La prostitution revendiquée (Marie L. Barret, Ephémère, vénale et légère)
Par admin, lundi 25 janvier 2016 à 18:29 :: Littérature française :: #816 :: rss
Dommage que la presse – et plus particulièrement la presse féminine – ne se soit pas emparée du beau livre de Marie L. Barré, "Ephémère, vénale et légère" (Plein jour, 2015) .Sans doute parce que le propos de la prostituée qui prend du plaisir à son métier, du moins le considère comme une activité comme un autre avec ses joies, ses servitudes, passe difficilement à une époque où l’on considère la prostitution comme une une activité dégradante – ce qui reste vrai la plupart du temps mais peut malgré tout donner lieu à des destins singuliers quand il sont assumés, et même recherchés.
C’est du moins la conclusion que semble tirer l’auteur, qui se prostitue depuis de longues années dans son pavillon de zone périurbaine. Elle y dresse un certain nombre de clients réguliers – certains auraient d’ailleurs pu figurer dans mon livre "Les Vies enchantées" – et cela donne une série de textes saisissants, parfois pathétiques, souvent émouvants, toujours criants de vérité.
Ces deux paragraphes proches de la fin résument bien la tension à l’œuvre dans l’ensemble du livre :
"(...)Des mains brusques qui triturent mes seins, un menton rugueux qui râpe avec insistance mon bas-ventre, une forte odeur de sueur qui goutte sur moi, ce n'est pas si difficile. Une goutte de sueur n'est rien de plus qu'une goutte de sueur, je m'essuierai, je me laverai, je l'oublierai. Même dans la brutalité d'un geste, il n'y a pas de méchanceté, juste de la maladresse ou de l'ignorance. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas si difficile. Le plus difficile, c'est d'entendre une vie qui se confie: Jacques et les cancers qu'il a pu enrayer, René dont le fils s'est suicidé, Michel et son garçon qu'il n'a pas revu depuis le départ de sa femme pour une destination inconnue, Simon et sa fille anorexique en phase terminale (...)"
C’est du moins la conclusion que semble tirer l’auteur, qui se prostitue depuis de longues années dans son pavillon de zone périurbaine. Elle y dresse un certain nombre de clients réguliers – certains auraient d’ailleurs pu figurer dans mon livre "Les Vies enchantées" – et cela donne une série de textes saisissants, parfois pathétiques, souvent émouvants, toujours criants de vérité.
Ces deux paragraphes proches de la fin résument bien la tension à l’œuvre dans l’ensemble du livre :
"(...)Des mains brusques qui triturent mes seins, un menton rugueux qui râpe avec insistance mon bas-ventre, une forte odeur de sueur qui goutte sur moi, ce n'est pas si difficile. Une goutte de sueur n'est rien de plus qu'une goutte de sueur, je m'essuierai, je me laverai, je l'oublierai. Même dans la brutalité d'un geste, il n'y a pas de méchanceté, juste de la maladresse ou de l'ignorance. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas si difficile. Le plus difficile, c'est d'entendre une vie qui se confie: Jacques et les cancers qu'il a pu enrayer, René dont le fils s'est suicidé, Michel et son garçon qu'il n'a pas revu depuis le départ de sa femme pour une destination inconnue, Simon et sa fille anorexique en phase terminale (...)"
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