La littérature sous caféine


N'oubliez pas de vous pencher sur les petits livres

Piochant dans ma bibliothèque quelques petits livres que j’avais eu la flemme de lire vraiment car je les soupçonnais d’être insignifiants et bien décidé à les jeter, je suis tombé sur un volume qui m’a littéralement happé, me donnant le sentiment de découvrir un auteur à la force évidente et manifestement sous-estimé – y compris par moi-même : Christian Garcin, dont « Du bruit dans les arbres » (Gallimard, 2002) m’a fait l’effet d’une petite fiction redoutable, joliment écrite et surtout d’une noirceur enchanteresse, le même genre de noirceur que celle de Thomas Bernhard, à vrai dire : une noirceur bougonne, pas vraiment méchante mais incisive.

« Et l’autre, qui croit que je l’ai oublié sans doute. Mais il se trompe, c’est lui qui m’a oubli, conditionné par ce que l’on a pu dire sur cette histoire entre sa mère et moi, une histoire on ne peut plus banale mais que certains ont gonflé jusqu’à la faire exploser en bulles de gaz empoisonné, n’hésitant pas à travestir odieusement les faits, m’accablant sans vergogne simplement parce que j’étais moi, et le père défunt un sous-secrétaire d’Etat à je ne sais quoi, une personnalité corrompue jusqu’à la moelle comme toute cette engeance politique, mais un homme poli, aimable, onctueux, qui présentait très bien, quelqu’un d’extrêmement bien vu par ceux qui nous gouvernaient, nous gouvernent et nous gouverneront, car ils sont interchangeables. » (Folio, page 27)


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