces morts paraissent démesurés. »

Heureusement, certains uniformes avaient des galons rutilants et les bouteilles de blanc de blanc nous attendaient au frais.


COMMENTAIRES

Aucun commentaire pour le moment.

Ajouter un commentaire

Les commentaires pour ce billet sont fermés.