lundi 22 octobre 2007
Mascarade du Bac ? (Jean-Robert Pitte: Stop à l'arnaque du Bac)
Par admin, lundi 22 octobre 2007 à 10:19 :: Essais / Philo / Témoignages
Interview dans VSD de Jean-Robert Pitte, à propos de son livre Stop à l’arnaque du bac, chez Oh ! éditions. L’auteur, président de la Sorbonne depuis 2003, et présenté comme « issu d’une famille modeste », n’y va pas de main morte :
« Ce sont les universités qui paient les pots cassés de cette mascarade. Et je ne trouve pas d’autre mot pour qualifier le baccalauréat depuis les années 90. (…) La plupart des bacheliers s’inscrivent dans les universités littéraires ou juridiques croyant que ce sera facile et ils échouent dans des proportions dramatiques : 72% de taux d’échec en première année ici, à la Sorbonne. Nos amphithéâtres sont emplis de toujours plus de bacheliers incapables de s’adapter au travail intellectuel qui est exigé. »
« On veut assurer la réussite d’un maximum de candidats, alors on donne le baccalauréat comme une sorte de consolation à des jeunes. Le pire, c’est qu’on n’ose pas leur dire qu’ils n’ont pas leur place dans l’enseignement supérieur. »
« Le mécanisme qui permet par magie d’offrir le bac à des élèves qui ne le méritent pas a été clairement démontré : des correcteurs reconnaissent avoir mis des 15 sur 20 selon des barèmes avantageux à des élèves qui n’avaient pas plus de 8,5 de moyenne sur leur livret. »
En général, je tempère ce genre de propos alarmistes (parfois tenu en salle des profs, l’essentiel des collègues ayant quelque expérience constatant une baisse assez spectaculaire du niveau moyen des élèves depuis 20 ans) en considérant qu’il y a eu « massification » de l’enseignement en lycée, comme on a l’habitude de dire, et qu’une part beaucoup plus importante d’élèves accédant au bac, il est naturel que le niveau général baisse quelque peu.
Il m’arrive même de penser que le niveau général des adolescents est plus élevé aujourd’hui qu’il y a trente ans, puisqu’à cette époque un grand nombre d’entre eux n’entraient même pas au lycée.
J’avoue que je n’arrive pas à me faire une idée. Deux anecdotes cependant :
Un inspecteur s’adressant à des professeurs du 93 qui s’apprêtaient à corriger le brevet des collèges, cette année : « Le brevet est un brevet social. Il faut que tout le monde l’ait. »
Un prof, en réunion préparatoire pour la correction du bac de Français, dans un lycée technique de Paris, en juin dernier : « Notez bas, notez bas ! De toutes façons si les élèves ont 8 en Français ils auront tous 19 en sport, alors vous imaginez qu’ils s’en foutent bien… »